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Art et Culture

Film Adù quatre fois récompensé aux Goya Awards 2021: Une fierté pour le Bénin

Publié le mercredi 17 mars 2021  |  La Nation
Film
© Autre presse par dr
Film Adù (l`affiche du film Adu)
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Par Ariel GBAGUIDI,

Tourné en grande partie au Bénin, le film ‘‘Adù’’ a reçu quatre grands prix, début mars, lors de la 35e édition des Goya Awards 2021 en Espagne. Derrière un tel succès se cachent nombre de cinéastes béninois, les uns aussi talentueux que les autres. De plus, la percée du film révèle le Bénin comme une destination extraordinaire en matière de décors et de tournage cinématographiques au plan mondial.


Adù est un film de 119 minutes (de nationalité espagnole) tourné à 70 voire 80 % dans plusieurs villes du Bénin. Lors de la 35e édition des Goya Awards 2021 en Espagne, ce film est nominé treize fois et remporte quatre prestigieux prix, notamment ceux de la meilleure réalisation, du meilleur espoir masculin, de la meilleure production, et du meilleur son. Claude Balogoun, directeur de Gangan production qui avait à charge la réalisation de ce film, ne pouvait pas contenir sa joie lorsque la bonne nouvelle lui est parvenue début mars. Une joie qui se fait toujours remarquer quand on l’interroge sur le sujet.
« C’est une joie immense pour moi et pour toute l’équipe technique qui, autour de moi, a fait aboutir ce projet (…). Ça, c’est le meilleur diplôme que nous venons de recevoir parce que nous avons tourné le film avec près de 600 personnes dont 70 Espagnols et une quinzaine de Nigérians…», confie-t-il.
Tout au début de cette aventure, Claude Balogoun dit avoir postulé à l’appel à proposition publié par l’équipe espagnole du film emmenée à Cotonou par l’actrice Bella Agossou. Ayant vite compris de quoi avait besoin cette équipe, il a proposé un dossier bien imagé. « Ce dont ils avaient besoin, une partie existe au Bénin (les comédiens, les techniciens et surtout les décors) et l’autre partie non (l’ingénierie technique) », explique le producteur du film, qui après son choix définitif comme producteur, s’est alors rendu au Nigeria pour ramener via ses relations, ce qui manquait pour que le tournage se déroule dans les conditions souhaitées.
Aujourd’hui, le succès du film montre, selon lui, que le Bénin peut aussi jouer dans la cour des grands. A l’en croire, il suffit juste de travailler et de se donner les moyens pour, et le retour est certain. Et en général, les films, dit-il, créent la richesse. « Ce que ce film apporte pour le pays, ce sont les emplois créés, les impôts payés, on a eu près de 500 Béninois qui ont travaillé et qui ont été payés et il n’y a pas eu de remous. C’est une grosse expérience que le Bénin a gagnée. Et c’est le nom Bénin qui est cité partout à travers cette production », se réjouit-il. Outre cela, Claude Balogoun pense que ‘‘Adù’’ vient édifier les autorités béninoises qui comprennent désormais qu’il est possible pour les acteurs locaux de produire des films du genre au Bénin car, le talent et la compétence existent. L’autre chose, c’est qu’à travers ce film, dit-il, le Bénin va gagner d’autres types de production qui vont mettre les comédiens, les scénaristes au travail afin de réduire le taux de chômage dans le secteur et au sein des jeunes et des femmes en général.
« Ce n’est qu’en faisant, qu’on acquiert de l’expérience et qu’on gagne de la compétence pour se frotter aux autres », rappelle-t-il, tout en espérant qu’avec l’expérience de ‘‘Adu’’, les autorités béninoises sauront désormais mieux financer les projets de productions nationales.



Cinq choses ont marqué le producteur du film ‘‘Adù’’ lors du tournage. Pêle-mêle, il cite l’engagement du gouvernement à travers le ministère de la Culture, la visite du chef de l’Etat sur les lieux du casting des acteurs du film dont celui du jeune garçon qui a joué le rôle principal. « Le chef de l’Etat était là pour visiter le chantier de réfection du Hall des arts et nous, on était dans la cour (…) Ce n’était pas prévu et le chef de l’Etat aussi ne savait peut-être pas qu’il y avait un casting du genre à l’heure-là ou peut-être qu’il l’a appris… Mais pour nous, sa présence était un moment très fort avant la production », confie-t-il. L’autre point positif qui l’a marqué, dit-il, c’est l’engagement et la force de Bella Agossou qui, lors de la sélection de la maison de production, lui a communiqué ce virus d’engagement et de force.

Il y a aussi des moments d’inquiétudes que le producteur du film n’oublie pas. « L’équipe espagnole a passé plus d’un mois à Cotonou et environs cherchant en vain le petit de 7 à 9 ans qui va incarner l’acteur principal du film. L’équipe a failli faire descendre un autre petit d’une autre nationalité. Mais on s’est dit ‘’allons à Parakou pour voir’’. C’est fortuitement à Parakou que la directrice du casting rencontre ce petit qui s’amusait avec des enfants de son âge, et c’était le petit qui dirigeait l’équipe. Ça a intrigué la dame qui s’est rapprochée de lui, et a demandé son nom. Le petit répond Moustapha, et la dame demande ensuite son patronyme puis le petit répond: non ! je suis chef quartier… (rire). C’est comme ça que le petit a été pris », raconte Claude Balogoun. La dernière chose qu’il garde comme souvenir, c’est le nombre de contrats qu’il a signés en un laps de temps, le nombre de millions et les impôts payés, la discipline qui a régné sur les platines.
Au regard du succès de ce film qui révèle à tous le talent et les compétences des cinéastes béninois, il plaide pour que l’Etat aide les maisons de production à investir dans l’ingénierie cinématographie et artistique en général.
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