Le réseau de téléphonie mobile Mtn Bénin était aux côtés du gouvernement dans la mise en oeuvre de sa stratégie de riposte à la Covid-19. Uche Ofodile, directrice générale dudit réseau, fait ici le point des actions engagées, celles en cours et celles à venir dans ce cadre. Consciente que le mal n’est pas encore vaincu, elle exhorte les populations à redoubler de vigilance dans le respect des gestes barrières.
Mme la Directrice, depuis l’avènement de la Covid-19, Mtn Bénin a mené diverses actions dans le cadre de la sensibilisation et de la prévention. Quel point pouvez-vous en faire à ce jour ?
Comme vous le savez, la Covid-19 a surpris tout le monde, de la même façon qu’elle a surpris Mtn aussi. La première chose à laquelle nous avons pensé, c’est comment protéger nos employés. A ce titre, un certain nombre d’actions ont été menées, notamment nous assurer, autour de nos agences et autres lieux de travail de nos employés, de l’effectivité du respect de la distanciation sociale, du port de masques. Nous avons aussi installé des dispositifs de lavage des mains à l’eau et au savon à l’entrée de nos agences pour protéger aussi bien nos employés que nos clients.
En plus, le Groupe Mtn a initié le Y’ello Hope qui signifie en français Espoir. Cette initiative nous a permis, dès les premières heures, d’offrir au ministère de la Santé 100 thermo-flashes.
En matière de moyens de communication, plusieurs actions ont été menées. Il s’agit de la mise à disposition de 500 téléphones avec la Data sur 4 mois pour permettre aux différents agents de santé qui travaillent sur le terrain de pouvoir interagir et échanger entre eux dans le cadre de la lutte contre la pandémie, du don de 20 pockets Wifi avec la connexion internet qui permet aux agents et aux coordonnateurs qui se déplacent à travers ces différentes zones de pouvoir rester connectés. Nous avons mis également 5 routeurs à la disposition du Centre de pilotage de toute l’activité avec la connexion internet et aidé le ministère de la Santé à mettre en place et à activer une ligne verte raccordée au Samu pour que les acteurs soient informés et puissent prendre les premières informations nécessaires en cas de symptômes.
Par ailleurs, ayant crainte que les transactions monétaires soient des facteurs de propagation du virus, nous avons procédé à une réduction des frais sur Mobile money. Ainsi, nous avons fait la promotion de la monnaie numérique pour permettre aux gens d’aller plus vers la monnaie électronique et éviter de manipuler l’argent liquide. C’est dans cette dynamique que le paiement des factures de la Sbee a été rendu gratuit. Quant aux transactions entre deux individus, elles ont été rendues gratuites à hauteur de 5 000 F Cfa. Ça veut dire que lorsque vous faites une transaction entre 500 et 5000 FCfa, vous n’avez pas de frais de commissions à payer. De même, nous avons réussi à augmenter la limite du portefeuille électronique, passant de 2 millions à 3 millions F Cfa pour que ceux qui mènent des activités commerciales et qui reçoivent de l’argent puissent en avoir plus dans leur portefeuille pour ne pas être obligés, une fois qu’ils ont atteint la limite de 2 millions F Cfa, de devoir faire des transactions manuellement. Nous avons également augmenté la capacité de réception qui est passé de 10 millions à 12 millions F Cfa, et désormais les payements aux marchands sont gratuits. Il n’y a plus de commissions qui soient prélevées, de la même façon que, lorsque vous faites une transaction de portefeuille électronique vers la banque, les commissions ont été annulées pour aider les gens à avancer. Tout ce que nous avons cité comme activités sur Mobile Money continuent de se faire. Ce n’est pas que nous l’avons fait juste au début de la pandémie.
Quel est votre apport en matière de disponibilité du vaccin anti-Covid-19 ?
Comme vous le savez, la pandémie n’est pas finie. Le coronavirus est toujours là. Conscient de cet état de choses, le Groupe Mtn, dans son approche, est entré en partenariat avec l’Union africaine pour distribuer des vaccins dans certains pays dont le Bénin. La quantité de vaccins prévue pour le Bénin est de 63 000 doses qui permettront de vacciner 21 000 personnes à raison de trois doses par individu. Ces vaccins sont destinés spécialement au personnel soignant, aux professionnels qui sont au front et qui se battent contre la maladie tous les jours.
On constate une caravane de Mtn dans le pays. Qu’en est-il ?
Puisque la maladie n’est pas finie, nous estimons que notre rôle, en tant qu’entreprise citoyenne dans le pays, c’est de continuer à permettre aux gens d’avoir l’information. A l’heure où je vous parle, il y a, à travers le pays, une caravane d’éducation où nous avons des vans qui sont installés dans les différentes régions de notre pays pour rappeler aux gens la nécessité de continuer à respecter les gestes barrières, de se prémunir contre la maladie et les inviter à se conformer aux plans de vaccination du gouvernement.
A part la caravane de sensibilisation, quelles autres actions vous menez directement sur le terrain, notamment au niveau des écoles, des marchés…?
Actuellement, nous avons un projet qui nous permet d’offrir des dispositifs de lavage des mains. Nous sommes en train d’offrir des points d’accès à l’eau potable dans les écoles. Nous avons commencé avec un lot d’écoles en collaboration avec l’Ong internationale Aide et Action. Il y a environ 3 000 enfants qui sont impactés par le projet d’accès à l’eau potable avec, dans chaque école, deux blocs de robinets qui permettent aux enfants de pouvoir se laver régulièrement les mains avec du savon liquide. En dehors de ça, nous avons fait d’autres dons. Nous avons, par exemple, rencontré les femmes du marché Dantokpa à qui nous avons offert des vivres, parce que dans cette période, il y a eu des difficultés en termes de mévente dans les marchés. Nous sommes allés au centre des personnes âgées à Tokan où nous avons également fait des dons. Nous avons rendu visite à l’Agence pénitentiaire pour offrir également à nos frères en prison des dispositifs de lavage des mains mais également des vivres.
Quelles sont les actions à court et long termes ?
Le plus important pour nous aujourd’hui, c’est de nous assurer que les personnes sont de plus en plus informées parce qu’on a l’impression que les gens ont baissé un peu la garde, un peu comme s’il y avait un déni de la maladie, alors que la maladie est toujours là et continue de faire des ravages. Donc notre souci, c’est de continuer à nous assurer que les gens sont informés. Il y a des actions qui seront faites progressivement et nous sommes heureux de pouvoir partager notre approche avec d’autres organisations. A cet effet, nous avons pensé à des partenariats avec le gouvernement pour adresser les questions qui pourraient se poser. Il n’y a pas une seule façon de faire. Nous avons déjà essayé d’autres manières de procéder et nous sommes ouverts à toute forme de partenariat qui nous permettra d’aller plus loin.
Au regard de la manière efficace dont la Covid-19 a été gérée au Bénin, je voudrais féliciter notre gouvernement. Cela a été bien géré, par rapport à ce qui a été fait ailleurs. Nous pensons qu’il faut s’appuyer sur ça et continuer à appuyer les actions du gouvernement qui vont dans le sens de cette bonne gestion de la pandémie. A très court et, peut-être, à long termes, il est important que nous puissions continuer à nous assurer de la sécurité de nos employés, des personnes qui viennent visiter nos agences et qui viennent faire des transactions chez nous. Vous avez certainement remarqué qu’ici à la Direction générale, les bureaux sont presque vides parce que nous nous assurons qu’il n’y ait qu’une partie des employés qui viennent dans les bureaux et quand ils sont là, il y a un protocole à respecter pour faire en sorte que ceux qui viennent au service soient des personnes saines et éviter les transactions qui font que la maladie peut se développer et se propager. La plupart de nos collègues continuent de travailler de la maison.
C’est vrai que nous avons envie de revoir tout le monde mais c’est important qu’ils soient en bonne santé. Leur santé est plus importante que le besoin d’avoir tout le monde ensemble. Donc nous continuons d’informer et nous continuerons à appuyer les différentes actions du gouvernement.
Je voudrais également ajouter qu’à moyen et long termes, nous allons aussi nous appuyer sur l’éducation des enfants. Nous avions dit tantôt que nous avons ouvert l’accès à certaines plateformes d’éducation de façon gratuite pour appuyer le ministère de l’Education. Nous avons fait un vrai abattage de coûts sur la cession de la Data au ministère pour permettre aux étudiants d’avoir accès à des cours en ligne. Nous allons continuer à le faire. S’il y a des difficultés de retour à l’école de l’ensemble des apprenants, nous allons nous assurer qu’ils puissent avoir accès aux documents de cours pour poursuivre leur formation. Nous pensons également aux Pme qui souffrent aussi de la pandémie à cause de tout ce que cela engendre comme difficultés. Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui, il y a différentes plateformes qu’on peut mettre à leur disposition pour alléger leur façon de travailler et leur faciliter la vie. Ce sont des questions sur lesquelles nous réfléchissons et nous allons intervenir pour porter assistance à ces Pme.
Quel message avez-vous à l’endroit des populations ?
Mon premier message adressé à tout le monde est d’être en bonne santé. Faites attention à vous, protégez-vous ! Nous devons continuer à respecter les gestes barrières parce que la Covid-19 est toujours là, ce n’est pas fini. La maladie est dangereuse et on doit continuer à se laver régulièrement les mains, porter les masques, nous assurer que nous sommes à bonne distance lorsque nous devons interagir avec quelqu’un. La Covid-19, c’est vrai qu’elle est dangereuse mais, en même temps, la vie doit continuer. A chacun d’entre nous d’en prendre conscience et de savoir que, même dans nos interventions, il y a de nouveaux horizons que nous pouvons scruter pour avancer. Aujourd’hui, nous avons la technologie qui nous permettra de pouvoir avancer dans tout ce que nous faisons, dans nos activités.
(Interview co-réalisée par La Nation & Matin Libre)