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Présidentielle 2021: Que valent les duos en lice ?

Publié le lundi 1 mars 2021  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
De gauche à droite les 3 candidats tête de liste pour la présidentielle de 2021 au Bénin Corentin Kohoué, Patrice Talon et Alassane Soumanou Djemba
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Vingt candidatures au départ, trois à l’arrivée. Influences et défaillances de ces trois duos retenus par la haute juridiction, pour le compte de la présidentielle prochaine.

Les électeurs béninois iront choisir leurs candidats le 11 avril, dans le cadre du premier tour de la présidentielle. Entre le duo Patrice Talon – Mariam Chabi Talata, Alassane Soumanou Djemba – Paul Hounkpè et Corentin Kohoué – Iréné Agossa, qui sera ou seront oint(s) à l’issue de ce premier tour ? En attendant que les urnes ne révèlent de quoi chacun d’eux aura été capable, il est évident qu’autant qu’ils sont, ils ont leurs forces et faiblesses qui les caractérisent. Lesquelles seront entre autres déterminantes dans leur choix, au soir de cette joute électorale.

Talon-Talata

Président en exercice, Patrice Talon est aussi la première fortune du Bénin. Beaucoup plus discret que ses prédécesseurs, l’ancien magnat du coton et des intrants a forcément un bilan à défendre. Du domaine des infrastructures routières aux réformes de plusieurs ordres, le Chef de l’État actuel et candidat à sa propre succession va surfer sur la nécessité de poursuivre ses actions. En plus d’avoir les moyens de l’État à sa disposition, Patrice Talon contrôle également toutes les institutions et organes de décisions. Contrairement à ses challengers qui ne sont que des novices quant à cette élection, l’homme est entouré des deux partis politiques les plus représentés au Bénin actuellement. Ceci, ajouté aux autres formations politiques satellites qui ne continuent d’avoir d’yeux que pour lui et pour sa gouvernance. Représentés partout sur le plan national, ces partis politiques acquis à sa cause feront le nécessaire pour prêcher son évangile, dans tous les coins du pays. Néanmoins, en dehors de ces atouts qui déterminent la candidature du Président de la République, des faiblesses jalonnent aussi ses nouvelles ambitions. En effet, apparu au départ comme un dirigeant qui tient au respect de la parole donnée, beaucoup ont fini par découvrir un autre Patrice Talon. Lequel, en dehors d’avoir refusé de respecter sa promesse de mandat unique, ne respecte non plus les décisions de justice, en sa défaveur. Les nombreux arrêts de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cadhp) contre le Bénin qui n’ont aussi jamais été respectés, sont un exemple patent de cet affront. Une situation qui a d’ailleurs entre autres amené des figures de proue de la démocratie béninoise dont des personnalités les plus influentes du pays, à le voir comme un Président antidémocratique. L’autre souci majeur qui ne manque pas de déteindre sur son bilan quinquennal, c’est le manque de social et d’humanisme. La détermination des gens et partis d’opposition exclus ou recalés des différents processus électoraux à en finir avec sa gouvernance jugée autocratique est une autre faiblesse qui ne fait pas honneur à la gouvernance de Patrice Talon.

Sa colistière, enseignante de philosophie de Profession et cadre de l’administration publique, est l’actuelle première vice-présidente de l’Assemblée nationale (une première). Autrement, celle qui accompagne le Chef de l’État à cette élection est la première des femmes députés au parlement. Si les autres duos n’ont pour vice rien que des hommes, la personne de Mariam Chabi Talata demeure donc un atout pour son duo. Elle pourra compter sur le soutien de son parti Union progressiste (Up) qui, au vu des récentes élections, est le premier sur le plan national. Ressortissante du nord Bénin, elle a aussi la chance de compléter donc son colistier et entre dans la règle de l’équilibre régional. Par contre, Mariam Chabi Talata n’a pas une notoriété certaine. Une faiblesse qui ne manquera pas de hanter sa candidature. Même si elle a longtemps milité dans le parti Cds de Sacca Lafia, ce militantisme non révélé ne fait pas d’elle, une personnalité politique charismatique. Pis, son choix par Patrice Talon s’apparente à un choix par défaut car, n’étant pas de première main. En d’autres termes, tout montre qu’elle n’était pas préparée dès le début, pour ce job.

Soumanou-Hounkpè

Candidat au poste de Président pour le compte du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), Alassane Soumanou Djimba dit Gateri n’est pas un néophyte, dans l’arène politique du Bénin. Plusieurs fois élu député à l’Assemblée nationale, il a été longtemps Directeur Général de la Sobemap et Ministre de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle sous Boni Yayi. Ainsi, il a eu la chance de côtoyer et de gérer le monde des enseignants et des dockers. De ce fait, il devrait avoir plus ou moins des partisans à ce niveau. Natif d’une des plus grandes villes du Nord qu’est Djougou, l’appétence des citoyens de cette commune de voir un jour le pouvoir venir vers eux est un prisme qui pourrait bonifier la candidature de Alassane Soumanou Djimba. Mieux, en se réclamant de l’opposition au régime de Patrice Talon, sa candidature a aussi pour atout d’attirer ceux qui continuent d’associer le cauri comme pour le cas des communales passées, à l’ancien Président de la République Boni Yayi. À contrario, Alassane Soumanou Djimba présente aussi des faiblesses qui confondent sa détermination à gagner cette élection. Il provient d’une Fcbe éreintée, faute de sa scission. En plus de sa descente politique en descrecendo vu le score qu’il a fait à Djougou lors de ces communales, il est clair que sa notoriété est compromise. D’autant plus qu’au Sud Bénin, il n’est véritablement pas connu. L’autre faiblesse qui jonche sa candidature est qu’il est traité à tort ou à raison par certains béninois, de candidat fabriqué par le régime.

Ancien Maire de Bopa et ancien Ministre de la Culture, Paul Hounkpè apparaît comme le colistier tout trouvé de Alassane Soumanou Djimba. Symbole de l’équilibre régional dans ce duo, l’ancien conseiller communal de cette ville est aussi le premier responsable du parti Fcbe. Cette notoriété lui confère donc une influence notable au sein du parti, mais également dans le rang de ses militants. Avec plusieurs élus et six Maires à la clé, son management au sein de son parti met forcément ses partisans d’accord. Sa candidature au poste de Vice-président est aussi une représentation parfaite de ce qui semble être son humilité. Des forces qui sont à son actif et qui devront l’aider à mieux concourir le 11 avril. Seulement, d’autres principes et faits font de lui, un candidat avec des défaillances. Soupçonné d’être aux ordres du pouvoir, Paul Hounkpè est devenu une personnalité controversée de l’opposition dont il se réclame. Car entre autres reproches, il est accusé d’avoir pris en otage le parti, même par certains de ses compagnons suspendus présentement du parti. Les nombreux départs vers l’opposition radicale et la mouvance de son parti sont des faits qui sont loin d’être en sa faveur. N’ayant pas réussi à se faire élire Maire dans sa commune pour les communales dernières, son challenge pour cette présidentielle semble être une ambivalence qui, entre autres, le dessert.

Kohoué-Agossa

Ancien Préfet du Mono et ancien Directeur général de la Société béninoise d’électricité et d’eau (Sbee), Corentin Kohoué est un homme visiblement de réseaux, qui maîtrise l’administration territoriale du Bénin. Candidat titulaire du Mouvement Restaurer la confiance (Rc), il est également une figure politique béninoise, avant même l’avènement de la démocratie au Bénin. Ancien communiste, puis partisan du Psd de Bruno Amoussou, il provient d’une région qui a toujours manifesté son envie de diriger une fois, le Bénin. Une soif que les populations du Mono-Couffo peuvent chercher à assouvir, à travers sa candidature. Membre du parti «Les Démocrates» malgré sa suspension, Corentin Kohoué, même s’il s’est véritablement fait découvrir à partir de cette présidentielle, n’apparait pas à l’aune de son passé politique et professionnel, comme un poids léger. Concernant ses faiblesses, elles ne sont pas des moindres non plus. C’est un candidat dissident. Voué aux gémonies par ce parti de l’opposition après avoir été suspendu, sa grande faiblesse est qu’il n’est de ce fait et, ce contrairement aux autres duos, épaulé par une véritable formation politique ayant déjà fait ses preuves. Son rêve de se faire porter par la puissante machine de l’opposition, c’est-à-dire rallier ses compagnons du parti à sa candidature est difficile voire impossible. Ce qui devrait être un atout certain si c’était le cas, pour faire douter le candidat du pouvoir est son principal point d’Achille. Car, même s’il clame que certains de ses partisans l’appellent, il lui sera difficile de rallier ses compagnons du parti pour faire régner l’alternance.

Son colistier Iréné Agossa, est un habitué des médias, qui n’est plus à présenter au Bénin. Précurseur du mouvement estudiantin Union nationale des étudiants du Bénin (Uneb), il a également été membre de la coalition G13, conseiller à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), mais aussi Conseiller au Palais de la Marina puis Directeur général de la Sonacop sous Yayi Boni. Un passé qui forge l’admiration de l’homme et qui fait de lui un homme entreprenant et par conséquent un colistier connu, même plus que son candidat titulaire. Également membre suspendu du parti «Les Démocrates» au même titre et pour les mêmes raisons que son candidat titulaire, Iréné Agossa a d’ailleurs été à la base de l’obtention des parrainages pour le compte de son duo, à cette présidentielle. Mais, il a également des faiblesses qui empiètent sur sa candidature. Accusé d’avoir infiltré son nouveau parti et d’être au service du pouvoir, sa personnalité à l’instar de celle de son titulaire est écorchée. Natif d’Agonlin, sa candidature souffre de l’absence d’un autre déterminant important qui demeure la vraie structure capable de porter et de véhiculer ses idées. Comme Corentin Kohoué, il n’est pas évident qu’il bénéficie de l’onction de son parti dont il est toujours membre, malgré tout. Autrement, à part le Mpl qui n’a encore rien prouvé politiquement, Iréné Agossa aura fort à faire pour convaincre ou fédérer des personnalités et figures de l’opposition véritable, autour de sa candidature.

Janvier GBEDO
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