Des responsables d’institutions impliquées dans le domaine de la sécurité au Bénin ainsi que de hauts gradés ont pris part, hier jeudi 18 février à Cotonou, à un séminaire réunissant des spécialistes opérationnels. Les travaux permettront de doter le pays d’une feuille de route pour contrer les nouvelles menaces régionales et mieux affiner une riposte nationale. L’activité est organisée avec le soutien de la délégation de l’Union européenne.
Le séminaire de haut niveau sur l’adaptation du système sécuritaire au Bénin est l’aboutissement d’un long processus en cours depuis 2019 avec le premier déploiement des experts en réforme du secteur de la sécurité mis à disposition par l’Union européenne (Ue). Leur mission était d’approfondir davantage la coopération entre le Bénin et l’Ue dans le domaine de la sécurité.
Le travail conduit par ces experts avec l’accompagnement de deux points focaux nationaux a permis d’effectuer une première analyse de l’état de préparation du secteur de la sécurité aux nouveaux défis, et surtout d’établir les bases d’une relation durable et mutuellement enrichissante avec les acteurs de la sécurité au Bénin. Un an après ces travaux qui ont balisé le terrain à une adaptation du système sécuritaire national, Sylvia Hartleif, ambassadrice, chef de la délégation de l’Ue, constate que les objectifs de la mission ont été atteints. « Notre partenariat est désormais une réalité rendue possible par les intérêts communs de nos institutions respectives, mais aussi par une confiance mutuelle que nous avons pu instaurer (..), et qui constitue indubitablement une condition préalable essentielle pour toute coopération dans un secteur si délicat », a assuré la diplomate européenne à l’entame des travaux de cet atelier.
Pour elle, ce séminaire offre donc l’occasion de mesurer l’étendue des efforts de transformation déjà accomplis pour adapter le secteur de la sécurité du Bénin aux nouvelles menaces régionales, ainsi que d’identifier des actions complémentaires qui contribueront à compléter ce processus. Le Bénin ne tiendra pas ce challenge sans le soutien de l’Union européenne. L’organisation se veut un partenaire important sur ce projet pour deux raisons majeures. La première est liée à l’augmentation de la violence qui touche les populations de plusieurs pays voisins, et qui menace de s’étendre en direction du Bénin, indique Sylvia Hartleif. La deuxième raison repose sur les priorités de politique extérieure de l’Ue en Afrique de l’Ouest.
En effet, le haut représentant de l’Ue pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a réaffirmé en avril 2020 la nécessité de consacrer encore plus de ressources pour lutter contre l’extension de l’instabilité au-delà du Sahel, en annonçant un montant supplémentaire de 194 millions d’euros pour soutenir la sécurité, la stabilité et la résilience de la région. Un appui d’autant plus justifié que la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest est devenue plus préoccupante ces dernières années avec des actes de violence de masse perpétrés notamment au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Nigeria.
Les travaux de ce jeudi ont permis essentiellement d’échanger sur le processus d’adaptation du dispositif de sécurité nationale aux nouvelles menaces sécuritaires contre l’Etat et la population avec pour objectifs majeurs de consolider une compréhension commune du processus lancé depuis 2016 et visant à adapter le secteur de la sécurité du Bénin aux nouvelles menaces régionales, de préciser les priorités et identifier des actions complémentaires nécessaires à la bonne mise en œuvre de la suite de ce processus. Ils aboutiront à une feuille de route pour la transformation du secteur de la sécurité du Bénin.
Document qui pourrait notamment servir plus tard à nourrir une discussion spécifique entre le Bénin, l’Ue et les États européens sur le soutien et l’assistance qu’ils pourraient apporter au secteur de la sécurité en cohérence avec les priorités nationales. Tous les efforts pour adapter le secteur de la sécurité du Bénin aux nouvelles menaces ont besoin d’être soutenus et l’Union européenne se positionne comme un partenaire privilégié du Bénin, rassure l’ambassadrice cheffe de la délégation de l’Ue qui voit cette rencontre comme «une opportunité précieuse pour nourrir le débat avec des idées concrètes ».
Armand Nouatin, ministre délégué en charge de la Défense, assurant par ailleurs l’intérim de son collègue de l’Intérieur et de la Sécurité publique reconnait que la « pression terroriste descend progressivement vers les pays côtiers de telle sorte que la plupart des pays limitrophes du Bénin comme le Nigeria, le Niger et le Burkina Faso vivent déjà depuis longtemps, les affres de ce phénomène aux conséquences incalculables ».
Le Bénin a sollicité l’appui de l’Union européenne pour faire face à cette menace déjà à ses portes. Cette requête répond de la volonté de l’Etat de disposer d’une expertise en réforme du secteur de la sécurité et pour la prévention de l’extrémisme violent, indique le ministre. Pour lui, les forces de défense et de sécurité doivent être en mesure de réagir aux menaces contre la quiétude des populations et cela passe par de tels exercices. Il s’est surtout réjoui des travaux réalisés en amont, notamment la collecte des données dans plusieurs localités du pays. Armand Nouatin se félicite surtout de cette analyse diagnostique qui apporte un regard extérieur sur tout ce qui a été fait récemment dans le domaine sécuritaire au Bénin. Les deux parties, fait-il observer, peuvent donc nourrir une discussion éclairée et travailler sur toutes les données recueillies pour les rendre fiables en vue d’une adaptation aux nouvelles menaces.