Dans presque toutes les religions au Bénin, bon nombres de fidèles boivent à la coupe du syncrétisme mettant ainsi à rude épreuve leur foi en Dieu. Très attachés à leurs origines traditionnelles, ils confondent souvent les croyances endogènes à la religion de blasphémer Dieu. Sa Majesté Oyédélé Ahmed Adam Ayédesso, roi de Challa-Ogoi et prédicateur en Islam, estime que c’est inadmissible de surplomber le maître du ciel et de la terre au nom d’une quelconque tradition. Il mène un combat dans ce sens en apportant, à travers ses prédications itinérantes, la lumière en vue de dissiper les ténèbres et raffermir la foi chrétienne de tous les croyants en général et des musulmans en particulier.
Servir deux maîtres sans empiéter sur les principes sacrosaints qui gouvernent chacun d’eux, cela ne court pas les rues, mais c’est possible. Oyédélé Ahmed Adam Ayédesso, bien qu’il soit un Chéou fervent, sert également la tradition, parce que couronné roi de Challa-Ogoï, dans la Commune de Ouèssè. “La religion et la tradition, sont deux doctrines différentes qu’il ne faut pas mélanger” fait-il savoir. Cependant, il est possible de pratiquer les deux simultanément. “La tradition n’empêche pas quelqu’un de suivre la religion et vice versa. Il n’y a rien de compliqué. C’est celui qui ne comprend pas qui complique les choses” insiste-t-il. Mais comment peut-on s’y prendre pour éviter de s’attirer la colère de ses maîtres? Sa Majesté Oyédélé Ahmed Adam Ayédesso, roi de Challa-Ogoï et prédicateur en Islam, évoque sa compréhension à ce sujet. D’après ses explications, à l’avènement des religions révélées, les parents avaient leurs croyances, leurs manières de faire. Pourtant, à l’entame de n’importe quelle cérémonie coutumière, ils invoquent d’abord Dieu. Ils disent: ”Elé dù ma ré’ en yoruba. Ils mettent Dieu au centre de toutes leurs actions et de toutes leurs préoccupations sachant très bien que sans Dieu, leurs prières ou libations ne seront être exhaussées. Cela voudra dire qu’ils reconnaissent un être suprême qui a le contrôle de toutes les entités du cosmos. “Au village, je suis musulman et en même temps le représentant de la culture traditionnelle. Garant de cette tradition depuis mon intronisation, il y a quatre ans, j’honore Dieu et les mânes de nos ancêtres. Lors des rites coutumiers, je me présente là où c’est nécessaire, je remets la dot qu’il faut pour la cérémonie. J’esquisse des pas de danse traditionnelle de chez moi et je me retire en laissant la suite à mes prêtres et prêtresses. Mais cela n’est pas synonyme d’un affaiblissement de ma foi en Dieu. Bien au contraire. A la fin, j’organise ma prédication avec foi et dévotion et je prie pour ma population” confesse-t-il. Cette démarche vise, à en croire les propos du prédicateur, à attirer l’attention de son peuple sur la place prépondérante que l’on doit accorder au Très Haut dans notre vie. “A travers notre prêche, nous leur disons que la tradition ne doit pas nous amener à remettre en cause l’existence de Dieu ou à perdre de vue son importance. La tradition héritée de nos ancêtres n’a rien à voir avec Dieu. Elle est une œuvre humaine, une création de l’homme dont le but est de se souvenir du passé de nos aïeux ici-bas. C’est une pratique sur laquelle on ne saurait trop s’appuyer et oublier Dieu. La tradition n’est donc pas interdite puis que nous sommes issues d’une famille qui a sa civilisation. Mais il faut le faire avec réserve étant donné que le créateur est au-dessus de tout” ajoute sa Majesté Oyédélé Adam Ayédesso. En d’autres thèmes, l’on ne peut, pour rien au monde, substituer la tradition, fut-elle africaine ou béninoise, riche ou non, à l’Eternel.
Le prix de la substitution
“Mon peuple périt faute de connaissance” dit l’Eternel. Héritiers de la tradition, les jeunes, de nos jours, en quête du lucre, ont dénaturé les connaissances endogènes qu’ils ont héritées. Sans une expérience de base, chacun tente d’y apporter du sein, des éléments exogènes dans le but d’enrichir la culture de ses parents. Du coup, la tradition perd son essence. ”Aujourd’hui, les gens tuent la culture à cause de leur ignorance. Le fétiche qui ne prend jamais par exemple du sang humain, ou de l’huile rouge ou encore de liqueur, on l’en donne sans savoir qu’on contribue ainsi à sa destruction. Tout ceci parce que nos ancêtres n’avaient pas connu l’écriture sinon leurs écrits seront pour nous une révélation. Pire, ils jettent de l’opprobre sur la tradition en se servant d’elle pour accomplir leurs vilains desseins. Par son biais, ils font du mal à autrui pour régresser la société. Ils envoûtent leur proche à cause des biens matériels, barrent la voie aux jeunes, bloquent leur avenir. Ils se servent également de la sorcellerie pour embrouiller la culture ancestrale, pour tuer. Alors que notre culture ne prône pas le malheur de quelqu’un, mais plutôt, le bonheur, l’amour et la paix. En fait, la tradition n’est pas méchante, c’est plutôt l’homme” fait observer le roi de Challa-Ogoï. Faute donc de connaissance, les jeunes font de l’amalgame entre la culture et la religion. Parfois même, ils prennent la place de Dieu ou même le rabaisse en se confiant à une statue ou à une motte de terre. ”Tu ne connais pas comment tu as été créé. Tu ne connais pas ton destin. Tu ne connais pas le jour de ta mort et tu soumets ta vie à une statue qui ne parle pas et qui ne vit pas. Alors que Dieu t’a mis au-dessus de toutes ces choses. C’est une abomination” regrette le prédicateur qui poursuit en indiquant que Dieu est jaloux au point où il ne tolère pas l’hypocrisie. “Je ne dis pas que la tradition est moins importante, mais tout dépend de comment l’on s’y prend”. Par conséquent, la souffrance a envahi la terre. Les cultivateurs, les commerçants, les artisans, les fonctionnaires, bref, tout le monde se lamente. “Personne n’arrive à profiter des fruits de son labeur parce que nous vivons dans une société désorganisée dans laquelle plus rien n’est à sa place”.
Le combat de Oyédélé
Chéou par rapport à ses œuvres divines et caritatives, sa Majesté Oyédélé Adam Ayédesso, est
investi d’une mission de restauration de la lumière et de la vérité. “J’ai suscité dans chaque tribu un prophète pour parler de moi” a dit Dieu. Ainsi, il a choisi Oyédélé Adam Ayédesso pour conduire son peuple des ténèbres à la lumière, en l’amenant à connaître davantage Dieu.
Né d’une famille musulmane, il a reçu l’appel de Dieu à 16ans lorsqu’il quittait le cercle familial pour une aventure dans une quinzaine de pays africains. Du Togo au Burkina-Faso en passant par le Nigéria, le Niger et autres, Oyédélé Adam a vécu les pires moments de sa vie avec ses maîtres Alfa de qui il a acquis de nombreuses connaissances liées à la prédication, à la prière, à la délivrance, à la guérison et à la protection. Compte tenu de sa docilité, ses maîtres lui ont tout transmis sans réserve. Parmi eux, c’est Cheik Mohamed Boya qui l’a le plus marqué. Ce dignitaire musulman hors pair, lui a montré l’importance du partage. “Un vendredi, alors que l’heure de la prière s’annonce, un griot se pointe chez Boya pour lui réclamer son seul véhicule. Sans hésiter, il lui remet la clé. On était tous surpris par ce geste. Quelques instants plus tard, cinq différents véhicules ont été mis à sa disposition. Dans la même période, il en a reçu au total quinze en contre partie à cette générosité inouïe. Chaque fois qu’il reçoit, il le redonne à ceux qui expriment le besoin. Peu importe la religion de la personne. Par cette attitude, il nous a appris que le musulman ou le non musulman doit aimer tout le monde” témoigne-t-il.
A 19 ans, il a commencé par recevoir des révélations de Dieu. Rentré au bercail 12 ans plus tard, le roi de Challa-Ogoï met en pratique ses connaissances en commençant pas la sanctification de son village natal à travers des séances de prières intenses auxquelles prennent par une foule immense. “Quiconque foule aujourd’hui la terre de mon village est béni. La prière est d’une importante capitale puis qu’elle intercède pour nous après notre mort” confie-t-il. Rien que par sa foi inébranlable en Dieu, Oyédélé Adam Ayédèsso opère des miracles pour la Gloire du Christ. De ce fait, il n’est pas adulé au sein de sa communauté. Il encaisse le plus souvent des coups après chaque sortie en mettant à l’épreuve sa foi. A titre illustratif, ”du retour d’une prêche dans le plateau, les moteurs des trois véhicules de notre cortège ont coulé. Mais cela n’a guère émoussé notre ardeur à continuer l’œuvre de Dieu” a-t-il laissé entendre. Incompris par sa démarche de proximité qui s’intéresse à tout le monde, ses collègues se moquent de lui. En un homme averti, il se met sagement au-dessus de la mêlée pour maintenir de très bonnes relations avec les Imams et autre dignitaires religieux afin d’étendre ses activités vers d’autres localités outre que le Nord et les Collines. Le département du Zou est sa prochaine destination. Basé à Bohicon, au quartier Zakpo, le prédicateur sympathise déjà avec les devins et les chefs traditionnels. Il exhorte les populations de Bohicon et environ à se joindre à lui, afin qu’ensemble, ils puissent échanger des expériences, décrypter les enseignements contenus dans la parole de Dieu pour en faire un bréviaire et restaurer la vérité. “Pour bénéficier de la bonté de Dieu, il faut nécessairement l’avoir dans son cœur. Eviter d’associer à sa foi d’autres considérations qui n’émanent pas de Dieu. Les chrétiens, de quelque obédience que ce soit, sont soumis à des tentatives. Néanmoins, grâce à leur foi, ils s’en sortent victorieux.” constate le Chéou. Par ailleurs il invite tous ceux qui ont des préoccupations diverses à se rapprocher de lui pour une satisfaction totale de leurs problèmes, quel que soit leur nature car ‘’toutes nos difficultés ont leurs solutions dans le Coran’’.