Dossiers incomplets, plaisanterie et protestation. La première journée de dépôt de candidatures, pour le compte de la présidentielle du 11 avril prochain, s’est déroulée sans anicroche. Le Hic, au siège la Commission électorale nationale autonome (Cena), ce lundi 1er février 2021, se sont illustrés deux candidats aux antipodes des conditions fixées par la loi pour prétendre à compétir. Le premier, Ganiou Soglo, fils de l’ancien président Nicéphore Soglo, qui dit s’être conformé à la Constitution de 1990, révisée pourtant en 2019. Le second, Patrice Ago est un habitué des faits. « Paroissien » de l’Eglise St Michel de Cotonou, en 2011, 2016 et cette fois-ci encore, il se plaît dans une pièce où il incarne un rôle à la limite blasphématoire avec un logo à l’effigie d’une statue de la vénérée Vierge Marie de l’Eglise catholique. « On ne peut pas me recaler trois fois. Je crois que cette fois-ci, je serai retenu parmi les candidats ».
S’il est vrai que le passage de Ganiou Soglo, peut être perçu à juste titre comme la protestation d’un acteur politique contre la réforme constitutionnelle et celle du code électoral, la plaisanterie de Patrice Ago, devient plus en plus déconcertante. Une chose est claire, la finalité risque d’être la même en ce qui concerne le sort à réserver aux dossiers des deux hommes. Les dispositions de l’article 41 de la loi 2019-43 portant code électoral en République du Bénin, sont sans équivoque sur les pièces à fournir dans les dossiers de candidatures. ‘’La déclaration de candidature comporte les noms, prénoms, profession, date et lieu de naissance ainsi que l’adresse complète du ou des candidats. Elle doit être accompagnée de : une quittance de versement au Trésor public du cautionnement prévu pour l’élection concernée ; un certificat de nationalité ; un bulletin n° 3 du casier judiciaire datant de moins de trois (03) mois ; un extrait d’acte de naissance ou toute pièce en tenant lieu ; un certificat de résidence ; un quitus fiscal des trois (03) dernières années précédant la date de dépôt de candidature et attestant que le candidat est à jour du paiement de ses impôts ; les parrainages recueillis sur les formulaires nominatifs mis à disposition des élus concernés par la Cena, pour les candidats à l’élection du président de la République. En outre, la déclaration de candidature mentionne la dénomination ou le logo du ou des candidats’’.
A quoi sert-il donc d’amuser la galerie au siège de l’institution, qui a en charge l’organisation des élections et qui est astreint aux respects des dispositions établies par le législateur. La bataille est ailleurs. Et il faudra dans les jours à venir faire en sorte que cesse la plaisanterie à la Cena, que les guignols changent de terrain de prédilection notamment dans le cadre d’un scrutin aussi sérieux que la présidentielle. Il faut noter que selon l’article 41 du code électoral, un récépissé provisoire comportant le numéro d’enregistrement est délivré immédiatement au déclarant de candidature. Ensuite, la Cena dispose d’un délai de huit jours après la délivrance du récépissé provisoire pour statuer sur la validité des candidatures. En cas d’insuffisances constatées, elle le notifie au candidat concerné et l’invite à y remédier dans un délai de soixante-douze heures ouvrables à compter de la date de notification. A l’expiration du délai de huit jours prolongés, le cas échéant, des soixante-douze (72) heures ouvrables indiquées, la Cena délivre un récépissé définitif de validation de candidature aux candidats et publie leurs listes.
Le processus suit son cours et les candidats sont attendus au siège de la Cena à Cotonou jusqu’au 4 avril prochain.