Des éléments techniques d’appréciation d’une dette efficace aux exploits du Bénin sur les marchés financiers internationaux en passant par les procédés qui fondent la confiance des bailleurs, Romuald Wadagni, ministre de l’Economie et des Finances, a éclairé, samedi 13 février dernier à Lokossa, la lanterne des jeunes du département du Mono sur la soutenabilité de la dette béninoise. Quatre autres membres du gouvernement ont honoré de leur présence cette édition des causeries-débats du Creuset de réflexion et d’actions politiques pour le Nouveau départ (Crap-Nd).
La dette est-elle une bonne chose en soi ? Dans quel quantum faut-il s’endetter? La présence répétée du Bénin sur les marchés financiers ne risque-t-elle pas d’hypothéquer l’avenir des générations futures? Ce sont quelques-unes des questions soumises, samedi dernier à Lokossa, au ministre de l’Economie et des Finances dans le cadre d’une causerie-débat. Relativement à la première préoccupation, le ministre Romuald Wadagni clarifie que la dette est subséquente à l’option du gouvernement de créer et d’améliorer, à une grande échelle, les facteurs de productivité, de déclencher l’offre en vue d’engager le pays dans un cercle de croissance de façon durable. «L’Etat travaille à susciter l’offre et la demande et veille à son équilibre », soutient-il. En économie, enseigne le ministre, la création de richesse est l’équilibre qu’on essaie de trouver entre l’offre et la demande. Et pour y parvenir, au dire de l’argentier national, il y a deux modèles : soit le modèle de faire les choses en petite quantité ou celui de les faire à une grande échelle et pour une longue durée de vie en concédant des dettes. A la suite de cette clarification, le ministre tranche que la dette est bonne et productive quand elle est efficace. Des critères attestant de l’efficacité d’une dette, il en évoque trois importants à ses yeux. Il s’agit de la nature et de l’opportunité de la dette. Vient ensuite, la qualité de la gouvernance de la dette qui doit retenir l’attention en vue d’éviter les déviances telles que la surfacturation, les magouilles… En dernier lieu, se situe la cohérence de la structuration financière de la dette, c’est-à-dire les caractéristiques de la dette et ce que l’on veut en faire.
Loin du seuil d’un pays endetté
Par rapport aux inquiétudes induites par la présence répétée du Bénin sur les marchés financiers, une activité qui pourrait compromettre l’avenir des générations futures, selon certaines langues, le ministre prend le contre-pied. Réfutant les récriminations, il recentre le débat sur le plan technique en rappelant qu’il n’y a que deux éléments qui comptent dans un débat relatif au niveau d’endettement d’un pays. Le premier et le plus essentiel des deux éléments, retient-il, est le ratio entre le stock des dettes en un instant donné et le produit intérieur brut (Pib) qui, précise-t-il, ne doit pas dépasser un taux de soixante-dix pour cent. En second lieu, poursuit le ministre, il est question de la part dédiée au remboursement de la dette sur chaque cent francs de ressource propre. Laquelle ressource propre, clarifie-t-il, constitue les impôts collectés. A l’en croire, il est admis en règle générale, de ne pas dépenser plus de vingt francs, pour les services de l’intérêt sur la dette, sur cent francs de recette collectée. Par rapport à ces critères, soutient le ministre, « le Bénin est très loin du seuil d’un pays endetté».
Le pays, appuie-t-il, se situe en deçà de quarante-cinq pour cent, loin du taux de soixante-dix pour cent autorisé. « Et ça, c’est ce qui est politiquement correct, sinon les pays peuvent bien aller au-delà», glisse le ministre. Rappelant les dynamiques au plan mondial, le ministre exhorte les Béninois, voire les Africains à taire les polémiques inutiles et se convaincre de ce que personne d’autre ne viendra faire le développement à leur place. En dehors de l’Arabie Saoudite et des autres pays pétroliers, appuie le ministre, les nations les plus développées s’endettent à plus de cent pour cent. Entre autres exemples, le Japon et les Etats-Unis sont à plus de deux cents pour cent de taux d’endettement, a rappelé le ministre Wadagni. Pour lui, ce que fait le gouvernement béninois doit être encouragé par tous.
« Le Bénin, avant le gouvernement Talon, n’avait jamais réussi à lever cent francs à l’international », rappelle-t-il. Pour conjurer ce sort, il a fallu du travail au ministre Wadagni et à tous les autres membres du gouvernement, sous la férule du président Patrice Talon. Romuad Wadagni souligne qu’il n’a pas été facile pour le pays, au début du quinquennat en cours, de lever des dettes d’une durée de dix ans sur les marchés financiers. Actuellement se réjouit-il, le Bénin prend des crédits de longue durée et à des taux intéressants. Lesquelles durées varient de dix à trente ans et plus. Cet exploit, recadre le ministre, est la preuve du sérieux et de la rigueur dans la gestion de ce que les bailleurs mettent à disposition. Parce que derrière les prêts, prévient-il, les prêteurs qui sont un peu partout dans le monde sont attentifs à la qualité des dépenses, à leur conformité par rapport aux besoins qui sont précédemment exprimés dans les dossiers. Ils sont également attentifs aux informations des agences de notation, aux institutions de surveillance telles que le Fonds monétaire international et la Banque Mondiale, fait savoir le ministre. Les distinctions et les autres marques de reconnaissance ainsi que le succès relatif à l’opération d’eurobond que le pays vient d’engranger sont des preuves palpables supplémentaires, retient le ministre. «Nous devons nous en féliciter et s’il le faut, le Bénin sera présent tous les jours sur les marchés financiers en vue de rattraper son retard en matière de développement », assure Romuald Wadagni.
A leur tour, les ministres Didier José Tonato en charge du Cadre de vie, Véronique Tognifodé Mèwanou des Affaires sociales et le Garde des sceaux, Maxime Quenum confirment que c’est grâce à cette présence du Bénin sur les marchés financiers que le gouvernement a la capacité d’investir des centaines de milliards dans les projets majeurs de transfiguration du pays tels que l’asphaltage, la construction des stades, des cités administratives, des marchés ainsi que la fourniture un peu plus aisée de l’eau et de l’électricité. Le microcrédit Alafia, le projet Arch et la dématérialisation de nombre de services publics ne sont pas du reste