La table ronde du colloque pluridisciplinaire initié par le Département de Sociologie-Anthropologie de l’Université d’Abomey-Calavi en collaboration avec le Laboratoire d’études et recherches sur les dynamiques sociales et le développement, (Lasdel), s’est déroulée ce jeudi 14 janvier et a porté sur le thème : « Politiques publiques de sécurité ». L’amphithéâtre téléthon de l’Université d’Abomey-Calavi a servi de cadre à cette activité.
Le Général Célestin Guidimè, Dr. Abdel Aziz Mossi, Dr. Issifou Boro, le Prof. Abou-Bakari Imorou et le Prof. Nassirou Bako-Arifari, sont les panélistes qui ont animé cette table ronde sur le thème : « Politiques publiques de sécurité ». Ces échanges ont permis aux participants de mieux cerner les politiques publiques de sécurité en lien avec la construction de l’Etat. Dans son développement, le Consultant Célestin Guidimè s’est appesanti sur comment l’Etat béninois est en train de se reconstruire dans le domaine de la sécurité qui constitue l’une de ses attributions régaliennes, à travers la politique de sécurité définie dans le Programme d’actions du Gouvernement et qui a abouti à des réformes audacieuses, notamment la création de la force unique de sécurité intérieure appelée la Police Républicaine. A le croire, les résultats obtenus, du point de vue de la réduction des actes d’insécurité, du sentiment général que les communautés ont, montrent que ces réformes sont pertinentes, car l’objectif des politiques de sécurité, c’est de satisfaire les besoins exprimés par les populations. Toutefois, il a souligné qu’il reste encore des défis à relever comme le renforcement du mécanisme de suivi et évaluation, la gouvernance économique et la résolution des problèmes liés à la résistance interne au changement. Tout en reconnaissant l’existence des structures étatiques en charge de la sécurité et l’engagement des Organisations de la Société civile et des Organisations internationales à participer à la mise en œuvre de la politique publique à la sécurité du Gouvernement, Dr. Abdel Aziz Mossi du Laboratoire « Citoyenneté » estime que la question de la sécurité reste préoccupante en ce sens que les dispositions prises donnent l’impression que l’Etat béninois est dans une sorte de suivisme des autres Etats de la sous-région. Pour lui, ces dispositions sont en déphasage avec les besoins des communautés. Il en veut pour preuve la négligence des conflits entre éleveurs et agricultures, l’extension de l’extrémisme violent dans les espaces transfrontaliers, la mise en veilleuse des chasseurs etc. Toute chose qui fait dire à l’Universitaire qu’il n’y a pas de « politique cohérente » en matière de sécurité au Bénin. Pour sa part, Dr. Issifou Mossi, Enseignant-Chercheur au Lasdel a fait savoir que les politiques publiques de sécurité au Bénin sont orientées vers la co-production qui inclut les acteurs civils. Par ailleurs, il trouve qu’il y a un déphasage dans la pratique de l’opérationnalisation desdites politiques. Pour corriger le tir, il invite l’Etat à tenir compte des réalités du pays en associant les acteurs clés et les citoyens. Le Professeur Nassirou Bako-Arifari a, quant à lui, abordé la problématique de la sécurité comme bien public et la problématique de la sécurité comme service public. En effet, il soutient que c’est les ressources du contribuable qui finance la sécurité et l’aide extérieure qui est aussi une aide publique. Le Professeur Bako-Arifari a souligné que l’Etat fait des efforts pour garantir la sécurité aux populations, mais il reste de grands défis à relever, notamment en matière de ressources humaines et le financement de la sécurité. Selon ses explications, la réforme de la création de la Police Républicaine est suivie de près au point où beaucoup d’autres pays ont envoyé des missions au Bénin pour mieux comprendre son fonctionnement. Le Professeur Abou-Bakari a, dans son intervention, mis l’accent sur les trois idéaux autour desquels il faut articuler les politiques publiques de sécurité.