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Chronique: Fraudes, Et Depuis, Silence Radio !

Publié le lundi 19 avril 2021  |  Matin libre
Présidentielle
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Présidentielle 2021: ambiance en image du décompte des voix après le scrutin du 11 avril 2021 au Bénin
Cotonou, 11 avril 2021: Présidentielle 2021: ambiance en image du décompte des voix après le scrutin du 11 avril 2021 au Bénin
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C’est un secret de polichinelle que le scrutin présidentiel du 11 avril 2021 qui a consacré la réélection de Patrice Talon au Bénin avec un score inédit de 86%, a été entaché d’irrégularités à ciel ouvert. C’est un fait. Le monde entier a vu les vidéos faire le tour de la toile. « Les incidents qu’on a eus, on a pensé sérieusement qu’on avait dépassé ça », s’offusquait sur la chaîne de télévision Sikka Tv, la coordonnatrice du Réseau ouest africain pour l’édification de la paix (Wanep-Bénin), Maryse Ahanhanzo Glèlè. Membre de la Plateforme électorale des Organisations de la société civile, qui a déployé plus 1000 observateurs sur le terrain, elle rapporte : « Des cas de bourrages d’urnes, de votes multiples, de fraudes, d’intimidation ; d’abord intimidation de nos observateurs de dire ‘’ fermer les yeux, ne rendez pas compte de ce que vous voyez. On est allé jusqu’à déposer sur la table où un de nos observateurs était, on est allé jusqu’à lui déposer deux bouteilles de bière devant lui. Et, intimidation d’électeurs, etc.». Sur le même plateau débat, son collègue de l’Ong Changement Social Bénin qui a déployé des moniteurs dans des postes de vote pour le Monitoring des droits humains de l’élection. Là aussi, ce qu’a décrit Ralmeg Gandaho est ahurissant voire renversant : « On ne peut pas comprendre qu’au 21è siècle, au Bénin, avec tout ce que nous avons fait, que des gens votent 6 fois… De l’argent déposé et distribué aux agents de postes de vote même à Calavi… La subornation était à toutes les échelles. La fraude, la corruption de l’électeur, la subornation de l’agent électoral, sans pudeur ». Et d’ajouter : « On appelle le moniteur à maintes reprises, on lui dit qu’il n’a qu’à accepter qu’on fasse l’exercice parce que le Chef de l’Etat ne peut pas apprendre que dans cette localité les gens ne sont pas sortis ; ça pose un problème. Il n’a qu’à fermer les yeux pour le consensus national. Laisse-nous faire ça au nom du consensus…». Tellement les scènes révélées à la face du monde étaient indignes et discréditait l’élection que, comme pour renverser la vapeur et préparer l’opinion à accepter les grandes tendances ‘’clean’’, ‘’nickel’’ de la Cena et de la Cour constitutionnelle, des représentants du gouvernement sont montés au créneau. En tout cas, pas dans la précipitation. Il fallait certainement prendre du temps pour préparer la sortie puisqu’elle n’interviendra que deux jours après le déroulement des opérations de vote. Tous les ingrédients sont désormais réunis, et on peut tenter maintenant de dévier la puanteur considérée comme de l’opprobre. Premier morceau choisi : les agissements observés dans les vidéos « sont si ostentatoires et grotesques qu’il est clair (…) qu’un acte de fraude ne peut s’organiser de façon aussi flagrante ». Et la conclusion tirée sur place, sans aucune enquête préalable, est qu’il s’agit plutôt « d’une opération montée de toutes pièces pour tenter de jeter du discrédit sur le processus ». Deuxième morceau choisi avec la même conclusion hâtive, ce sont les propos du ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement. Selon la thèse de Alain Orounla, ces actes sont « manifestement et incontestablement imputables à ceux qui, bien que recalés, ont dit que le processus électoral n’aura pas lieu ». Il accuse donc l’opposition radicale au président-candidat réélu dans une ambiance d’indifférence totale, et à un taux de participation non reluisant, devant seulement deux concurrents objets de tous les commentaires au pays. Si Alain Orounla, Avocat de profession, ignore dorénavant les procédures, son collègue et confrère Séverin Quenum, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, va essayer de rattraper en remettant ce qui était à l’envers, à l’endroit. « S’il est établi qu’il y a eu des fraudes ou que les personnes que nous avons vues dans les images ont simulé ces bourrages d’urnes pour discréditer le processus électoral en cours, toutes ces personnes-là feront l’objet de poursuites et seront donc déférés devant les Parquets et traduites devant les Tribunaux et seront jugées et punies conformément aux dispositions de la loi ». Il est clair qu’avec le ministre de la Justice, il y a un ‘’si’’ qui suppose que des enquêtes doivent être menées avant de pointer du doigt, à tort ou à raison, x ou y. Cependant, quand on sait le mode de fonctionnement de la Rupture depuis 2016 ; la célérité avec laquelle on envoie au gnouf les voix critiques ou celles qui osent s’opposer à la gouvernance, il y a lieu de s’interroger sur le silence qui caractérise ce dossier de fraudes gigantesques. Depuis une semaine que les menaces du gouvernement ont été agitées urbi et orbi, aucun présumé instigateur de l’opposition n’est débusqué. Ou bien sont-ils dans le rang des exilés ? Ce qui est tout de même surprenant et qui par ailleurs confond le Pouvoir en place, c’est ce refus délibéré de voir l’évidence en face. Autrement, pourquoi le gouvernement et la Justice ne prennent-ils pas comme pistes les récits et témoignages qui fusent de toutes parts depuis près de dix jours ? Dans la foulée, n’y-a-t-il pas eu des rumeurs sur un chef d’arrondissement à Matéri ? Qu’en est-il exactement ? A-t-on fait au moins semblant de l’interpeller et de l’écouter ? Est-il besoin encore d’insister sur le cas du député dont la voix supposée tourne en boucle sur les réseaux sociaux et qui jusque-là n’a apporté le moindre démenti ?-Ça n’étonnerait guère qu’il se fende enfin d’un communiqué et se rattrape dans les prochaines heures, une fois que son attention est attirée-. Mais la réalité est là, têtue.

Et cette sortie de membres du gouvernement ressemblerait davantage à du folklore et à de l’enlisement si rien n’est fait pour taper même dans la grande cour ‘’mouvancière’’ commune. Visiblement, Ralmeg Gandaho de la société civile ne demandait pas plus quand il s’était mis dans la peau du président Talon, en exprimant sa désolation face au triste spectacle: « Moi, à sa place, j’aurais mal, parce que, qu’on prenne mon image et pour peut-être se faire une place à mes côtés, la prostituer ainsi, ça pose un problème ». D’ailleurs, il a été on ne peut plus concret : « Je pense qu’il y a une purge qu’il doit faire lui-même ».



A bon entendeur…

Mike M.
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