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Fin de mandat/Retour de certains ‘‘exilés’’ : Pourquoi l’approche sélective ?

Publié le jeudi 25 mars 2021  |  Matin libre
Les
© aCotonou.com par dr
Les opposants béninois
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La surprise du retour sans grand bruit de deux des personnalités béninoises, un militaire et un civil politique, qu’on peut considérer comme exilés sous le régime de la Rupture de Patrice Talon, continue de susciter des interrogations.



Pascal Tawès, accusé de vouloir renverser le pouvoir de Patrice Talon avec d’autres qui, sans doute, continuent de croupir en prison, rentre et a été reçu en pompe par le chef de l’État à la Présidence de la République. Au sortir de la salle climatisée et bien décorée, il se lance dans une propagande des actions du pouvoir. Lui qui, il y a quelques mois voire années, était très critique et menaçant. Depuis son retour, le Colonel, réputé spécialiste des coups d’État au Bénin et ancien attaché de défense à l’ambassade du Bénin aux États Unis, circule librement au nez et à la barbe des procureurs et juges sans être interpellé. Peut-être au nom de la paix, surtout en cette veille d’élection présidentielle.

On pensait que c’était fini. Erreur. Quelques jours après le show médiatique de l’officier supérieur des Forces armées béninoises à la retraite, ce sera le tour d’un exilé politique, candidat malheureux à la présidentielle de 2016, autres fois très virulent vis-à-vis du pouvoir Talon. En tout cas, depuis 2016 ou 2017 qu’il a traversé les frontières avec un mandat d’arrêt à ses trousses, il a été l’un des animateurs de la toile avec ses critiques contre le pouvoir en place à Cotonou.


Au grand étonnement des Béninois, Bertin Koovi fait allégeance à Patrice Talon depuis l’extérieur et décide de le soutenir pour son second mandat, même s’il était demandeur d’un seul. Quelques jours après cette fracassante déclaration, l’ancien ” opposant ” foule le sol béninois. Lui aussi embouche la trompette louangeuse des ” prouesses” du gouvernement de la Rupture. Depuis le début de la semaine qu’il est au pays, le mandat d’arrêt émis à l’international peine à avoir son effet. La police et la justice ne l’ont certainement pas encore repéré. Soit, au nom de la paix recherchée à quelques deux semaines du scrutin présidentiel, tout l’appareil judiciaire est devenu inopérant.

Mais loin s’en faut. Toutes les institutions ou structures fonctionnent normalement. La preuve, c’est courant cette même période que la candidate recalée de l’opposition radicale à Talon, Reckya Madougou et certains coaccusés ont été arrêtés et jetés au gnouf. Des convocations et interpellations continuent de parvenir à d’autres acteurs de cette opposition.

Le colonel Pascal Tawès et Bertin Koovi ont-ils finalement fait la bonne option, celle de louanger les actions du pouvoir du Nouveau départ pour se voir ” graciés” implicitement ? Dans ce cas, suffit-il de négocier en sous-marin son retour d’exil par simple déclaration de soutien au Programme d’action du gouvernement pour se voir effacé ses peines? Tout porte à le croire.

Comment la Rupture se compromet

Ce faisant, le pouvoir ne se compromet-il pas? In fine, ne donne-t-il pas raison à ceux qui clamaient que les condamnations distribuées çà et là à certains citoyens étaient purement politiques ? Sinon, pourquoi cette inaction ou ce mutisme du côté du gouvernement et de la justice quant aux poursuites judiciaires à l’encontre des deux cités supra? Et si cela participe d’une stratégie de recherche de la paix en cette période éminemment sensible, pourquoi ne pas l’applaudir ? Acte salutaire, mais pourquoi le chef de l’État n’a pas daigné acter ces retours de ses compatriotes? Et pourquoi ne fait-il pas d’une pierre plusieurs coups? Attend-il que Sébastien Ajavon, Komi Koutché, Léhady Soglo, Valentin Djènontin, Fatouma Djibril, Nadine Dako et tout le reste fassent comme Pascal Tawès et Bertin Koovi ? Est-ce parce que les deux exilés qui sont rentrés au pays n’ont pas le même poids politique qu’un certain Sébastien Ajavon, Komi Koutché ou Léhady Soglo? Le cas échéant, n’est-ce pas une lecture erronée de la stratégie adoptée pour décrisper la tension? L’intérêt pour les populations qui ruminent assez de choses n’est-il pas ailleurs que sur ces deux exilés désormais au bercail? Le chef de l’Etat attend-il que passe d’abord la présidentielle du 11 avril avant d’acter le retour de ces personnalités politiques ? Ce faisant, Patrice Talon n’étale-t-il pas au grand jour les limites de la séparation de pouvoir entre l’exécutif et le judiciaire ?

Autant de questions qui, pour l’heure, restent sans réponses du fait qu’officiellement, les dessous de ces retours de certains exilés ne sont pas encore connus.



Worou BORO
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