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Production agricole: La plus populaire des noix ne profite pas à l’Afrique

Publié le mardi 20 avril 2021  |  La Nation
Le
© aCotonou.com par DR
Le Acadjou au Bénin
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Par Collaboration extérieure,

Majoritairement cultivées en Afrique, les noix de cajou, ou anacardes, ont un succès fou à l’heure de l’apéritif dans un grand nombre de pays. Malheureusement, le continent n’en tire que peu de profit car seule une fraction de la production est transformée sur place, le privant ainsi d’opportunités liées à l’explosion de la demande. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced) publie un rapport qui analyse la situation et met en évidence un manque d’industries de transformation.


Les noix de cajou sont devenues populaires en Europe et aux États-Unis au début du XXe siècle. En 2019 et 2020, elles représentaient 17% de la production mondiale de fruits à coque, ce qui lui faisait occuper la troisième place du podium après les amandes et les noix.
Environ 90% des anacardes brutes commercialisées sur le marché mondial poussent dans 20 pays africains dont la Côte d’Ivoire, la Tanzanie, le Nigéria, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Mozambique et le Ghana. Néanmoins, on constate que moins de 15% des noix de cajou sont décortiquées sur place alors que l’opération ajoute de la valeur au produit. Le reste est exporté principalement vers l’Asie, où 85% des noix de cajou du monde sont traitées. Entre 2014 et 2018, l’Inde et le Viet Nam totalisaient environ 98% des importations mondiales de noix de cajou brutes. La torréfaction, autre étape de mise en valeur, est effectuée en Europe et en Amérique du Nord, où 60% des noix commercialisées sont aussi salées, emballées et consommées telles quelles ou incorporées dans une boisson, une barre nutritive ou dans d’autres produits.



Bien qu’il soit difficile d’évaluer le manque à gagner pour l’Afrique, le rapport fournit des calculs indicatifs. En 2018, par exemple, le prix à l’exportation des noix de cajou de l’Inde vers l’Union européenne (UE) était environ 3,5 fois plus élevé que celui payé aux producteurs ivoiriens de noix de cajou soit une différence de prix de 250%. Et après une deuxième étape de transformation dans l’UE, le prix des noix de cajou était environ 2,5 fois plus élevé que lorsqu’elles étaient exportées de l’Inde et environ 8,5 fois plus qu’à la sortie de la ferme en Côte d’Ivoire. L’anacarde est une source de revenus pour environ 3 millions de petits exploitants agricoles africains.

Réduction de pauvreté

Le rapport souligne que les 46 principaux producteurs de noix de cajou sont des économies en développement, dont 18 sont classées dans la catégorie des pays moins avancés (Pma). D’après les auteurs, il existe un lien direct entre la valeur ajoutée dans le secteur et la réduction de la pauvreté, car la production a généralement lieu dans de petites exploitations des zones rurales. Le potentiel à contribuer aux 17 Objectifs de Développement durable des Nations Unies, en particulier à celui visant une réduction de la pauvreté (Odd1), est grand. Il est identique en Asie dont une douzaine de pays cultivent 43% de la production mondiale. Les 5% restant sont répartis dans 14 pays d’Amérique latine et des Caraïbes.


Nouvelles opportunités de marché

Plusieurs tendances du marché mentionnées dans le rapport ouvrent des perspectives pour les transformateurs africains. Il s’agit notamment du goût croissant des consommateurs mondiaux pour des collations plus saines et de leur préférence accrue pour les produits alimentaires plus respectueux de l’environnement et des normes éthiques. La traçabilité, la transparence et la durabilité des chaînes d’approvisionnement alimentaire deviennent de plus en plus importantes pour les consommateurs et les fournisseurs. Cette demande croissante de produits biologiques (+121% entre 2009 et 2019) pourrait, à terme, profiter à l’Afrique.
Le rapport indique que les transformateurs ont également besoin d’un environnement politique qui permette d’opérer avec des coûts de transformation compétitifs et qui facilite l’accès aux principaux marchés d’exportation.

Par Catherine Fiankan-Bokonga, correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse)
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