Une lettre du cardinal Tagle, préfet de la Congrégation de l’évangélisation des peuples suggère aux diocèses des territoires de mission qui le peuvent de renoncer aux subsides au profit de ceux d’entre eux qui en ont le plus besoin.
Mgr Pascal N’koué, archevêque de Parakou et administrateur apostolique du diocèse de Djougou (Nord-Bénin) ainsi que certains de ses collaborateurs ont réagi à cette lettre, expliquant à La Croix Africa les dispositions prises au niveau de leur Église locale pour une autonomie financière.
« Je n’ai pas été surpris par cette lettre du cardinal Tagle tout simplement parce qu’il y avait déjà plusieurs années que l’alerte était donnée. De temps en temps, on nous rappelait qu’il risquait d’y avoir interruption de subsides », fait remarquer Mgr Pascal N’koué, archevêque de Parakou, exprimant ainsi sa réception du courrier du responsable des Œuvres pontificales missionnaires (OPM) sur les subsides.
Pour lui, « cette fois-ci, c’est un signal sérieux ». « Rome a toujours essayé de nous accompagner. Mais là, au regard de la situation actuelle, il dit : “vraiment, maintenant, vous-mêmes, regardez ; je ne peux plus” ». Aux yeux du prélat, face à cette situation, « ce n’est pas la peine de rester là à pleurnicher, mais plutôt une occasion d’une plus grande conscience de la nécessité de l’auto-prise en charge ». Cette conscience, Mgr N’koué dit s’appliquer à l’insuffler au diocèse de Parakou sur divers plans depuis 2011, année de son installation dans ce diocèse du nord du Bénin.
« Faire de tout le diocèse une coopérative »
Déjà, pour l’année pastorale 2018-2019 qui coïncidait également avec l’ouverture du jubilé des 75 ans du diocèse, le thème retenu était : « L’autofinancement pour notre mission d’évangélisation : jette tes béquilles et marche ». Pour son autonomie, le diocèse de Parakou a opté pour, entre autres, une mise en place et une densification des unités de production. « En 2014, l’imprimerie Ste Anne fut créée, en 2018, le restaurant Stes Marthe et Marie, en 2020, une boulangerie-pâtisserie, etc. », explique le père Yaceinth Kochoni, économe du diocèse.
De plus, dans la plupart des paroisses du diocèse de Parakou, même en milieu urbain, il existe de petites unités de production agricole (jardin et/ou élevage). « Cela leur a été d’un grand secours pendant la récente période de fermeture des églises compte tenu de la pandémie du Coronavirus », fait-il remarquer. Par ailleurs, « le diocèse – explique encore le père Kochoni – a mis en place en 2019 à Ténourou, un Centre pastoral dénommé Africae munus où nous avons déjà reboisé plus de 30 hectares ».
« En vue, une extension du projet à 600 hectares avec l’appui de la Caritas diocésaine », renchérit le père Maxime Hennou, directeur diocésain de la Caritas. Le père Hennou estime que « c’est possible de faire de tout un diocèse une coopérative ». C’est, en effet, d’une économie circulaire que rêve l’équipe de Mgr N’koué. « Notre diocèse compte 30 000 chrétiens de différentes localités, cultures, formations et expériences. Quand on s’imagine que tous ceux-là peuvent se mettre ensemble pour produire et livrer des biens de consommation et de service », analyse enthousiasmé, le père Hennou.
« Former des prêtres Laudato si »
Le diocèse de Parakou est le seul au Bénin à disposer de deux séminaires diocésains, une propédeutique et un grand séminaire. « Pour notre archevêque, la formation des séminaristes repose sur trois piliers : la tête (dimension intellectuelle), les mains (l’initiation au travail manuel) et le cœur (l’intériorité avec Dieu) » explique le père Dieudonné Ahyité, recteur du séminaire Mgr Chopard Lallier, le séminaire propédeutique du diocèse de Parakou. Selon lui, la production agricole interne de l’institution faite d’igname, de pois d’angole, de manioc, de mil, etc. couvre environ 40 % de ses besoins, ceux relatifs à l’alimentation des séminaristes en l’occurrence.
« Mon rêve, c’est de former une nouvelle génération de prêtres Laudato Si, heureux de communiquer avec la nature, fiers d’être Africains et missionnaires aux cœurs pleins de flamme », explicite l’archevêque de Parakou. En conséquence, ajoute-t-il « les futurs prêtres se feront paysans avec les paysans, éleveurs avec les éleveurs, maçons avec les maçons, etc. cela n’exclut pas qu’ils aient une bonne formation intellectuelle, philosophique et théologique ».