Un travail de Sisyphe ? Du moins, ça a tout l’air. En effet, depuis 2016 que Patrice Talon préside aux destinées du pays, l’Opposition et certaines personnalités politiques et de la société civile ne tarissent pas d’initiatives pour, dit-elle, stopper les dérives du pouvoir de la Rupture. Mais à l’arrivée, en tout cas à quelques quatre semaines de la fin du quinquennat, on pourrait se demander si tout ça n’est pas du vent ?
A quand réellement le fruit mûr ? En d’autres termes, quand est-ce que l’aile dure de l’opposition à Talon à laquelle s’ajoutent certaines personnalités, qui ne se retrouvent pas dans la gouvernance actuelle, finiront par restaurer la démocratie et rétablir l’Etat de droit ? Des principaux discours, le plat de résistance, c’est bien le résultat qu’on vise. Et dans cette veine, les projets foisonnent. A quelques différences près, ce sont les mêmes têtes qui créent divers creusets sous des leaderships différents. Tellement il y a eu de mouvements, de coalitions, de Front et d’instruments de lutte que le peuple pourrait se perdre dans ” qui fait quoi au juste? ” pour qu’on en soit toujours là à caresser le rêve. Pis, dans une aggravation de la situation, puisque depuis lors, la justice n’a de cesse d’en capturer, presque au quotidien, dans le lot et d’en envoyer au gnouf. De son côté aussi, le système ne permet toujours pas aux principales forces de l’aile dure de l’opposition de participer aux joutes électorales. En 2019, malgré les démarches et diligences menées, elles ont suivi ” de loin” les élections législatives. Bis repetita pour les Communales et municipales de 2020. Et visiblement le même scénario pour l’élection capitale, la présidentielle, qui détermine l’orientation d’un pays sur des années. Certes, ça donne de la voix, des initiatives se mettent en place, on menace… Mais en face, le pouvoir fonce et déroule son agenda. Rien ne peut l’arrêter, apparemment, dans son élan. Même pas la Communauté Internationale et autres instances africaines ou sous-régionales auxquelles s’agrippent cette Opposition et compagnie. Parlant d’initiatives qui poussent des quatre murs, la dernière rendue publique, il y a quelques jours seulement, c’est le Cadre national de concertation des forces politiques, sociales et économiques pour la restauration de la démocratie et l’État de droit au Bénin. C’était dimanche 28 février 2021 dans la fièvre commémorative des 31 ans de l’historique Conférence nationale des forces vives de la nation qu’avait organisée le pays et qui a débouché sur l’ère du Renouveau démocratique. Il faut souligner que le nouveau creuset a été installé par un autre appelé Groupe national de contact (Gnc) qui fait de la restauration de la démocratie et de l’État de droit au Bénin, son ADN. Peut-être que les Béninois en savent quelque chose sur le Gnc… Parallèlement, le Front pour la restauration de la démocratie (Frd) créé dans la foulée de la présidentielle est une autre initiative. Sans oublier le Collectif pour l’ordre démocratique au Bénin (Coder), la dynamique << S’engager pour le Bénin>> et la Résistance qui fut un gros instrument de combat. Mais somme toute, le grand regroupement de Djeffa, le 14 avril 2018 aura été certainement le déclic de cette floraison d’initiatives portées ici et là sur les fonts baptismaux. Sauf que trois ans après Djeffa où le désir ardent de restaurer la démocratie et l’État de droit a été exprimé à la face du monde, c’est à croire qu’on va de lendemain en lendemain. Certains observateurs estiment même qu’il y a plus de discours que de pragmatisme. Pendant ce temps, le train de la Rupture passe. Et le mandat unique demandé au départ égrène ses derniers jours avec même sa rallonge. Eu égard à tous ces constats, il convient de se demander si l’agenda des acteurs de l’opposition et de certaines personnalités va au-delà de la création de ces creusets mis en place.