Boni Yayi serait à tous points de vue, devenu la bête noire de la Rupture au point de laisser dire à certaines mauvaises langues que l’ancien chef de l’Etat constitue une partie du programme politique de la Rupture. En effet, depuis ce mercredi 06 avril 2016 qui a vu la passation de charges entre Yayi et Talon, les chantres du nouveau départ et de la Rupture demeurent plus de cinq années après, hantées par le «fantôme» de l’homme de Cadjèhoun. Même la victoire à la Pyrrhus arrachée à la dernière présidentielle exclusive qui s’était soldée par un K.O Stalinien de 86 % n’a pas été de nature à inciter le chef de l’Etat et son gouvernement à s’engager sur la voie de la concorde et de la paix sociale, gravement compromises. En lieu et place d’une détente favorable à l’instauration d’un réel climat de pacification de l’environnement sociopolitique, c’est à des actes de représailles et de chasse à l’homme qu’on assiste.
Le moindre mal qu’on pouvait souhaiter à ce pays suite aux scrutins exclusifs (législatives de 2019 et présidentielle de 2021) est la recherche de véritables solutions durables et efficaces contre une crise politique profonde et non, la débauche d’énergie tendant à diaboliser et vouer aux gémonies, les voix divergentes en général et plus particulièrement, l’ancien chef de l’Etat, Boni Yayi. Les derniers développements de l’actualité en disent long sur cette improductive fixation dont n’arrive point à se départir le pouvoir Talon. Pourquoi Yayi, pourrait-on se demander, alors même que depuis quelques mois, l’ancien président s’est carrément refusé à se prononcer sur la situation politique de son pays. Mieux, absent du territoire national, plus d’un mois avant l’élection présidentielle du 11 avril, Boni Yayi est plutôt abonné à de nombreuses consultations dans des pays de la sous-région ou impliqué dans des dossiers du continent, à la demande de ses pairs.
La police républicaine a entamé depuis quelques jours ce que certains n’hésitent à qualifier de nettoyage politique avec l’arrestation par vagues successives, de prétendus manifestants et de leaders politiques de l’opposition accusés tous de « terrorisme » et d’être «bailleurs du terrorisme» et de «blanchiment de capitaux». Reckya Madougou et Joël Aïvo, les deux candidats de l’opposition écartés de ce scrutin sont tous deux emprisonnés. Des rumeurs s’enflent et font état de ce que la police républicaine serait à la recherche de l’ex-président Boni Yayi. Les éléments de cette police auraient pris d’assaut les alentours de ses domiciles de Cotonou et de Parakou. « Cette rumeur fait marrer » laissent entendre des proches de l’ancien chef d’Etat, « De sa position de président de la république, Patrice Talon sait bien que le président Boni Yayi n’est plus au Bénin depuis plusieurs mois. Pourquoi envoyer la police tourner autour de ses domiciles», s’offusque un proche collaborateur de l’ancien président. Selon plusieurs sources concordantes, le président Yayi a quitté le Bénin plusieurs semaines avant la présidentielle. Sollicité pour diverses raisons à l’extérieur, il n’aurait pas pu suivre le choix du candidat de son parti à cette élection. Il a dénoncé comme beaucoup d’autres béninois la tricherie constitutionnelle qui a consisté à accorder un bonus de 45 jours de plus sur le mandat présidentiel qui devrait prendre fin de 05 avril 2021 à minuit. Il n’a pas eu le temps pour jouer au chef de rébellion, pour demander aux populations de manifester et de détruire des infrastructures. Pacifiste, il l’a prouvé pendant les 10 ans où il est resté au pouvoir et les Béninois peuvent bien témoigner de son engagement pour la paix et la concorde nationale. « Il y a eu des mouvements de contestation dans beaucoup de communes dont Cotonou, Porto Novo, Calavi…Yayi a-t-il appelé tous ces Béninois pour leur donner l’ordre de manifester ? », se désole une autre source.
La vraie cause des violences demeure l’exclusion,
A-t-on besoin d’aller à l’école pour comprendre que l’exclusion et la frustration sont souvent les causes des mouvements d’humeur et des violences ? Ici au Bénin comme ailleurs, les exclusions surtout pour des élections ont engendré des conflagrations plus violentes. Le cas le plus éloquent est l’exemple de l’Algérie où une simple annulation des élections législatives gagnées par le Front Islamique du Salut(FIS) en 1993 a conduit le pays dans la guerre civile puis dans le terrorisme. Aujourd’hui, la situation politique du Bénin fait le tour du monde. La communauté internationale s’inquiète de la montée en flèche d’un régime autoritaire au Bénin avec son lot d’arrestations d’opposants, de violation des droits de l’homme, d’injustice et d’embrigadement de la liberté d’opinion et de presse. Personne ne peut attester de la destination et de la voie empruntée par le Bénin aujourd’hui. Mêmes des acteurs de cette majorité politique au pouvoir ne savent pas grand-chose de là où le Bénin va. Tout le monde s’accorde à dire « ça ne rassure pas » et que la voie choisie apparait comme celle du scénario « Wahala » fait de conflit, d’instabilité et d’insécurité humaine. Tout concourt à détruire la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale. Le chef de l’Etat, garant de l’unité nationale devrait prendre les taureaux par les cornes pour tenir des discours de réconciliation et des actes de paix. Mais hélas, on préfère accuser des individus alors que le système même va en vrille. La fixation sur Yayi, son accusation quasi permanente dans toutes les difficultés du régime ne peuvent nullement contribuer à rétablir un climat de paix et de concorde au Bénin. De même que les discours en vogue actuellement et qui visent à diaboliser l’opposition. Vivement des solutions réelles et sincères pour l’instauration de la paix au Bénin.