Initié par l’Ecole doctorale pluridisciplinaire « espaces, cultures et développement » de l’Université d’Abomey-Calavi, le “Mercredi scientifique“ de ce mercredi, 28 avril 2021 a mobilisé la communauté universitaire autour des défis et enjeux de la recherche scientifique en Afrique.
Le présent rendez-vous scientifique qui s’est déroulé dans l’amphi Jean Pliya sur le campus d’Abomey-Calavi a été meublé de deux communications sur “l’état des lieux et perspectives de la recherche scientifique en Afrique“, présentée par l’ancien recteur Brice Sinsin et “les enjeux éthiques de la recherche en Afrique“, présentée par Prof Rock Houngnihin, anthropologue de santé. Dans sa présentation, ce dernier a fait savoir que l’éthique dans la recherche a émergé suite l’atrocité des expérimentations commises sur les êtres humains dans les camps de concentration durant la deuxième guerre mondiale. Toutefois, le déclic ne sera perceptible qu’après les scandales liés à la recherche aux Etats-Unis. Dès lors, l’éthique de la recherche est basée surtout sur le souci de protection des groupes vulnérables tout en évitant de nuire à la recherche dans le monde. Aujourd’hui au Bénin, il y a quatre (04) comités d’éthique, a-t-il fait savoir. Faisant référence aux enjeux en Afrique, le Prof Roch Houngnihin a insisté sur le consentement écrit ou substitué. Il indique qu’il est fait obligation aux chercheurs d’obtenir le consentement éclairé et libre de chacune des personnes appelée à participer à la recherche. Il a évoqué également l’enjeu lié à l’appréciation divergente du risque ainsi que celui lié aux primes de sollicitation ou indemnités compensatoire.
Financement de la recherche en Afrique : Brice Sinsin en parle
Prenant la parole, l’ancien recteur de l’Uac, Prof Brice Sinsin a souligné l’importance de la pluridisciplinarité de la recherche, le travail en équipe dans les laboratoires. A l’en croire, ceci permet d’avoir une vue holistique du problème, développer un bon carnet d’adresse, créer un réseau, mutualiser les ressources et les capacités de création, mettre en cohérence plusieurs disciplines, avoir beaucoup plus de faciliter à aller vers la formulation de politique de développement. Il n’est toutefois pas exclu de faire face à un « risque de confusion des concepts » ou encore d’illusion de l’embrasement de tous les savoirs. Tout en plaidant pour une politique engageante et d’accompagnement soutenu, il a précisé que « les laboratoires génèrent beaucoup de connaissance, accumulent beaucoup de paquets technologiques mais que d’autres oreilles de développement, de décision, n’arrivent pas à capter ce bruit de fond dans les laboratoires ». Abordant la question du financement de la recherche, Prof Brice Sinsin estime qu’il revient aux enseignants-chercheurs d’aller vers les sources de financement. « Quand on a la chance d’être formé à ce niveau doctoral, on devrait avoir l’ouverture d’esprit, la capacité, de rédiger un projet bancal ; aller vers les sources de financement à l’interne et à l’externe pour coûte que coûte faire revenir les ressources nécessaires qu’il vous faut pour bâtir normalement votre assise de scientifique, d’universitaire. C’est ça la mendicité du docteur qui est formé », a-t-il expliqué. Il ajoute que le docteur est formé certes pour posséder la science, mais il est aussi formé pour pouvoir monnayer cette science et l’aider à développer son laboratoire. Très ravi de la relance du “Mercredi scientifique“, le Directeur de l’Ecole doctorale pluridisciplinaire, Prof Placide Cledjo a confié qu’il s’agit d’une initiative qui permet non seulement une animation scientifique au niveau de l’Ecole mais qui contribue aussi à la formation continue des étudiants.