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Agapit Napoléon Maforikan:Une convocation de la Criet ne doit donner de la frayeur

Publié le mardi 23 mars 2021  |  Le Matinal
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© aCotonou.com par Didier Assogba
Le Bénin, la vitrine ouest-africaine de la lutte contre la corruption
Agapit Napoléon Maforika, rapporteur de l’Autorité Nationale de Lutte Contre la Corruption (ANLC)
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Doit-on avoir peur de répondre à une convocation émanant d’un officier de police judiciaire, d’un procureur ou d’un juge ? Cette préoccupation a retenu les attentions sur l’émission « Le grand soir » de la chaîne de télévision E-Télé hier lundi 22 mars 2021. Pour le Consultant politique et Expert électoral, Agapit Napoléon Maforikan, il n’y a pas à craindre de répondre à une convocation. Lire des extraits de son analyse.

« …De plus en plus au Bénin, le sens d’une convocation semble être mal compris. Quand elle émane d’un officier de police judiciaire, d’un procureur ou d’un juge, elle est, de facto, perçue comme un acte attestant d’office de la culpabilité de la personne qui la reçoit. Légitimement, l’intéressé s’enfouit dans les profondeurs de l’incertitude. Une sorte de frayeur s’empare de lui, et le garde cloué au sol. Stupéfait, dans sa tête défile une foule de questions sur les raisons de cette invite à se mettre à la disposition de la justice pour affaire le concernant. Que dois-je faire? Y déférer ? Au terme de ces questionnements, certains, se reprochant des peccadilles et craignant le risque de la garde-à-vue ou la détention préventive, font l’option délibérée de prendre la poudre d’escampette. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi beaucoup de nos concitoyens ont préféré l’exil volontaire se soustrayant des griffes de la justice. Or, déférer à une convocation, c’est un acte banal. C’est aider la justice pour la manifestation de la vérité dans une affaire donnée. Malheureusement, sous nos cieux, c’est l’exception. Le comble, c’est que quand elle est adressée à certaines personnalités politiques. On assiste à une sorte de manipulation. C’est le cas le weekend écoulé avec les populations de Bantè qui ont manifesté, affichant clairement leur opposition à la convocation que la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a décernée à leur édile. A mon avis, elles sont manipulées, car il n’y a pas de raison qu’elles soient informées qu’un tel document ait été remis au premier citoyen de la ville. En effet, une convocation est intuitu personae. Elle ne peut se retrouver sur la place publique, car on ne gongonne pas pour dire que telle personnalité l’a reçue. Comment les populations de Bantè ont alors fait pour savoir que leur maire a été convoqué par la justice ? La réponse à cette question pourra éclairer sur les instigateurs de ces manifestations de rue qui ont généré des blessés… »



Redéfinir le pacte social



« …La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) n’invente pas les chefs d’accusation. Elle traite les faits portés à sa connaissance. Si vous n’êtes mêlé à rien ou n’avez d’accointance particulière avec des prévenus, il n’y a aucune raison d’avoir peur. On ne doit pas avoir peur de ses propres institutions. A moins qu’on ait un problème de mal être. Et dans cette éventualité, il va falloir revoir tout notre système. Si tout le monde ne s’y reconnaît pas, il faut qu’on ouvre le débat et qu’on le change. Ce système qu’il faut remettre en cause, c’est bien évidemment notre vivre-ensemble ; ce pacte social dans lequel on est et on s’est menti depuis 30 ans en parlant de consensus qu’on n’a jamais eu, d’une démocratie qui est chancelante et mise à rude épreuve à chaque échéance électorale. On est dans un système débridé dans lequel certains parviennent à tirer leur épingle du jeu. Lorsqu’on tente d’y mettre un peu d’ordre, cela les perturbe, et ils sont prêts à toutes sortes d’actes pouvant compromettre la paix. C’est l’une des causes des actes d’incivisme vécus en 2019 dans cette région et où certains travaillent à la rendre bouillante, à la rendre un hulot dans la République. C’est une entreprise très dangereuse… »



Cesser le chantage à la paix



« …Il n’y a pas de timing en droit pénal. S’il y a un attentat ou un projet d’assassinat, on ne peut pas attendre que cela se réalise d’abord avant d’agir. Ce serait un ‘’médecin après la mort’’. L’État, étant dans la prévention, pour la sécurité de ses citoyens, tient compte du moindre détail. Et lorsque certaines informations lui parviennent, il agit par l’entremise de ses structures assermentées. Le chantage à la paix doit donc cesser. Il faut qu’on redéfinisse les règles du jeu. Sinon la République sera toujours mise en danger. Il faut que les agissements tendant à enfreindre les lois cessent et que les personnes qui s’y adonnent soient extirpées. Il faut les mettre hors d’état de nuire, parce que lorsqu’on laisse l’ivraie, il corrompt les bons grains… »

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