Reçu dans la Rubrique <> de l’émission <> de la chaîne de télévision Canal 3, Brice Hondi, président de l’Organisation Non Gouvernementale Club Excellence ADECO, a présenté les réalités auxquelles le secteur de l’artisanat se trouve confronté au Bénin. Il a, entre autres, cité la formation, le renforcement de capacité, la sensibilisation, l’accès aux financements et la solidarité dans le monde artisan. Sans langue de bois, Brice Hondi, expert en la matière, a présenté les problèmes du secteur et proposé des pistes de solutions pour son essor et sa participation à la création de richesses et d’emplois.
Comment se porte le secteur de l’artisanat au Bénin ?
Le secteur de l’artisanat se porte mieux et se portera de mieux en mieux. Sauf que la politique mise en place n’impacte pas la majorité des artisans. Il y en a qui vivent mieux pendant que d’autres demeurent dans la précarité. Donc, nous sommes à pieds d’oeuvre pour que dans le secteur, tous les artisans puissent mieux se porter et vivre de leurs productions.
Quelle est l’approche de l’ONG ADECO avec le Changement qui s’observe et la problématique de l’informel ?
Quand vous parlez de l’informel, ce n’est pas tout à fait vrai puisque plusieurs artisans ont ouvrert leurs portes et paient des taxes aux communes. Donc, on ne peut plus parler de l’informel dans ce cas.
On peut parler de l’informel lorsqu’il s’agit des petites et moyennes entreprises. Mais, un artisan qui a appris son métier, a ouvert ses portes et paye les taxes , participe à l’accroissement des ressources propres de nos villes. Donc aujourd’hui, on ne peut plus parler d’informel dans le secteur de l’artisanat. Pour notre part, nous sommes en train de travailler à ce que tous les artisans se mettent en règle.
Comment se passe la sensibilisation envers les artisans non en règle ?
Quand on a demandé aux artisans de se mettre en règle, beaucoup ont pensé aux impôts et ne se sont pas formalisés. C’est pour cela que l’Ong ADECO a entamé une plaidoirie pour l’organisation d’une deuxième phase de recensement. Car, ce que le gouvernement a fait, a impacté beaucoup d’artisans. Mais, il doit mieux faire encore. Notre rôle, c’est la sensibilisation. Les artisans ne sont pas très bien informés. D’où, l’importance de la Plateforme de Communication du Réseau des Artisans. La communication qui marche vraiment, c’est celle de bouche à oreille. Quant l’autre artisan est informé, il n’aime pas que son collègue soit informé. Il garde l’information à son niveau. C’est ce qui tue le secteur. Peu d’artisans suivent les télévisions et les radios. Ils sont très peu à lire les journaux. Donc nous sommes obligés d’aller à la base. Surtout dans les départements, les communes, les arrondissements, et bientôt dans les quartiers. Parce que nous voulons toucher les artisans au fin fond de la base.
Quel est le rôle de Adeco pour la création de la richesse, l’accroissement de l’emploi et la formation des acteurs du secteur de l’artisanat ?
Le véritable problème des artisans est la formation. Peu d’artisans s’engagent dans la formation continue. Quand ils finissent d’apprendre leur métier et s’installent, ils n’ont pas la chance de poursuivre les formations en renforcement de capacité. Les technologies évoluent au jour le jour. Nous sommes en train d’étudier avec leur ministère de tutelle les possibilités de trouver des formules pour que chaque cinq ans ou chaque trois ans, on puisse permettre à ces artisans de se former afin de s’adapter aux besoins des nouvelles technologies. Étant dans ce rôle en tant qu’ONG, nous sommes limités. Nous empruntons les voies qui nous sont ouvertes. Mais, lorsque nous aurons les moyens, nous ferons mieux. Pour l’accroissement de l’emploi, lorsque ces artisans bénéficieront de formation en renforcement de capacité, cela pourrait générer plus de richesses et accroître les offres d’emplois.
La politique de l’artisanat, du tourisme dans le PAG rassure-t-elle quant à l’essor du secteur ?
Quand on parle de la politique du gouvernement à travers le PAG, une réforme demeure une réforme. Ça va tarder, surtout avec ce secteur où les artisans sont nombreux. Et beaucoup tardent à comprendre que c’est une réforme qui impactera positivement leur secteur. Notre rôle est de les sensibiliser. Prenons le cas du projet ARCH. Beaucoup n’ont pas encore compris son impact pour l’amélioration des conditions de l’artisan. Le rôle de notre ONG est de sensibiliser les acteurs afin qu’ils comprennent que la politique du gouvernement à travers le PAG vise à impacter tous les artisans.
Les difficultés que vivent les artisans aujourd’hui sont nombreuses.
Nous avons la chance de faire le tour des départements du Bénin. Les artisans ont besoin de moyens pour mieux renforcer leurs entreprises. Il ne faut pas attendre une pandémie avant de soutenir la cause des artisans. Pourquoi ne pas créer une banque pour accompagner les artisans afin de leur donner un accès facile aux prêts. Ainsi, l’artisan peut rembourser progressivement ces prêts et trouver son compte. Lorsque nous aurons l’occasion de rencontrer le Ministre Modeste Kérékou avec son cabinet, nous comptons soumettre à son appréciation ces idées. Nous pouvons, avec l’aide du gouvernement, créer des centres de formation dans les départements et dans les communes afin de permettre aux artisans de se perfectionner pour accroître la richesse nationale.
Beaucoup d’ambitions, beaucoup de projets. Quelles sont les perspectives malgré la crise qui perdure dans ce secteur stratégique ?
Reconnaissons qu’il y a une crise qui est née depuis un an. Mais depuis le 14 décembre 2020 et le 15 janvier 2021 que le Ministre a reçu les protagonistes en présence de l’ONG ADECO en tant que partenaire technique, j’ai été mandaté avec d’autres acteurs pour la médiation. Nous sommes dans la négociation, nous sommes dans le dialogue pour aboutir au consensus indispensable pour sortir le secteur de l’ornière.
Un message à l’endroit de tous les artisans
Mon message aux artisans est qu’ils doivent s’aimer. Ils doivent savoir ce qui est important pour eux entre ce qu’ils ont appris et leur atelier. J’invite le gouvernement à une politique d’accompagnement en terme de financement parce que les artisans en ont vraiment besoin.
Transcription : Adrien TCHOMAKOU