La dette publique du Bénin reste « viable » et le risque de surendettement sera « modéré » en 2021, en lien avec les hypothèses macroéconomiques retenues et la stratégie d’endettement définie. Le plafond des engagements de l’Etat est fixé à 1528,13 milliards F Cfa, soit 16,12 % du Pib, avec un accent sur le rallongement de la maturité des titres publics.
Le montant total des nouveaux engagements de l’Etat vis-à-vis des bailleurs de fonds s’établirait à 1528,13 milliards F Cfa en 2021, soit 16,12 % du Produit intérieur brut (Pib), selon la Stratégie annuelle d’endettement de l’Etat annexée à la loi de finances 2021. Le document du ministère de l’Economie et des Finances renseigne que les emprunts extérieurs représentent 600 milliards F Cfa et le montant de la nouvelle dette en monnaie locale est estimé à 928,13 milliards F Cfa.
Le plan de financement pour l’année 2021 s’inscrit dans l’objectif de mitigation des risques du portefeuille de la dette publique. Conformément au décret n° 2015-581 du 18 novembre 2015 portant politique d’endettement et de gestion de la dette publique du Bénin, priorité devrait être accordée à la mobilisation des emprunts extérieurs concessionnels et à l’émission de titres publics pour la couverture du besoin de financement de l’Etat, aux emprunts à taux d’intérêt fixe afin de limiter l’exposition du portefeuille de la dette publique aux risques de marché.
La dernière descente en janvier du Bénin sur le marché financier s’inscrit dans ce cadre. Elle a permis de lever un milliard d’euros de financements soit 655 milliards F Cfa sous forme d’émission obligataire, en deux tranches de maturités finales de 11 ans et 31 ans.
Les prêts multilatéraux dits «hautement concessionnels» représenteront 75,61 % des financements extérieurs, avec une maturité indicative de 38 à 40 ans et un différé de 5 à 10 ans pour un taux d’intérêt indicatif de 0,74 à 0,82 %.
Les prêts «concessionnels» seront de l’ordre de 58,34 milliards F Cfa, soit 9,72 % de la dette extérieure, avec une maturité indicative de 20 à 38 ans et un différé de 7 à 12 ans, pour un taux d’intérêt de 1,64 à 2,03 %. Les financements «semi-concessionnels» seront chiffrés à 23,87 milliards avec une maturité indicative de 33 ans et un différé de 9 ans, pour un taux d’intérêt de 0,95 %.
Les prêts multilatéraux, bilatéraux et commerciaux « non concessionnels » représentent 64,16 milliards F Cfa en 2021, soit 10,69 % de l’endettement extérieur, pour une maturité indicative de 12 à 13 ans, un différé de 2 ans et un taux d’intérêt de 0,83 à 3,80.
Minimiser les risques
Les décisions d’emprunts de l’Etat seront basées sur la stratégie de dette à moyen terme (Sdmt 2020-2024) dont l’objectif est d’améliorer le profil de remboursement de la dette publique, selon le ministère de l’Economie et des Finances. Ainsi, les dépenses publiques devraient se faire de manière à ce que la dette de l’Etat soit facile à rembourser à tout moment et ce, en misant sur la sincérité, la régularité et la crédibilité budgétaires. Le gouvernement veille à maintenir un portefeuille de dette extérieure diversifié en devises et étend la maturité moyenne de la dette de marché tout en réduisant le coût moyen supporté.
Dans le but de limiter l’exposition du portefeuille de la dette publique au risque de taux de change, l’euro demeure la principale devise d’endettement extérieure du Bénin (56,63 %),
suivi du dollar Us (21,94 %) et du Cny ou yuan (12,34 %). Les principaux créanciers extérieurs sont l’Association internationale de développement (Ida) du Groupe de la Banque mondiale, le Fonds africain de développement (Fad) du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) et l’Eurobond.
La nouvelle dette libellée en monnaie locale pour 2021 se décompose ainsi qu’il suit : 802,13 milliards F Cfa d’emprunts obligataires, 31 milliards de bons du Trésor et 95 milliards de financement des banques locales y compris la banque ouest-africaine de développement (Boad). Il est question de prioriser les obligations du Trésor de maturités de plus en plus longues, surtout dans un contexte où la crise sanitaire de la Covid-19 a ébranlé l’économie comme partout ailleurs en 2020.
La pandémie a entraîné un besoin de financement additionnel pour le renforcement du système sanitaire et le soutien aux secteurs clés de l’économie affectés, ce qui explique la hausse du taux d’endettement. A fin 2020, l’encours de la dette publique rapporté au Pib s’établirait à 46,07 %
contre 41,44 % en 2019, soit une hausse de 4,63 points de pourcentage. La part de la dette intérieure dans le portefeuille de la dette publique augmenterait de 2,58 points de pourcentage en passant de 41,88 % en 2019 à 44,46 % en 2020. La dette extérieure est constituée à 56 %
de la dette multilatérale et est contractée à 52,28 % en termes concessionnels.
————————- Viabilité de la dette ————————————-
Au regard des données, le risque de surendettement du Bénin demeurerait modéré en 2021, en lien avec les hypothèses macroéconomiques retenues et la stratégie d’endettement définie. Selon les hypothèses de l’analyse de la viabilité de la dette, le risque de dépassement des seuils ne pourrait se produire qu’en cas de scénario de choc le plus extrême annoncé probablement pour 2022 ou 2024. Aussi, la dette intérieure ne créerait-elle pas de vulnérabilité particulière.
De quoi apaiser les organisations de la Société civile qui, dans leur document de plaidoyer pour le budget 2021, craignaient que « La dette intérieure demeurerait la principale source qui engendrerait un risque de refinancement au niveau de la dette publique ». Pour elles, il convient d’éviter au pays, surtout avec les projets phares du Programme d’action du gouvernement (Pag), que la charge d’intérêt, en lien avec le niveau de l’endettement, devienne importante au point que le respect du critère de convergence de la soutenabilité de la dette soit problématique.
Dans tous les cas de figure, tempère le ministère de l’Economie et des Finances, le ratio Valeur actuelle (Va) de la dette publique rapportée au Pib (Va/Pib) resterait nettement en dessous de son point de référence de 40 %, reflétant ainsi les effets positifs des opérations de rebasage d’une part et de la maitrise de l’endettement d’autre part. Les ratios Service de la dette/Exportations et Service de la dette /Recettes resteraient en dessous de leur seuil dans le scénario de base.
C. U. P.