Au cours de son déplacement à Porto-Novo ce samedi 6 février, Patrice Talon a pu rencontrer une nouvelle fois les militants du Parti du Renouveau Démocratique réunis en congrès extraordinaire. Alors que l’intérêt de Me Adrien Houngbédji et du PRD pour le pouvoir Talon a pu surprendre et fait régulièrement gloser, l’intérêt que porte le président de la République aujourd’hui pour le PRD pourrait apparaître tout aussi surprenant. Surtout quand il affirme : « désormais, je ferai la promotion du PRD ».
On pourrait être tenté de croire à un jeu à fleuret moucheté. Mais le président Talon rassure : « ma présence parmi vous ce matin, au-delà de l’objet connu de tous, est le signe d’un nouveau départ entre le PRD et le militant PRD que je suis ». Calcul politique ou pari osé ? Cette déclaration d’appartenance au PRD n’est pas certainement pour déplaire aux deux blocs de la mouvance qui ont jusqu’ici bénéficié de la sympathie du président. De quoi fermer le clapet aux détracteurs du parti arc-en-ciel qui voyaient déjà le PRD dans un coma irréversible.
Ainsi, ceux qui trouvaient le leader des tchoco-tchoco infréquentable, après sa défaite aux élections de 2019, doivent maintenant eux-mêmes en rabattre, puisque même Patrice Talon en dit du bien. « Parfois en politique, nous apprend-il, le choix n’est pas celui du cœur, mais plutôt de la raison. J’ai toujours été un fidèle du président Adrien Houngbédji et du PRD…malgré les préjudices, le PRD n’est pas au parlement, mais le parti est resté solide. Le parti a gagné ».
Entre les deux hommes, c’est une histoire de confiance, de loyauté. Patrice Talon ne manque pas à ce propos de manifester sa gratitude à la confiance aveugle placée en lui par le président Adrien Houngbédji. En effet, depuis l’ère du renouveau démocratique, le PRD a été le premier principal parti politique béninois. Patrice Talon ne feint pas de le reconnaître. Pour autant, il est en effet permis de penser qu’il y a une vraie sympathie, à défaut d’amitié apparente, entre les deux hommes. Sympathie qui tient non au fond, à leurs convictions politiques ou à leurs choix, mais à la forme.
D’abord, ils ont tous deux l’esprit vif ; ils sont cultivés et peuvent échanger des références culturelles ; ils sont tous deux volontiers ironiques et mordants, incapables de résister à la tentation de la pique et de la pointe. Ils entendent tous deux à la fois respecter les codes, incarner leurs fonctions, mais en même temps, ne pas être dupes de ce jeu théâtral. Un théâtre dont ils ont tous les deux le goût, goût de la posture, de la mise en scène, du geste qui frappe. Ils ne sont sans doute dupes de rien, ils savent quelles sont leurs divergences, mais trouvent, de temps en temps, fort agréable de badiner.
L’intérêt bien compris peut, en cette veille des élections, être pour le président Patrice Talon de bénéficier de l’électorat du PRD. Car même sans élus, le parti du président Houngbédji détient toujours le contrôle de son fief politique. A l’inverse, on pourrait sans doute évoquer le plaisir rencontré par Adrien Houngbédji de revenir, grâce à Talon, sur le devant de la scène médiatique, de confirmer sa réelle proximité avec le pouvoir ; plus proche certainement qu’il n’a pu l’être durant ces cinq dernières années. Après tout, Houngbedji reste un politique, un vétéran ; il aime être reconnu et il a trop souffert d’avoir été ostracisé pendant les cinq dernières années ou presque par d’autres partis de la mouvance présidentielle voire de l’opposition. Comme il l’avait annoncé, l’arc-en-ciel ne meurt jamais, il disparait et réapparaît. Voici donc venue l’heure de sa réapparition.