C’est 48 heures de forte tension que le Sénégal, et principalement la capitale Dakar, a vécu. Une nouvelle journée de violences est redoutée avec l’appel à manifester du Mouvement Y en a marre et des partis politiques réunis autour du Front de résistance nationale (Frn) pour la préservation de la démocratie et des libertés.
L’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko pour trouble à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisé, alors qu’il se rendait mercredi 3 mars 2021, au palais de justice pour répondre au juge d’instruction du 8e Cabinet dans le cadre d’une plainte d’une employée dun salon de massage, a été à l’origine de l’éclatement de la violence.
Les intérêts français ciblés
Les manifestations des partisans d’Ousmane Sonko qui exigent sa libération ont été émaillées de violences, de saccage et de pillage. Les enseignes françaises présentes au Sénégal ont été principalement visées. Près d’une dizaine de magasins AUCHAN dans différentes localités de Dakar ont été ciblés, vendalisés et pillés. Les stations-services TOTAL ont également fait les frais de la furie des manifestants.
Deux morts
Les violentes manifestations de ce jeudi 4 mars ont causé la mort de deux jeunes. À Bignona, un jeune du nom de Cheikh Coly a succombé à ses blessures après avoir été blessé par balle.
A Yeumbeul, dans la banlieue de Dakar, Cheikh Diop, un adolescent, apprenti-mécanicien de 17 ans, a été tué d’une balle à la tête, ont rapporté ses proches.
Les médias attaqués
La presse n’a pas été épargnée. La RFM, radio du groupe Futurs médias appartenant à Youssou Ndour, a été attaquée par des bandes de jeunes qui ont caillassé les vitres de l’immeuble El Hadj Élimine Ndour qui l’abrite et tenté d’accéder aux locaux en vain. Avant, les véhicules de service et des employés sur le parking ont été incendiés.
Il faut dire que, sur les réseaux sociaux, les partisans de Sonko et des activistes n’ont cessé d’accuser le groupe de presse de Youssou Ndour de partialité.
Le quotidien national Le Soleil a été également pris pour cible. Plusieurs incendies se sont déclarés au siège à Hann Bel Air avant d’être vite maîtrisés.
Quelques heures avant ces attaques, les télévisions Sen TV et Walf TV ont vu leur signal coupé par l’autorité de régulation de l’audiovisuel qui leur reproche d’appeler à la violence par la diffusion en direct des manifestations et scènes de violence. Le signal des deux médias ont ont été suspendu pour 72 heures après qu’ils ont reçu un avertissement, mercredi.
La diffusion de l’avertissement par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a été suivie d’une condamnation ferme des différentes organisations de presse qui, dans un communiqué, ont qualifié l’organe de régulation, "d’obsolète".
Vendredi de tous les dangers
Ce vendredi, Ousmane Sonko qui est en garde-à-vue à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane doit être amené chez le Doyen des juges d’instruction Samba Sall pour être auditionné .
Des appels à l’apaisement ont été lancés afin de faire redescendre la tension. Reste à savoir s’ils ont été entendus de part et d’autre.