Les Démocrates n’en finissent pas d’enchaîner les contorsions pour se positionner dans la course présidentielle. Après l’euphorie du dépôt des candidatures, le parti connaît de sérieux remous internes sur l’absence de démocratie et sur ses flottements stratégiques. D’ailleurs, ce n’est plus un parti politique mais un véritable magasin de luminaires, tant le parti accumule les suspensions. Depuis le 3 février, pas une journée ne passe sans que le parti n’annonce une nouvelle exclusion. Des décisions à géométrie variable, destinées à préserver le soi-disant image du parti contre le rififi qui y règne.
A quelques semaines de la campagne présidentielle, les suspensions sont nombreuses et les vraies raisons demeurent obscures : il s’agit souvent de purges de membres qui ont eu l’outrecuidance de contester la ligne du président. Démocrates contre la démocratie ? Le cas de Irénée Agossa est à cet égard parlant. Ce membre suspendu le 3 février, sans ménagements, pour des comportements jugés attentatoires à la cohésion interne et aux intérêts du parti. En effet, la veille même de son exclusion, l’intéressé a dénoncé sur les réseaux sociaux, le processus de désignation du duo de candidats des Démocrates pour la prochaine élection présidentielle.
A sa suite, Moïse Kérékou, Yacoubou Bio Sawé et Corentin Kohoué, bravant l’exclusion et le risque de défaite, ont aussi provoqué l’ire des responsables du parti en présentant des candidatures dissidentes aux présidentielles contre les candidats « statutairement désignés » par le parti, et se sont vu, eux aussi, signifier une suspension du parti avec effet immédiat. Ainsi, Les Démocrates pensent se démarquer de l’indiscipline de groupe et c’est toujours ça de pris. Cela fait quand même désordre.
Cette situation révèle de l’amateurisme. Inutile de ne pas y voir le profond malaise qui règne au sein du parti. Même s’il n’y a pas encore d’hémorragie, en interne, il y a un malaise évident. Ce que révèle cette litanie de dérapages, ce sont des contradictions à tous les étages doublées d’un manque de sens politique flagrant au sein du parti. Le parti se débat en effet dans une contradiction absolument insoluble qu’il a lui-même suscitée en rejoignant puis en se retirant du Front pour la Restauration de la Démocratie. Les premières fractures étaient apparues le 4 février, dernier jour du dépôt des candidatures à la Cena.
Le manque de démocratie et les flottements stratégiques sont mis en cause. Et ce ne sera pas sans conséquences sur le devenir du parti qui peine à s’enraciner. En effet, les candidats « statutairement désignés » risquent de subir les conséquences directes de ces suspensions lors des prochaines campagnes présidentielles, si leur dossier est validée par la Cena. Pour cause, Les Démocrates donnent l’image d’un parti divisé, provoquant la déception d’une partie des militants. Certains des dissidents, comme Moïse Kérékou, ont d’autant plus de chances qu’ils sont ouvertement soutenus par d’autres formations politiques