(L’accessibilité des services de l’Anip, l’autre préoccupation)
Si l’obligation faite à tout géniteur de se faire établir un acte de déclaration de reconnaissance de grossesse avant l’accouchement de l’enfant fait jaser, cette mesure en vigueur depuis le 1er avril 2021 pourrait bien être à l’origine d’un autre problème : « des enfants sans-papiers ». Alors que le risque de voir à nouveau des enfants sans acte de naissance au Bénin plane, l’accessibilité des services de l’Anip demeure une réelle préoccupation…
L’établissement de l’acte de naissance d’un enfant était presque gratuit mais il a fallu plusieurs opérations et initiatives pour délivrer des actes de naissance à des enfants qui, entre temps, sont devenus adultes et d’autres coincés aux portes de l’école. A quoi pourrait-on s’attendre alors avec de nouvelles procédures exigeant un certificat de reconnaissance de grossesse ? En effet, conformément aux dispositions de la loi n°2015-08 du 08 décembre 2015 portant code de l’enfant en République du Bénin, il est prescrit que le nom du géniteur ne peut être inscrit sur l’acte de l’enfant qu’après présentation d’un certificat de mariage ou d’une déclaration de reconnaissance de la grossesse établie par l’officier d’Etat civil. Les dispositions de ladite loi stipulent également qu’« aucune sage-femme, aucun médecin accoucheur ne peut inscrire sur la fiche de naissance, le nom d’un quelconque présumé père si la femme n’apporte pas au moment de l’accouchement, la preuve du mariage ou de la reconnaissance de la grossesse ». Et le comble, les citoyens sont contraints de faire face à des dépenses supplémentaires pour se conformer à cette exigence. Le spectacle désolant qui pourrait en découler est que plusieurs enfants risquent de se retrouver à nouveau sans acte de naissance au Bénin. La morosité économique oblige et les conséquences économiques liées à la crise sanitaire du Covid-19 sont loin de favoriser les choses. Faut-il le rappeler, avec le Ravip, plus de deux millions cinq cent mille (2.500.000) qui étaient sans acte de naissance avaient été enrôlés et avaient bénéficié de témoignage des élus locaux. Et le risque avec la nouvelle mesure est que la situation pourrait être davantage déplorable. Il n’est pas exclu que des parents, faute de moyens, maintiennent leurs enfants à la maison sans chercher à leur établir des actes de naissance. S’achemine-t-on alors vers une nouvelle génération d’enfants “sans-papiers“ ? La question reste toute posée.
L’accessibilité des services de l’Anip préoccupe…
Alors que les prestations de l’Agence nationale d’identification des personnes s’imposent à tous, elles ne sont pas toujours accessibles. En effet, de sources concordantes, les services de l’Anip ne sont disponibles que dans les mairies. Encore qu’il faudra s’assurer que lesdits services sont fonctionnels dans les 77 mairies du Bénin. Certes, un effort est fait quant à la décentralisation desdits services mais il faut reconnaître qu’il serait plus souhaitable que l’Anip offre également ses prestations dans les arrondissements. Etant donné que des localités se retrouvent à des dizaines de kilomètres de leur mairie. Outre la distance qui demeure une préoccupation entière, le coût des prestations laisse également perplexe. Au regard de la situation économique, il serait également préférable que l’Anip revoie les tarifs de ses services à la baisse afin de permettre à tous les citoyens d’en bénéficier.