Depuis l’agression de l’ancien ministre Galiou Soglo, survenue la nuit du 5 février, les tentatives de récupération politique battent le plein. Sans surprise, le drame a suscité des réactions douteuses. Ce dimanche, lendemain de l’attaque, de nombreuses personnalités politiques ont truffé leurs discours de ce drame qui ne laisse pas de place au débat et ne sert qu’à exalter le sentiment patriotique. Malgré de nombreux désaccords, l’opposition et la mouvance s’accordent pour condamner cette agression ; un spectacle désolant à moins de trois mois des élections présidentielles, fixées au 11 avril.
Les Démocrates, en campagne politique, parlent d’une « illustration de l’insécurité entretenue par les escadrons de la mort qui procèdent de jour comme de nuit à des enlèvements, des assassinats et agressions de toutes sortes ». Pour eux, qui se voient en opposants numéro un de Patrice Talon, cette agression est une dérive sécuritaire « inacceptable » pour laquelle le gouvernement doit immédiatement ouvrir une enquête.
Le Front pour la Restauration de la Démocratie, toujours dans la perspective des présidentielles, s’engage dans une récupération du drame avec un communiqué, mal accueilli. Les Frontistes parlent plutôt d’une « tentative d’assassinat » et se gaussent des dérives sécuritaires du pouvoir Talon, renvoyant au gouvernement la responsabilité de l’insécurité qui a cloué l’ancien ministre sur un lit d’hôpital.
Quand le Front évoque un « acte d’une gravité innommable qui vient alourdir l’actualité politique déjà délétère et le climat de peur qui règne », le candidat-président des Démocrates à l’élection présidentielle accuse ouvertement le gouvernement Talon d’être le commanditaire de ce drame. « Participer à l’élection présidentielle, aujourd’hui, au Bénin, relève du cauchemar. Des honteuses manœuvres d’exclusion aux tentatives d’assassinat, en passant par les menaces », a déclaré Réckya Madougou. Inutile de dire que de telles accusations dépourvues de tout fondement sont graves.
Pourtant, le Bénin est loin d’être une zone de guerre. Le Front, tout comme Les Démocrates, appelle à une enquête indépendante et la poursuite des auteurs et commanditaires de ce drame. Une enquête indépendante sous-entend que le gouvernement de Patrice Talon en est pour quelque chose et que son implication en entacherait la fiabilité. Voilà des hommes qui prétendent aux plus hautes fonctions, et dont on attend qu’ils développent leur manière de se représenter les événements, une manière de donner un sens à leur candidature. Bruno Amoussou et l’Union Progressiste, dénonçant des actes de barbaries inexcusables, invite leurs adversaires politiques à ne pas faire des conclusions trop hâtives.
L’opposition radicale et l’Union Progressiste n’ont pas été les seules à réagir : dans une moindre mesure, la Force Cauris pour un Bénin Emergent s’est exprimée tout comme la formation politique de Sébastien Ajavon, l’Union Sociale Libérale. Elles dénoncent l’acte et appelle le gouvernement à faire la lumière sur l’affaire. Pour sa part, le ministre Alain Orounla a déploré et condamné cette agression physique. Au nom du gouvernement, il a rassuré de la diligence des investigations entreprises par les services de police pour élucider les circonstances, les auteurs et les mobiles de cette agression.