Les éléments de la Police républicaine du commissariat de Gouka à Bantè ont intercepté, dans la matinée du vendredi 30 avril dernier, une cargaison de munitions dans un minibus accidenté à hauteur du village Agbon, dans l’arrondissement d’Akotolibé. Mis au courant, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou, a fait ouvrir une enquête judiciaire pour que la lumière soit faite sur le dossier.
70 mille cartouches de calibre 12 soigneusement emballées dans des cartons dissimulés dans 56 sacs de jute imbibés d’huile rouge. C’est la grosse prise effectuée par les éléments de la Police républicaine du commissariat de Gouka dans la commune de Bantè après s’être saisis d’un cas d’accident mortel de la circulation survenu, vendredi 30 avril dernier, aux environs de 5 h du matin. Le drame s’est produit à hauteur du village Agbon, dans l’arrondissement d’Atokolibé entre un minibus de marque Mazda immatriculé BH 0337 Rb, de couleur rouge, et un bus de marque Renault appartenant à la compagnie « Coopérative transport voyageurs » (Ctv), immatriculé BH 1479 Rb sur la Route nationale Inter États n° 3 (Rnie3) tronçon Savalou-Bantè.
Le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou, est monté au créneau, samedi 1er mai dernier, à son cabinet à Porto-Novo, pour partager l’information avec l’opinion publique nationale et internationale. Selon lui, l’accident mortel s’est produit parce que le minibus roulait certainement à vive allure, venant de Gouka en direction de Bantè. Il est entré en collision frontale avec le bus qui était en stationnement au bord de la voie. Des quatre occupants du minibus, poursuit le procureur spécial près la Criet, deux sont décédés sur-le-champ et un troisième, le conducteur, a succombé à ses blessures quelques instants plus tard à l’hôpital de zone de Savalou. Le seul rescapé de l’accident dit répondre au nom d’Aziz Kankalala de nationalité togolaise résidant à Alédjo au Togo.
De ses premières déclarations à la Police, à en croire le procureur spécial de la Criet, il ressort qu’il a l’habitude d’aider le conducteur du minibus, également de nationalité togolaise, à décharger ses marchandises. Cette fois-ci, il aurait été sollicité la veille aux environs de 20 h à Aoro, village situé sur l’axe routier Bassila- Bantè pour aider à décharger la cargaison à Gouka et à Akpassi, dans la commune de Bantè. Il précise qu’au moment où il entrait dans le véhicule, s’y trouvaient déjà deux individus en plus du conducteur. La fouille du minibus par la Police a permis de découvrir à son bord, en lieu et place de l’huile rouge, la cargaison de munitions en question.
Une enquête ouverte
Pour Mario Mètonou, qui se base sur le rapport des policiers ayant fait les premières constatations, tout porte à croire que le marquage des sacs à l’huile rouge vise à tromper la vigilance des forces de défense et de sécurité pour amener à destination les 70 mille cartouches. Le procureur spécial près la Criet dit avoir fait ouvrir une enquête en vue d’établir l’origine précise de la cargaison, le lieu de son chargement, le ou les expéditeurs, le ou les destinataires, leurs motivations réelles ainsi que l’usage auquel la cargaison est destinée. Les officiers de police judiciaire chargés de cette enquête sont à pied d’œuvre sur le dossier, rassure Mario Mètonou.
Il n’a pas manqué de rappeler que ces faits interviennent dans un contexte où plusieurs actes de violences, d’attaques et d’agressions ont été planifiés pour empêcher l’élection présidentielle du 11 avril dernier. Certains de ces actes ont malheureusement été mis à exécution et ont engendré de nombreux blessés graves au sein des forces de défense et de sécurité du Bénin dont certains ont été atteints par des balles de calibre 12 dans des localités comme Bantè, Gouka, Akpassi, Savè, Papane, Tchaourou et Parakou. Selon lui, ces faits de transport et de mise en circulation de munitions sont constitutifs d’actes de terrorisme, aux termes des articles 161 et 162 du Code pénal béninois.