Les femmes bénéficiaires du programme de microcrédits aux plus pauvres des départements de l’Ouémé et du Plateau étaient à l’honneur le vendredi 8 mars dernier. Rassemblées sur l’esplanade de l’Assemblée Nationale, elles ont reçu la visite des couples Ouattara et Yayi. Derrière l’ambiance de fête qui a prévalu se cachait un objectif précis, surtout pour la première Dame de la Côte-d’Ivoire, Mme Dominique Ouattara : s’inspirer du modèle béninois en matière de microcrédits aux plus pauvres afin de réussir l’initiative lancée en Côte-d’Ivoire pour aider les femmes en situation difficile.
Le Fonds national de la microfinance que dirige M. Komi Koutché n’a pas été certifié Iso 9001 : 2008 au hasard par AB/Certification. C’est bien parce qu’il mérite ce titre de première initiative publique d’appui à la microfinance au monde que lui confère cette certification. La preuve est que le modèle qu’il a mis en place pour conduire le programme de microcrédits aux plus pauvres initié par le Chef de l’Etat, Dr Boni Yayi fait des émules. Au nombre de ces émules se compte Mme Dominique Ouattara, première Dame de la Côte d’Ivoire.
Dans son discours et face au bilan que lui a fait Mme Sofiath Onifadé Baba Moussa, ministre béninoise chargée de la microfinance, de l’emploi des jeunes et des femmes, Mme Dominique Ouattara n’a pas caché son admiration. « Je suis venue vers vous totalement admirative de vos réussites et je voudrais vous en féliciter. Je suis accompagnée de mon équipe chargée de la microfinance au sein de mon cabinet car vous êtes pour nous des exemples à suivre et nous sommes heureuses et fières de pouvoir nous inspirer de votre expérience en la matière », a déclaré la première dame de la Côte d’Ivoire.
Pour Mme Dominique Ouattara, « La réussite des femmes ayant bénéficié du programme de microcrédits aux plus pauvres prouve que la microfinance est une bonne alternative à la pauvreté et un catalyseur de développement social ». « Nous devons donc continuer à promouvoir la microfinance afin d’aider nos sœurs à s’affranchir de la pauvreté car, une femme jouissant d’une autonomie financière est un atout pour ses enfants, pour son époux et pour la société toute entière », a-t-elle ajouté tout en prenant le ferme engagement d’encourager toutes les initiatives visant à aider les femmes à se prendre en charge grâce à une activité génératrice de revenus.
Le Mcpp : du chemin
Le discours prononcé par Mme Sofiath Onifadé Baba Moussa donne une idée du chemin parcouru par le Bénin dans le domaine de la promotion de la microfinance pour aboutir au succès aujourd’hui admiré par la première Dame de la Côte d’Ivoire. « A sa prise de fonction comme Chef de l’Etat en 2006, le Président Boni Yayi, à l’instar de la communauté internationale, a reconnu la microfinance comme un outil pertinent de lutte contre la pauvreté. Il a donc choisi d’en faire l’un des principaux instruments au service de l’autonomisation des populations et du développement à la base. Au titre des actions majeures de concrétisation de ce choix, on peut citer la création d’un département ministériel dédié à la microfinance couplée avec l’emploi des jeunes et des femmes, l’adoption d’un document de politique consensuelle et fédératrice des interventions de tous les acteurs pour le développement du secteur de la microfinance, la création et l’opérationnalisation du Fonds national de la microfinance, la mise en place du Programme de microcrédits aux plus pauvres (Mcpp)», a rappelé Mme Onifadé Baba Moussa.
Grande et originale offensive du gouvernement contre la pauvreté et pour l’autonomisation des populations, le Programme de microcrédits aux plus pauvres a, selon Mme Onifadé Baba Moussa, enregistré d’importants progrès. En effet, après plus de six ans de mise en œuvre, d’importants résultats ont été atteints.
Sur le plan quantitatif, un total de 64. 597. 553 636 F Cfa a été injecté. Ce montant a été mis à la disposition des bénéficiaires à hauteur de 88,25 % par le gouvernement béninois qui a ainsi marqué son engagement et à hauteur de 11,75% par nos partenaires étrangers. Un total de 1.029. 935 bénéficiaires ont été touchés et un objectif de 2.000.000 est fixé à l’horizon 2015 sur une cible d’environ 3.000.000 de personnes, selon les données nationales sur la pauvreté. A en croire la ministre de la microfinance, « Ce programme a considérablement boosté le taux de pénétration des services financiers décentralisés qui est passé d’environ 9 % en 2006 à plus de 33 % au 30 janvier 2013 ».
Sur le plan qualitatif, les différentes évaluations réalisées ont révélé que le programme de microcrédits aux plus pauvres a induit des impacts fortement querellés avec sept des huit objectifs du millénaire pour le développement (Omd). De façon plus spécifique, des impacts positifs ont été enregistrés en ce qui concerne la facilitation de l’accès aux crédits et la satisfaction des cinq besoins fondamentaux et ce, dans les proportions allant de 50 à 90 % de satisfaction exprimées par les bénéficiaires en fonction des indicateurs visés. Ces données, a dit Mme Onifadé Baba Moussa, illustrent bien la pertinence du programme de microcrédits aux plus pauvres.
Qu’on le veuille ou non, l’expérience béninoise fait déjà école dans plusieurs pays d’Afrique et du monde et le principal défi est de l’intégrer dans un dispositif viable et pérenne d’inclusion financière au Bénin et pourquoi pas en Afrique. Mme Sofiath Onifadé Baba Moussa en est d’ailleurs consciente
Les femmes bénéficiaires, reconnaissantes
Les femmes bénéficiaires du Programme de microcrédits aux plus pauvres des départements de l’Ouémé et du Plateau ont été très sensibles au déplacement qui a été fait par la première Dame de la Côte d’Ivoire pour venir s’enquérir de leur modèle de gestion de ce programme. C’est du moins ce qu’a déclaré Mme Clarice Hounkpatin, leur Porte-parole. « …Votre arrivée dans notre département témoigne de votre attachement aux femmes que nous sommes et particulièrement à ce programme de microcrédits aux plus pauvres pour lequel nous disons merci au Président Boni Yayi. Grâce à ce programme, les plus pauvres que nous sommes, arrivons à joindre désormais les deux bouts par ces temps de morosité économique », a dit Mme Hounkpatin qui a sollicité la mise en œuvre effective du programme lié à l’alphabétisation, pour relever le niveau des femmes, surtout rurales ; et à l’accès aux soins de santé primaires.
Affissou Anonrin