Alors le Bénin a multiplié ces dernières années les réformes économiques pour améliorer son environnement des affaires, la France doit profiter de ce nouveau cadre, soutient le député français Patrice Anato.
Malgré la crise économique provoquée par le Covid-19, les économies des pays d’Afrique de l’Ouest ont fait preuve d’une résilience qui est aussi due, en partie, aux politiques publiques des gouvernements de certains pays.
Alors que les échanges commerciaux entre la France et la zone UEMOA frôlent une croissance à deux chiffres (+9,4 % en 2019 à 4,5 milliards d’euros), la Côte d’Ivoire et le Sénégal en concentrent traditionnellement les deux tiers et drainent l’essentiel des IDE de la France en Afrique de l’Ouest.
Et pourtant, d’autres pays de la sous-région connaissent une évolution qui méritent qu’on s’y arrête, à l’instar du Bénin, qui a su mener des réformes économiques d’envergure et améliorer drastiquement son environnement des affaires.
Des indicateurs au vert
De fait, quatre ans après le lancement de la stratégie nationale de développement « Bénin révélé », tous les indicateurs sont au vert. Grâce à des réformes véritablement enclenchées en 2018, plaçant le secteur privé au cœur de la transformation structurelle de l’économie, le pays affiche cette année la plus forte croissance des pays de l’Uemoa, et ce malgré la fermeture de sa frontière avec le Nigeria en octobre 2019 (+ 6,9 % contre seulement 1,8 % en 2015) et se hisse en douzième position au niveau subsaharien, d’après le FMI.
Signe de sa performance, le Bénin s’est vu décerner la mention très bien – la plus haute dans l’échelle de notation du FMI – pour la qualité de la gestion de ses finances publiques à l’occasion de chacune de ses revues depuis 2017. En 2019, le pays a aussi été classé premier en matière de transparence budgétaire par le FMI et l’Union européenne et parmi les quatre économies africaines les plus dynamiques.
Des performances à mettre à l’actif de l’assainissement des finances publiques (rationalisation des dépenses de fonctionnement, conduite d’une politique budgétaire axée sur l’investissement public, numérisation des procédures…) et de son corollaire, l’amélioration de l’environnement des affaires.
Multiplication des initiatives en faveur des entreprises
Sur ce volet aussi, le Bénin a multiplié les initiatives fortes pour alléger les démarches administratives, en réduisant significativement le délai de délivrance du permis de construire ainsi que celui du certificat de conformité et d’habitabilité, et en permettant la dématérialisation des processus de transfert de propriété, notamment.
Aujourd’hui, le Bénin est reconnu par la Cnuced comme le pays le plus rapide au monde en matière de création d’entreprise. Une même démarche de simplification a été appliquée à la fiscalité, avec la facilitation du paiement des impôts (démarches en ligne, exonération des micros et petites entreprises du paiement de la taxe professionnelle, suppression de nombreux impôts dans la Loi de finances 2020, dématérialisation des documents fiscaux etc.).
Misant sur les PPP et sur le secteur privé pour financer 61 % de son plan d’action gouvernemental, le gouvernement a également multiplié les initiatives pour améliorer la gouvernance économique : mise en place d’un guichet unique pour l’enregistrement des entreprises, modernisation des dispositions relatives aux marchés publics, révision des prix de cession du domaine privé de l’État, création de ZES avec des avantages pour les investisseurs, création d’un cadre réglementaire unifié pour les PPP, incitations fiscales pour soutenir les entreprises privées…
Une carte à jouer pour la France
Si les objectifs du plan « Bénin révélé » sont ambitieux (relancer de manière durable le développement économique et social, doubler le taux d’investissements grâce aux PPP, réaliser au moins 6% de croissance et créer environ 500 000 emplois directs), les résultats sont là, comme l’a rappelé Patrice Talon à l’issue de sa tournée nationale, le 12 décembre 2020 à Cotonou.
Le rythme de l’investissement privé s’est accéléré, avec une augmentation de 40 % de 2016 à 2019. Les flux entrants d’IDE sont passés de 132 à 208 millions de dollars entre 2016 et 2018, selon la Cnuced, leur part dans le PIB bondissant de 1,8 à 5,8 % dans l’intervalle.
Alors que les réformes structurelles en cours devraient encore améliorer la notation du pays de façon significative, c’est le moment pour les investisseurs traditionnels – France en tête – de profiter de ce cadre favorable. Les liens économiques qui unissent nos deux pays sont historiquement forts : la France est le premier investisseur étranger au Bénin, avec 10 % du total d’IDE – son stock d’investissements français dans le pays s’élève à 154 millions d’euros en 2019 et les flux s’élèvent à 1 million d’euros.
Principal investisseur étranger du pays, la France doit accentuer son soutien à ce partenaire économique à l’attractivité croissante, comme ne manqueront pas de le faire les autres principaux investisseurs que sont le Nigeria, le Brésil, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Dans cette dynamique, la diplomatie parlementaire a un rôle majeur à jouer en contribuant à inciter la France, ainsi que ses partenaires africains, à renforcer leurs liens et leurs échanges économiques, a fortiori dans les temps difficiles que nous traversons.