Le Sommet international, en réalité un sommet intergouvernemental, sur les questions de financement et de dette en Afrique, s’est ouvert hier à Paris. En filigrane, l’ambition est de trouver les points d’ancrage d’un coup de pouce aux économies des Etats africains, qui ont besoin de sortir la tête de l’eau, du surendettement accentué par la crise de Covid-19. Le Bénin ne fut pas en reste de cette dynamique.
Donner aux économies africaines une impulsion à travers des solutions qui permettront de juguler les fragilités nées de la crise liée au coronavirus. Telle est l’ambition du sommet sur les questions de financement et de dette en Afrique. Les mesures envisagées à Paris seront traduites par des actions via les institutions appropriées. La dette publique du continent étant passée de
32,1 % en 2010 à un ratio de 65 % en 2020 du Pib. L’idée qui sous-tend ce sommet, c’est de faire valoir qu’il n’y a pas de fatalité liée à la dette. Aussi, le président français Emmanuel Macron soutient-il la nécessité d’un New Deal au profit de l’Afrique, à savoir trouver une réponse économique et financière idoine de nature à permettre au continent de se relever de la crise pandémique et de se reconstruire. Comment y parvenir ?
Des solutions sont envisagées en ce qui concerne l’allocation de Droits de tirage spéciaux (Dts, un instrument monétaire international créé par le Fmi), idée portée déjà par le Fmi dont la validation devrait être faite par son Conseil d’administration courant juin 2021. Autrement dit, il est envisagé que les Dts de pays riches non utilisés soient alloués aux Etats à bas revenus. Ce qui leur permettra de renflouer leurs économies. Mais encore, faudrait-t-il que les grandes puissances se mettent d’accord sur ce principe. A savoir que le taux d’intérêt du Dts serve de base de calcul pour le taux d’intérêt dont sont assortis les prêts aux pays membres.
Les réflexions se poursuivent, dirait-on, au regard des déclarations faites par les principaux
acteurs dudit sommet, qui n’a pas été sans une active participation du Bénin à travers son ministre de l’Economie et des Finances, l’excellent Romuald Wadagni, qui a contribué à la préparation du Sommet en amont. Une série de réunions préparatoires de haut niveau à laquelle il a pris une part active s’est, en effet, tenue depuis décembre 2020.
Romuald Wadagni a pu affirmer son leadership en tant que porte-voix des pays d’Afrique francophone, toujours dans le cadre de la préparation du Sommet, en participant aux travaux d’un Groupe de travail de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (Uneca) dirigé par Vera Songwe, Secrétaire exécutive de l’Uneca.
Chose notable, l’argentier béninois est le seul ministre des Finances de l’Afrique à prendre part à d’autres travaux préparatoires aux côtés d’éminentes personnalités comme Ousmane Diagana, vice-président pour l’Afrique Occidentale et Centrale du Groupe de la Banque mondiale ou le manager Tidjane Thiam. Ils ont planché sur la thématique « Améliorer l’attractivité des économies africaines et renforcer le secteur privé ». Une position tenue par le Bénin, qui a paru un temps faire cavalier seul avant d’être rejoint là-dessus.
Au sommet tenu hier à Paris, a été envisagée également la possibilité d’emprunter des mécanismes additionnels, outre l’activation des Dts ”dormants” des pays riches, notamment le ciblage du secteur privé ou certains secteurs ou thématiques spécifiques, pour relancer les économies africaines. Le secteur privé est capable en effet de mobiliser les centaines de milliards de dollars dont le continent a besoin pour sa croissance dans une situation post Covid-19 difficile pour tout le monde.
Une façon de corriger l’écart colossal entre ce que les économies des pays développés ont mobilisé pour soutenir leurs économies du fait de la pandémie, des centaines de milliards de dollars en vue d’opérationnaliser leurs plans de relance. Initiative que les pays moins avancés n’ont pu prendre. Le sommet de Paris est un pas pour avancer vers une telle solution, à savoir corriger «l’injustice» qui a frappé les pays pauvres.
Y ayant pris parole, Romuald Wadagni, représentant le chef de l’Etat béninois et choisi comme premier porte-parole, côté Afrique pour débriefer au sommet, a profité de l’opportunité pour exposer la position du Bénin sur la relance des économies africaines après la Covid-19. Fort de sa réussite d’émissions d’eurobonds en 2021, suivant une maturité, un amortissement, et un taux d’intérêt avantageux, le Bénin a prouvé qu’il était possible d’améliorer les conditions auxquelles empruntent les pays africains, et qu’il existe d’autres voies de financement de l’économie. Preuve de la confiance des investisseurs, il a pu ainsi tordre le cou à l’idée selon laquelle il y aurait une fatalité, voire une singularité africaine en matière d’endettement?