Présidentielle 2021/ Foire Pour Un Fort Taux De Participation: Ça Contraste Avec La “Popularité” De Talon

Publié le mercredi 3 mars 2021 | Matin libre

© Autre presse par DR
Le duo du président-candidat, Patrice Talon, se retrouve en 3ème position sur le bulletin unique de vote

La Présidentielle d’avril 2021 a des similitudes avec les Législatives de 2019 et les communales et municipales de 2020. Elle se déroule dans un contexte où l’Opposition crie à l’exclusion. Du coup, la bataille du taux de participation risque d’être le véritable enjeu.

Des mouvements et associations proches de la Mouvance présidentielle investissent les villes et campagnes pour appeler les populations à aller exprimer leur vote le 11 avril prochain, jour du 1er tour de la Présidentielle. Aux Législatives du 28 avril 2019, alors que la Commission électorale nationale autonome (Céna) a évoqué un taux de participation de 22,99%, il sera revu à la hausse (27,1%) par la Cour constitutionnelle, organe chargé de proclamer les résultats définitifs. Mais cela reste le plus faible taux de participation jamais enregistré. Depuis 1990, jamais le taux de participation à des élections n’était descendu sous la barre des 50%. Principale cause de cette abstention record, l’exclusion de l’Opposition sur la base de lois crisogènes votées par un Parlement acquis à la cause du pouvoir de la Rupture. Présidentielle de 2021, avec l’exclusion des duos Reckya Madougou-Patrick Djivo et Joël Aïvo-Moïse Kérékou, l’Opposition crie encore à l’exclusion. Les mêmes causes risquant de produire les mêmes effets, des associations et mouvements proches du pouvoir essaient de jouer leur partition pour un fort taux de participation. Objectif, rendre crédible une élection à polémique, parce que déjà teintée d’exclusion. Mais cette campagne intervient après une tournée du chef de l’Etat dans les communes du Bénin.

En effet, du 12 novembre 2020 au 15 janvier 2021, Patrice Talon a parcouru les 77 communes du Bénin. Cette tournée, dite de reddition de compte, a servi d’occasion, pour le pouvoir de la Rupture, de montrer combien le chef de l’Etat est adoubé par les populations des villes et campagnes. Pour ses œuvres à la tête du pays depuis 2016, Patrice Talon est si populaire que partout où il est passé, c’est avec joie et ferveur que les populations l’ont accueilli. Certes ! Mais si tant est que cette popularité ne souffre d’aucune fioriture, pourquoi, deux mois après, a-t-on encore senti le besoin d’inciter les mêmes populations à sortir pour aller exprimer leur soutien ?

En 2019, les thuriféraires du régime, pour justifier le faible taux de participation aux Législatives, avaient évoqué la psychose répandue au sein des populations par l’Opposition. Pour eux, ce n’est nullement le fait que seuls les deux partis siamois se réclamant du chef de l’Etat soient en compétition la cause de cette abstention record mais parce que l’Opposition a vendu la peur aux populations. Aujourd’hui, l’Opposition n’a encore donné aucun mot d’ordre. Elle constate juste son exclusion du processus et appelle à une élection ouverte. Mais les mouvements et associations proches du pouvoir anticipent déjà sur un probable faible taux de participation et déploient des moyens pour tenter d’y parer. La prétendue peur vendue par l’Opposition en 2019 n’était-il pas alors un faux-fuyant, un alibi pour voiler la vraie cause du faible taux de participation, l’exclusion de l’Opposition, encore d’actualité en 2021 ?

M.M

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