À travers un communiqué en date du 27 avril, le Ministre de l’économie et des finances annonce que l’agence internationale de notation financière “Standard & Poor’s” a maintenu pour le Bénin, sa note B+ “avec perspective stable”, malgré les crises sanitaire et économique, liées à la Covid-19. Une nouvelle qui rend honneur et donne raison à l’argentier national Romuald Wadagni qui avait préféré l’accès à de nouveaux crédits, contrairement au Sénégal et d’autres pays subsahariens, ayant plutôt plaidé pour l’annulation de leurs dettes.
Bonne nouvelle pour l’économie béninoise. Et pour cause, elle est toujours stable depuis un an et ce, malgré la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 qui, à son tour, a engendré une crise économique mondiale. En d’autres termes, le pays maintient sa note B+ qui lui a été attribuée en juin et octobre 2020 par l’agence internationale de notation financière “Standard & Poor’s”, nonobstant les corollaires économiques sans précédent, de cette crise. Laquelle crise dure désormais plus d’un an. Au début donc de cette situation économique dégradante, les pays du G20 avaient pris l’initiative de l’annulation de la dette des pays pauvres qui, pour la plupart, se situent en Afrique subsaharienne. Ceci, afin de les aider à relancer leur économie. Seulement, cette proposition n’a pas fait l’unanimité dans le rang de ces pays. Puisque, alors que le Sénégal et d’autres pays de la sous-région se montraient partant pour cette option du G20, le Bénin s’y était opposé.
Ce qu’avait préconisé Wadagni
Pour motiver cette opposition, le Ministre béninois de l’économie et des finances Romuald Wadagni s’était expliqué, à travers une tribune publiée le 23 avril. Titrée ” Pourquoi l’allègement de la dette africaine n’est pas la solution”, l’argentier national avait, à travers cette opinion, démontré de long en large ce pour quoi la suspension de ces dettes ne devrait pas être envisageable, dans tous les cas par son pays. « Ces solutions, malgré la marge budgétaire immédiate qu’elles offrent, ne répondent pas aux enjeux cités plus haut et présentent d’importants inconvénients à court et moyen termes. En effet, les dépenses des États sont appelées à croître rapidement pour contrer la propagation de la pandémie alors même qu’il faut continuer à faire face aux défis du développement. À ce constat, s’ajoute la chute importante des recettes qui vient réduire davantage les marges budgétaires. L’allègement de la dette ou un moratoire constitue, dans ce contexte, un appel à l’indulgence des créanciers et n’apporte pas de solutions structurelles aux difficultés des États (…). Au-delà des agences de notation qui pourraient sanctionner le non-respect d’une échéance de prêt, tous les efforts fournis par nos pays pour améliorer le climat des affaires et la perception de risque présentée dans les classifications de l’Ocde notamment et utilisée pour définir le taux d’emprunt de nombreux prêts, ne seront qu’anéantis », avait-il évoqué. Contrairement donc au Sénégal, le Bénin pensait que l’accès à de nouveaux crédits, mais avec de la bonne dette et à taux réduits à longue maturité au même titre que les pays développés ; permettra plutôt de sauver l’économie de ces pays africains, face à cette crise. Mieux, dans ses explications, le Ministre Romuald Wadagni affirmait que les économies africaines, déjà sujettes aux multiples conséquences des problèmes mondiaux, devraient dans le bon droit, à défaut d’être traitées avec plus de délicatesse que leurs homologues du Nord, dans le cadre de la lutte contre cette pandémie du Coronavirus, bénéficier d’un appui conséquent qui, selon lui, doit être au titre des réelles solutions à apporter à la situation. Ainsi, l’allègement de la dette des pays africains pour leur permettre de faire face à la pandémie du Coronavirus, est pour lui, loin d’être une solution. De ce fait, il soutenait qu’il fallait mieux, comme c’est le cas de la dynamique, à l’endroit des pays développés. « Or, au regard de la faiblesse de l’épargne intérieure et du secteur privé, la dette, la bonne, aux meilleures conditions de coût et de durée, est essentielle pour mettre nos économies sur un sentier de croissance soutenue et durable », avait-il poursuivi. Mettant donc en pratique cette vision, Romuald Wadagni, en plus d’avoir eu raison, a fait maintenir par ricochet l’économie du Bénin dans son état stable, d’où cette note B+. Dans le communiqué du Ministre faisant office de compte-rendu, l’on retient aussi que “Standard & Poor’s” rappelle que la décision du gouvernement du Bénin de ne pas participer à l’initiative de suspension du service de la dette mise en place par le G20, est favorablement accueillie par les investisseurs du Bénin, comme illustré par le succès des opérations de financement extérieur entreprises au cours des derniers mois. Pendant ce temps, ça tangue au Sénégal, qui était allé à l’antipode de la décision du Bénin. Le pays de ce fait a vu sa notation se dégrader. Pis, deux jours après cette nouvelle, plusieurs annonces ont conséquemment placé la notation souveraine de ce pays “sous surveillance”, en vue d’une éventuelle dégradation. Faisant couler beaucoup d’encre et de salive dès la publication de cette tribune, il est évident qu’une année après, Romuald Wadagni avait, à l’époque, fait un choix judicieux. Lequel a permis de maintenir à flot l’économie béninoise, en ces périodes de pandémie.