L’actualité politique béninoise continue d’être agitée par la question du parrainage des candidats à la Présidentielle d’avril 2021. Deux autres épisodes du feuilleton se sont déroulés ce jeudi. Il y a d’abord le député du Bloc républicain (BR), Rachidi Gbadamassi, qui, à l’occasion d’une conférence de presse tenue conjointement avec son collègue de l’Union progressiste (UP), Mama Sanni, a violemment taclé Reckya Madougou. Cette dernière ne s’est pas fait prier pour contre-attaquer.
Ce jeudi, soit quelques heures après la publication de la décision de la de la Cour constitutionnelle qui a rejeté les recours de Reckya Madougou et de Affo Obo Amed Tidjani, le député Rachidi Gbadamassi du parti de la majorité, Bloc républicain (BR), a organisé une conférence de presse. L’ancien maire de Parakou s’en est violemment pris à Reckya Madougou qu’il accuse, entre autres, d’être « le pion d’une force politique étrangère ».
Mais c’est d’abord des problèmes d’ordre éthique que le député a soulevés au sujet de la candidature de l’ancienne ministre de Boni Yayi. « S’il est vrai que tout candidat sérieux doit remplir toutes les conditions prévues par la loi, il est encore nécessaire que les candidats obéissent à des normes éthiques. Or Madame Reckya Madougou a quelques particularités qui constituent autant de handicaps pour elle et portent les germes de nuisance autant à elle qu’à notre pays », a laissé entendre le député.
Au titre de ces handicaps, l’élu BR évoque les « supposés rapports affectifs et intimes » que Reckya Madougou entretiendrait « avec des autorités politiques de très haut niveau de pays voisins ».
Il mentionne ensuite « l’engagement politique visible de la candidate désignée par “Les Démocrates” aux côtés desdites autorités politiques. « L’année dernière, lors de l’élection présidentielle dans un pays voisin, elle s’est affichée et a battu campagne pour un candidat, en l’occurrence le chef de l’État sortant, participant aux meetings et agitant des fanions aux couleurs du parti au pouvoir. Serait-il alors convenable dans ces conditions et pertinent pour notre pays, qu’elle accède à la fonction présidentielle dont elle semble désormais faire le seul projet de sa vie y compris au prix de manipulations abjectes et de violences ? », s’interroge Rachidi Gbadamassi.
Pour le député, cette activité politique dans un pays voisin disqualifie Reckya Madougou de la course à la Présidence béninoise, puisque cela pose un problème « de conflit de souveraineté » et « d’insécurité politique ». Surtout qu’il déclare qu’une forte somme lui a été proposée pour donner son parrainage à celle qu’il présente comme « étant au service d’une puissance étrangère ».
Il faut préciser qu’au cours de ces dernières années, Reckya Madougou a été très proche du Président togolais, Faure Gnassingbé, dont elle était conseillère spéciale.
Aux côtés de Rachidi Gbadamassi, il y avait le député UP, Mama Sanni, dont le nom a été abondamment cité parmi les élus approchés par Reckya Madougou. Si Mama Sanni a reconnu avoir été effectivement approché par la candidate présentée par « Les Démocrates », il rejette totalement les propos selon lesquels son parrainage aurait été confisqué. « Elle – Reckya Madougou, ndlr – a tenté certes, nous avons voulu l’accompagner parce que le chef de l’État a voulu une élection inclusive et ouverte. Ça, je pèse mes mots », a-t-il martelé.
Reckya Madougou menace de porter plainte
Quelques heures après cette conférence de presse, c’est Reckya Madougou qui monte au créneau pour menacer d’assigner en justice certains députés qui seraient en train d’ourdir un complot afin de la faire accuser de tentative d’incitation à un soulèvement populaire. Elle a donné son avis via un post sur sa page Facebook, dont nous vous livrons l’intégralité.
« Invention d’une prétendue conspiration pour me faire arrêter ?
À la suite de la conférence de presse orchestrée par le pouvoir en place et tenue par certains députés, ce jour; 18 février 2021, il nous revient de sources concordantes que le pouvoir en place chercherait des alibis montés de toutes pièces pour m’interpeller à la CRIET en insinuant que de par mes relations au plan international, je serais en train d’inciter à un soulèvement populaire.
Je tiens à souligner que notre combat, nous le mènerons par les urnes et conformément aux règles démocratiques. Nous connaissons nos droits. Il ne sert donc à rien d’user de ces viles pratiques espérant ainsi nous intimider.
Ces députés en question savent bien ce qu’ils sont venus me dire au sujet du Président sortant et du régime auquel ils appartiennent pourtant. C’est eux qui sont venus chez moi pas l’inverse.
Tout le monde aura donc constaté que ma candidature dérange ceux qui ont pris notre pays en otage et elle déstabilise les plans ourdis pour soumettre tout le monde.
Avec mes avocats, je porterai immédiatement plainte contre les auteurs de ces grotesques insinuations.
En tout état de cause, ma famille politique, celle biologique, le peuple béninois et la communauté internationale tiendront responsable le pouvoir en place pour toute tentative visant à me priver de mes libertés et de l’intégrité physique de ma personne. Nous avons encore en mémoire le cas du candidat Ganiou Soglo nuitamment criblé de balles par des inconnus jusqu’ici non élucidé.
Nous ne leur demandons que d’ouvrir la compétition pour laisser libre choix au peuple souverain.