Economiste-gestionnaire d’entreprise, Dorothé Gounon, est le directeur général du Centre de promotion et d’encadrement des petites et moyennes entreprises (CePEPE), créé depuis 1990. Ce centre assiste les promoteurs d’entreprises et porteurs d’idées de projet dans la concrétisation de leurs ambitions et l’atteinte de leurs objectifs. Dans cette interview, le DG du CePEPE évoque les objectifs et missions du centre, fait un retour sur le travail abattu en 30 ans auprès des promoteurs d’entreprises et surtout en cette période de pandémie du coronavirus ainsi que les perspectives du Centre.
C’est quoi le CePEPE ?
Le CePEPE est le Centre de promotion et d’encadrement des petites et moyennes entreprises dont la mission est d’accompagner le secteur privé par l’aide à la création, à la réhabilitation et au développement des entreprises du secteur privé, particulièrement, les petites et moyennes entreprises (PME).
Vous avez énuméré là quelques missions du CePEPE, mais quelle est la différence entre le CePEPE et l’ANPME, l’APIEx et autre structures d’appui aux PME ?
Toutes ces structures sont dans le domaine de l’appui aux entreprises. Ça, c’est le point commun entre nous mais notez que l’ANPME et l’APIEx sont des structures publiques. Nous, au niveau du CePEPE, nous sommes une structure du secteur privé, parce que créée par les organisations du secteur privé, la CCI-Bénin et le Conseil national du Patronat du Bénin. Tout ceci, bien entendu avec l’accompagnent de l’Etat. Nous avons le statut d’association loi 1901 reconnue d’utilité publique. C’est bien là la différence sur le plan statutaire et donc, nous avons des règles de gestion totalement privée.
Le CePEPE ; c’est déjà 30 ans, que retenir en terme de bilan sommaire?
En terme de bilan sommaire, il est important de souligner l’institutionnalisation et la certification au Système de Management de Qualité (SMQ), norme ISO 9001 version 2015, en tant que centre spécialisé dans les services d’appui pour faciliter l’accès des PME au financement et à la commande publique.
Sur le plan opérationnel, l’évolution des principaux indicateurs d’activités du Centre au cours des trente dernières années se présente comme suit : Au moins un millier de PME conseillées et orientées par an contre une centaine par an à nos débuts,250 à 300 promoteurs et dirigeants de PME par an sont bénéficiaires de nos formations professionnelles contre 50 par an à l’origine.
L’accès des PME à la commande publique révèle une tendance ascendante ; ainsi en 1990,200 millions FCFA de marchés publics avaient été exécutés par les PME accompagnées par le centre contre 20 milliards FCFA en l’an 2000 et 41 milliards FCFA en 2019.
En ce qui concerne l’accès au financement, il faut distinguer deux cas :
Le financement à moyen et long terme : Le taux de succès est faible et est autour de 6% du coût global des projets ; Une autre solution de recherche de financement est déjà mise en œuvre pour renverser cette tendance.
Le financement à court terme : Il se développe pour les pme qui ont une commande publique, mais ce développement est encore timide et les conditions d’accès restent encore prohibitives. Au cours des dernières années, les facilités de caisses accordées par les banques aux PME que nous accompagnons sont de l’ordre de 2,5 à 3 milliards par an contre 145 millions FCFA, il y a une vingtaine d’années.
On a l’impression que le CePEPE n’est pas très connu du public. Qu’est ce qui peut justifier cela ?
Le CePEPE n’est pas très bien connu, je pense qu’il faut relativiser. Le CePEPE est très bien connu. Si vous prenez le secteur des bâtiments et travaux publics,…le CePEPE est très bien connu par les entreprises qui opèrent dans ce secteur particulièrement dans le domaine de la commande publique. Pour ce qui concerne le volet PME, Start up, on peut dire que le centre n’est pas relativement bien connu en tenant compte de son âge ; son âge parce qu’on peut parler de la deuxième génération d’entrepreneurs. En 90, nous avons accompagné des entrepreneurs qui sont devenus, je ne vais pas citer de noms, des ministres, des directeurs d’entreprises publiques ou qui ont effectivement créé leur entreprise et qui ont grandi. Ceux-là, quand vous leur dites, « connaissez-vous le CePEPE ? Ils répliquent : « Oui, le CePEPE, je le connais ». Mais quand je prends la jeune génération, les gens qui sont nés en 1990, qui sont aujourd’hui des promoteurs de Start up, ils peuvent dire, nous ne connaissons pas le CePEPE. Nous en avons conscience et c’est pour cela que nous avons saisi cette opportunité pour organiser cette rencontre d’informations et ce n’est pas la seule. Nous sommes dans la logique de répliquer périodiquement aussi bien ici à notre siège qu’au niveau de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI)-Bénin et même dans les universités et dans les départements. Il y a déjà une planification pour aller à Parakou, une planification pour aller à l’UAC …. Voilà ce que nous envisageons de faire et utiliser les relais de la CCI-Bénin dans les différents départements également pour communiquer.
Quels sont les critères d’éligibilité pour bénéficier des prestations ou de l’assistance du CePEPE ?
Nous travaillons sur toute sorte d’entreprises mais essentiellement les entreprises formelles. Donc le premier critère d’éligibilité, il faut que l’entreprise soit formelle. Les entreprises informelles, on ne leur ferme pas la porte parce qu’on a la possibilité de leur donner des conseils et orientations, de leur faire des formations pour le renforcement de leur capacité de manière à ce qu’elles se formalisent. Ça, c’est les critères basiques, essentiels. Maintenant, quand il s’agit des entreprises formelles, il y a des prestations pour lesquelles, on a d’autres critères : une entreprise qui veut aller prendre un crédit bancaire doit avoir un compte en banque, doit pouvoir faire ses états financiers.
Parlez-nous des perspectives de CePEPE à court, moyen et long terme.
Les perspectives à court, moyen et long terme, c’est de rester entreprise leader dans le domaine de l’appui aux PME tout en continuant d’offrir des prestations, des offres de services professionnels. J’insiste là-dessus, offres de services professionnels à la petite et moyenne entreprise. Aujourd’hui, nous avons dans notre portefeuille, autour d’un millier de PME que nous impactons chaque année. Notre ambition, c’est d’en impacter davantage, aller à 1500, 2000 PME mais avec des services, des prestations adaptées aux besoins des PME parce que ces besoins ont évolué avec la révolution numérique, la pandémie du Covid-19, les réseaux sociaux et donc, les services ne sont plus les mêmes. Comment intégrer l’économie numérique dans l’appui conseil aux PME ? Comment offrir des services en ligne; la digitalisation ? Vous voyez, nous avons fait une séance d’informations le jeudi 04 février 2021, c’est en semi-présentiel, il y a des participants qui étaient connectés et tout ça, implique la mise en adéquation de nos process, et de nos méthodes d’appuis-conseils aux PME.
Nous sommes en pleine pandémie du coronavirus et des structures comme la vôtre ont pris plusieurs initiatives d’accompagnement, qu’est-ce que le CePEPE a eu à faire ou fait particulièrement ? Y a-t-il des actions en cours ?
Si ! Dans le cadre de la pandémie, la première chose que nous avons eue à faire, c’est d’abord d’évaluer l’impact de la pandémie sur nos usagers, les entreprises qui viennent ici. Et, nous n’avons pas été démentis. On a fait un sondage et on s’est rendu compte que la plupart, au moins 75 % ont été affectées avec une baisse moyenne de 35 % de leur chiffre d’affaires. Donc, on a voulu savoir, quel est l’impact de cette crise sur les bénéficiaires de nos services ? Et çà aussi, c’est pour voir, quel en est l’impact sur nos activités parce que si eux, entrepreneurs, ils ne se portent pas bien, c’est que nous-mêmes, nous avons des soucis. Nous avons fait cette étude d’impacts pour nous en rendre compte. Deuxième chose, il était important pour nous de suivre les recommandations du gouvernement en matière de distanciation sociale, d’abord, protéger notre personnel parce que nous n’avons pas arrêté nos prestations. Nous avons installé tout ce qu’il faut comme dispositif de lavage de main et autres et en avons imposé l’utilisation à nos usagers. Le respect des gestes barrières et des mesures de distanciation sociale nous a conduit à adopter les réunions en semi-présentiel. L’autre chose a été de voir, quel appui on peut apporter aux entreprises pour leur permettre de bénéficier des mesures d’incitation mises en place par le gouvernement pour accompagner les PME. Montrer les portes d’entrée, c’est déjà, donner l’information. Les portes d’entrée, on sait qu’il faut passer par la Caisse autonome d’amortissement (CAA) pour ce qui concerne les entreprises non agricoles qui sollicitent les financements auprès des banques et le FNDA pour les entreprises agricoles. Nous, on porte ces informations et on peut aider les entreprises qui en ont besoin à monter leurs dossiers et aller taper à ces portes-là.
Au cours de la séance d’échange et d’information tenue dans vos locaux le 04 février 2021 avec un groupe d’entrepreneurs, vous souligniez que « les start-up, ce n’est pas les crédits bancaires qui les financent mais des subventions ». Mais en tant que le centre constitué avec la CCI-Bénin, et le patronat, que faites-vous pour changer la donne pour que cela devienne une réalité ?
Ce qu’on fait, c’est déjà les conseils et orientations, en demandant aux Start up : quelles sont vos activités, où en êtes-vous? Et en les orientant conséquemment vers la recherche de subvention et non le crédit bancaire. Parce que le promoteur de start-up qui se fait l’illusion pour dire, « j’ai tel projet, c’est à la banque » il aura perdu son temps. Mais le fait de lui dire, tu te trompes de chemin, ce n’est pas un crédit bancaire qu’il te faut, mais voilà ce qu’il faut faire pour ton projetc’est important pour mieux orienter le porteur de projet. La deuxième chose, c’est d’en arriver à créer le système des prêts d’honneur ; le système de financement par les ‘’Business Angels’’ dans notre environnement.Cela doit se faire. Moi je partage déjà l’information, mais on a besoin d’autres acteurs pour porter ces choses-là pour que ce soit une réalité.
Un mot de fin ou un appel à lancer
Je voudrais d’abord vous remercier parce que spontanément, vous avez initié la démarche qui consiste à venir vous informer, à écouter ce que nous voulons faire et à diffuser l’information. Soyez donc notre porte-parole auprès de la jeunesse, des Startup, des porteurs d’idées d’entreprise et promoteurs d’entreprise, pour comprendre ce que nous faisons et leur passer le message d’ouverture que nous avons à les écouter, à leur donner des conseils et orientations. Message également aux entrepreneurs, le CePEPE est là, à leur disposition et veut bien promouvoir autrement la Petite et moyenne entreprise notamment en cette période de la crise sanitaire où nous avons beaucoup de défis à relever pour survivre mais dans le même temps, pour continuer nos actions de développementvia le secteur privé.