Le processus de liquidation du Complexe textile du Bénin Sa (Coteb Sa) de Parakou, évolue méthodiquement, loin de toute agitation. Il y a quelques jours, le deuxième et dernier appel à déclarations de créances concernant la société, a été lancé par le Tribunal de première instance de première classe de Parakou.
Encore quelque temps, et les différents acteurs concernés par la liquidation des biens du Complexe textile du Bénin Sa (Coteb Sa) de Parakou, seront fixés. Le processus prononcé par la Chambre commerciale du Tribunal de première instance de première classe de Parakou, par jugement N° 010/18 du 10 décembre 2018, suit son cours.
Rappelons que la date de cessation de paiements du complexe avait été provisoirement fixée au 14 septembre 2017. Alors que le juge Médétonhou Octave Jocelyn Gbaguidi a, en remplacement de son collègue Arlen Dossa-Avocè, été désigné en qualité de nouveau juge-commissaire, c’est l’expert-comptable Bidossessi Christian Idjouola qui s’est vu confier le rôle du syndic. Ce dernier, dans un deuxième et dernier appel à déclarations de créances en date du 5 février dernier, a invité tous les créanciers dudit complexe à lui produire, sous peine de forclusion, un certain nombre de pièces. Il s’agit de leurs créances et des états justificatifs y afférents, au plus tard le 5 avril prochain pour les créanciers domiciliés au Bénin et le 5 mai, pour ceux qui résident hors du territoire national. Le premier appel à déclarations de créances, faut-il le préciser, a été lancé depuis le 15 janvier dernier à Parakou.
Voilà donc qui édifie les uns et les autres, par rapport à l’évolution du processus de liquidation. Et pour cause, il y a déjà plus de 4 ans que le complexe, ex-Ibetex créée par l’Etat en 1971, a été fermé pour des raisons économiques. Autrefois considéré comme un des fleurons de l’économie nationale, il s’était également forgé une réputation sur le plan international.
Avec son tissu kaki, il a pourtant fait la fierté du Bénin. Les produits issus de ses usines étaient recherchés à l’extérieur, se souvient Mikaïla Azizou, un de ses anciens agents. Le complexe était présent sur les foires sous-régionales et internationales avec ses fameuses serviettes 100 % coton.
La fin d’une épopée
Envahi par les hautes herbes et les reptiles, le site est devenu un repaire pour les divorcés sociaux et autres malades mentaux. Tel un camp en ruine et abandonné, le complexe se retrouve aujourd’hui dans un état de délabrement total avec son personnel qui, jusqu’à une certaine époque, ne savait plus à quel saint se vouer.
En effet, victimes d’un licenciement collectif, les travailleurs, d’une centaine ont été mis au chômage sans paiement des droits de licenciement. On leur devait plusieurs mois d’arriérés de salaire. Malgré leur sort qui n’était pas déjà enviable, ils se sont vus contraints, du jour au lendemain, de vivre dans la précarité et le dénuement total.
Préoccupés par la situation du complexe, le député Rachidi Gbadamassi et 30 de ses collègues, en avaient fait une question d’actualité suivie de débat adressée le 4 novembre 2019 au gouvernement.
Afin d’éclairer la lanterne des membres de la représentation nationale, 8e législature, la ministre de l’Industrie et du Commerce, Shadiya Alimatou Assouman, a expliqué les difficultés du Coteb Sa qui ne permettent pas de le ressusciter. Tout en n’occultant pas la vétusté des installations de production, elle a rappelé le jugement prononcé en décembre 2018 par le Tribunal de première instance de première classe de Parakou ayant constaté la faillite et ouvert la procédure collective de liquidation des biens du complexe.
Elle a également déploré l’énorme dette laissée, ainsi que les résultats des audits qui ne sont pas du tout favorables. Le syndic mis en place pour procéder à cette liquidation devenue inéluctable, avait-elle rassuré à l’époque, ne devrait pas négliger la question liée aux droits des employés.
Le Coteb Sa est une société d’économie mixte dont l’Etat béninois est l’actionnaire majoritaire avec la Sonapra, pour un montant de 1 080 000 000 F Cfa, soit 54 % des actions. D’origine polonaise, ses équipements qui sont dans un état vétuste avaient été utilisés pendant plus de 30 ans ailleurs, avant d’être installés au Bénin. N’empêche qu’aujourd’hui, ces vestiges sont malheureusement l’objet d’un pillage. En témoigne l’arrestation, dans la nuit du lundi 26 octobre 2020, de certains individus interceptés par les populations riveraines, dans l’enceinte du complexe, avec des tricycles chargés de ferrailles.
Tout compte fait, la fermeture du Coteb Sa constitue un vrai paradoxe. Il est inconcevable que le Bénin qui arrive désormais en tête des pays producteurs de l’or blanc en Afrique, ne dispose d’aucune industrie textile sur place, pour sa transformation.