Mariam Chabi Talata est appelée à choisir entre les fonctions de parlementaire et celles de vice-présidente de la République, à l’issue de la présidentielle du 11 avril dernier. Ce choix est plus qu’une évidence étant donné que la Constitution béninoise n’autorise pas le cumul de postes électifs.
Mariam Chabi Talata ne pourra pas cumuler ses fonctions de député et première vice-présidente de l’Assemblée nationale avec celle de vice-présidente de la République pour laquelle elle vient d’être élue, sous réserve des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 11 avril dernier. Elle aura forcément à faire un choix. Les deux postes sont incompatibles. Cette incompatibilité est martelée notamment à l’article 54-1 alinéa dernier de la Constitution béninoise. Il dispose : « Les fonctions de vice-président de la République sont incompatibles avec l’exercice de tout autre mandat électif, de tout emploi public, civil, ou militaire et de toute autre activité professionnelle ».
Ainsi, au regard de ces dispositions, Mariam Chabi Talata est appelée d’ici à là à faire un choix. A priori, elle n’aura normalement autre choix que de démissionner du Parlement pour occuper ses nouvelles fonctions de vice-présidente de la République. Lesquelles feront d’elle le Grand chancelier de l’Ordre national. La vice-présidente de la République n’est pas membre du gouvernement. Elle assure toutefois les fonctions de président de la République en cas de vacance par décès, démission ou empêchement définitif. Au regard de l’importance et des privilèges des fonctions de vice-président de la République, Mariam Chabi Talata ne devrait pas être embarrassée dans son choix. Mais comme l’on est en politique où tout est possible, il n’est pas exclu qu’elle décide de mettre une croix sur le poste de vice-présidente de la République au profit de ses fonctions au Parlement.
Ce sera un grand coup de théâtre. Car, d’aucuns interpréteraient son acte comme une trahison de ses électeurs qui ont massivement porté leur choix sur elle et qui l’ont élue à plus de 86% en duo avec le président de la République, Patrice Talon. Le chef de l’Etat élu sera appelé dans ce cas de figure (qui sera un cas spectaculaire) à procéder à la nomination d’un nouveau vice-président de la République après saisine du Parlement. .
En cas de démission de Mariam Chabi Talata de l’Assemblée nationale (ce qui serait logique) son départ aura non seulement réduit désormais la huitième législature à un effectif de 81 députés mais aussi crée une vacance au niveau du bureau du Parlement en ce qui concerne le poste de premier vice-président jusque-là occupé par l’inspectrice de l’enseignement de philosophie au collège.
Parlement de 81 députés
La bataille de sa succession sera du coup ouverte pour la remplacer dans le bureau.
Mais en revanche, son siège de député ne pourra pas être pourvu au Parlement. En effet, Mariam Chabi Talata ayant suppléé en 2019 le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Sacca Lafia, qui a préféré rester au gouvernement, le siège de la prochaine vice-présidente de la République sera vacant jusqu’à la fin de la législature. Et ce sera de deux ! Car, l’Assemblée nationale était déjà amputée d’un membre depuis le décès en 2020 du député Alidou Démolé Moko, suppléant du ministre de la Décentralisation et de la Gouvernance locale, Alassane Séïdou. Le défunt ne pouvait pas être remplacé puisque la loi n’a pas prévu les conditions de remplacement d’un suppléant.
La disparition de feu Alidou Démolé Moko avait fait passer le nombre de députés de 83 à 82. L’institution parlementaire va davantage en souffrir avec le prochain départ de Mariam Chabi Talata. Comme dans le cas du suppléant du ministre Alassane Séïdou, le siège de l’élue de la 8e circonscription électorale ne pourra pas être pourvu. «Lorsqu’une vacance isolée se produit par décès, démission, ou empêchement définitif, le candidat suppléant personnel est appelé par le président de l’Assemblée nationale à exercer le mandat pour le reste de sa durée.
Tout député nommé à une fonction publique ou appelé à une mission nationale ou internationale, incompatible avec l’exercice de son mandat parlementaire, suspend d’office celui-ci. Son suppléant est appelé par le président de l’Assemblée nationale à siéger. Sa suppléance cesse à sa demande », prévoit l’article 149 du Code électoral. La loi prévoit l’organisation d’une élection complémentaire de remplacement lorsque les vacances isolées atteignent le cinquième du nombre des députés, soit 17 membres. L’on serait encore loin de ce taux de vacances. Mieux, il ne sera cependant pas pourvu à ces vacances lorsqu’elles surviennent dans les six mois précédant l’expiration du mandat de la législature, précise le Code électoral.