Depuis 2000, 24 pays ont éliminé la malaria, et de nombreuses autres nations sont sur le point d’atteindre l’objectif « zéro paludisme » mais, ces acquis sont dangereusement menacés par la Covid-19. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2021 (25 avril), les experts de cette maladie infectieuse considèrent qu’il est crucial d’y mettre fin pour pouvoir lutter contre les pandémies futures.
En référence au thème choisi cette année : « Zéro Palu – Tirer un trait sur le paludisme », le Partenariat « pour en finir avec le paludisme » (Rbm) et l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) demandent aux dirigeants d’intensifier les investissements dans la lutte contre le paludisme. Les progrès récemment faits, notamment par les pays certifiés exempts de paludisme depuis 2015, à savoir l’Algérie, le Paraguay, l’Ouzbékistan et El Salvador sont encourageants. Durant les 20 dernières années, le nombre de pays ayant réduit la charge du paludisme à moins de 1 000 cas par an, est passé de 14 à 34, ce qui constitue un signal fort pour mettre fin à la malaria en l’espace d’une génération. Le Directeur général du Partenariat Rbm, le Dr Abdourahmane Diallo, déclare : « Depuis le début du siècle, des pays du monde entier ont prouvé à maintes reprises que mettre fin au paludisme était un objectif viable et avantageux. L’élimination du paludisme mène à des communautés, des économies et des systèmes de santé plus sains et plus résilients, qui sont essentiels pour faire face aux nouveaux défis en matière de santé. »
Nouvelle initiative de l’Oms
L’Oms vient d’annoncer sa nouvelle initiative, E-2025, axée sur 25 pays sur le point de réduire le nombre de cas de paludisme à zéro d’ici 2025. Parmi ceux-ci, on trouve l’Afrique du Sud, le Botswana, le Cap-Vert, la République dominicaine et la Thaïlande. L’élimination du paludisme dans le monde pourrait sauver des millions de vies. Dans la région Asie-Pacifique, cela sauverait plus de 400 000 vies, préviendrait 120 millions de cas et débloquerait 90 milliards de dollars d’atouts économiques. Les investissements dans la lutte contre le paludisme jouent également un rôle crucial dans la réponse des pays à la pandémie actuelle. Ils permettent en effet de protéger les systèmes de santé fragiles des pays touchés par le paludisme, de bénéficier des systèmes de surveillance et de mobiliser des travailleurs de santé en première ligne dans la double lutte contre le paludisme et la Covid-19.
Toutes les deux minutes un enfant meurt du paludisme
Les progrès accomplis au cours des dernières décennies ont permis de sauver 7,6 millions de vies et d’éviter 1,5 milliard de nouvelles infections. Mais, au cours de 2019, 409 000 décès ont été déclarés et plus de 225 millions de cas ont été enregistrés, dont plus de 90 % en Afrique subsaharienne. Selon le Rapport 2020 sur le paludisme dans le monde de l’Oms, les cas de paludisme et les décès liés à cette maladie devraient augmenter du fait de la pandémie. Un récent document du Fonds mondial révèle qu’en 2020, du fait de la Covid-19, les systèmes de santé en Afrique et en Asie ont subi des perturbations considérables, et que les diagnostics du paludisme ont chuté de 31 % et que les visites de premiers soins prénataux ont baissé de 43 % par rapport à 2019. Le projet Tiptop, financé par Unitaid, a facilité l’accès à un traitement antipaludéen pour les femmes enceintes en utilisant une approche communautaire innovante. Chaque année,
20 % des mortinaissances sont dues au paludisme en Afrique sub-saharienne. Dans le monde, 100 000 nouveau-nés meurent de cette maladie. Le Directeur Exécutif d’Unitaid, le Dr Philippe Duneton, déclare que « plus que jamais, nous devons redoubler d’efforts pour réduire la charge du paludisme dans le monde et sauver des vies en donnant accès à des traitements et des diagnostics essentiels aux personnes qui en ont le plus besoin».
Objectif zéro paludisme
Des projets visant à développer de nouveaux outils pour la prévention du paludisme ont également fait de grands progrès. Le projet AEGIS lance des études cliniques au Kenya, au Mali et au Sri Lanka afin d’évaluer l’efficacité et la rentabilité de nouveaux répulsifs pour mieux prévenir le paludisme. Et dans le cadre de BOHEMIA, des essais sont prévus au Mozambique et en Tanzanie afin de vérifier si un traitement qui tue les moustiques après avoir piqué des humains, ou du bétail, peut contribuer à réduire la charge du paludisme. Une étude publiée par le Partenariat RBM, en collaboration avec Gallup International, révèle que 9 jeunes Africains sur 10 veulent s’engager personnellement dans la lutte contre le paludisme. Près des deux tiers
(61 %) d’entre eux sont convaincus que la maladie peut être éliminée de leur vivant?
Qu’est-ce que le paludisme ?
Le paludisme est l’une des maladies les plus anciennes et les plus mortelles au monde. Elle existe depuis l’ère préhistorique et certains pensent qu’elle a tué la moitié des personnes de la planète. Il est possible d’éviter entièrement et de traiter le paludisme. Malgré cela, plus de 400 000 personnes en meurent chaque année dont la plupart sont des enfants de moins de cinq ans. Un enfant meurt encore aujourd’hui du paludisme toutes les deux minutes dans le monde. La moitié de la population mondiale est encore exposée au paludisme dont plus de 90 % vit en Afrique.
A propos du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme
Le Partenariat « pour en finir avec le paludisme » est la plus grande plate-forme mondiale d’actions coordonnées contre le paludisme. Initialement créé sous le nom de Partenariat « Roll Back Malaria » (RBM) en 1998, il mobilise les efforts pour l’action et les ressources et forge un consensus entre les partenaires. Plus de 500 partenaires, dont les pays impaludés, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et communautaires, les fondations et les institutions de recherche et d’enseignement, composent cette alliance de lutte contre la malaria. Le Secrétariat du Partenariat RBM est basé à Genève, en Suisse.
Qu’est-ce que TIPTOP
TIPTOP est un projet financé par Unitaid. Il consiste en une approche communautaire innovante. Il vise à augmenter considérablement le nombre de femmes enceintes dans les pays touchés par le paludisme en Afrique subsaharienne recevant un traitement antipaludique vital
Par Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse)