L’Organisation Mondiale du Commerce (Omc), basée à Genève, a confirmé le Dr Ngozi Okonjo-Iweala, ancienne ministre des Finances du Nigeria, comme sa prochaine directrice générale. Cette décision met fin à une longue période de blocages orchestrés au cours du processus d’élection. La Nigériane est la première femme et la première Africaine à diriger la plus haute instance du commerce international. Sa tâche ne sera pas facile car de nombreux défis devront être relevés dont celui de la réforme de l’institution.
Il aura fallu plus de six mois à l’Organisation Mondiale du Commerce (Omc) pour réussir à désigner son septième directeur général. Au cours d’une réunion spéciale du Conseil général de l’OMC, les Etats membres ont décidé par consensus que le Dr Ngozi Okonjo-Iweala, ressortissante du Nigéria, succédera, le 1er mars, au Brésilien Roberto Azevedo, qui avait décidé de quitter ses fonctions, en août 2020, avant la fin de son mandat.
Boycott américain
Le processus d’élection du directeur général de l’Omc s’était soudainement bloqué en octobre 2020 lors de sa dernière phase lorsque sur les huit candidats en lice, les représentantes de la Corée du Sud, Yoo Myung-hee, et du Nigéria s’étaient retrouvées en finale. Les Etats-Unis avaient informé les Etats membres par la voix de leur représentant auprès de l’organisation, l’ambassadeur Dennis Shea, qu’ils opposaient leur veto à la candidate africaine. Tout au long de son mandat, l’administration Trump n’avait cessé d’attaquer l’institution et avait même bloqué le mécanisme de règlement des différends entre pays. Dès lors, les Etats membres avaient décidé de repousser la désignation après l’élection présidentielle américaine en espérant un changement d’administration.
Qui est la nouvelle cheffe de l’Omc ?
Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, expert en développement international, est diplômée en économie de l’Université de Harvard. Elle a été ministre des Finances et des Affaires étrangères dans son pays natal, le Nigéria, et est également ancienne directrice générale de la Banque mondiale. Ses activités actuelles incluent la présidence du conseil d’administration de Gavi, l’Alliance du Vaccin, qui vise à améliorer l’accès à la vaccination dans les pays pauvres. Elle codirige également le pool de vaccins Covax, une initiative visant à promouvoir l’égalité d’accès aux vaccins contre la Covid19 dans le monde. Après de longues années de résidence aux Etats-Unis, elle a obtenu la nationalité américaine en 2019. Selon sa biographie officielle, elle est une réformatrice, une militante anti-corruption et une « négociatrice qualifiée ».
Défis
L’organisation Mondiale du Commerce doit faire face à de nombreux défis. Avec son mécanisme de règlement des différends bloqué par l’administration Trump et les tensions commerciales persistantes, notamment entre les États-Unis et la Chine, l’Omc a, avant tout, besoin d’être réformé. Lors d’un événement organisé par l’Association des Correspondants Accrédités auprès de l’Onu (Acanu) le Dr Ngozi Okonja-Iweala avait déclaré qu’elle avait « hâte de relever le défi » et de « procéder à des réformes profondes nécessaires » pour repositionner l’organisation sur l’échiquier mondial. A plusieurs reprises tout au long de sa campagne, l’économiste nigériane a aussi déclaré vouloir intensifier les efforts mondiaux pour lutter contre la Covid-19.
Premier mandat écourté
Les directeurs généraux de l’Omc ont toujours eu pour habitude de débuter leur mandat le 1er septembre. Les obstacles placés sur la route de la candidate africaine ont entraîné un retard de six mois dans sa désignation. Les Etats-membres ont décidé que, malgré ces circonstances, ce premier mandat achèvera le 31 août 2025.
Par Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès des Nations Unies à Genève (Suisse)