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Journée mondiale de la communication sociale: L’abbé Hubert Kèdowidé explique cet événement pastoral

Publié le vendredi 21 mai 2021  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Abbé Hubert Kèdowidé, chargé de la communication personnelle de l’Archevêque de Cotonou
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Par Anselme Pascal AGUEHOUNDE,

Lorsqu’on parle de Journée mondiale de la communication sociale, l’on pourrait penser, non sans raison, que c’est l’une des multiples journées instituées par l’Organisation des Nations Unies. L’on est bien loin de s’imaginer qu’il s’agit d’un événement pastoral. Et pourtant, c’en est un ! Dimanche 16 mai dernier, les catholiques ont célébré l’événement avec engouement. Abbé Hubert Kèdowidé, chargé de la communication personnelle de l’Archevêque de Cotonou, éclaire sur l’origine et la portée de cette journée.


La Journée mondiale de la communication sociale et l’Eglise catholique, quel lien ?

La Journée mondiale de la communication sociale est un produit du Concile Vatican II. Le Concile Vatican II, c’est cette grande réunion mondiale qui a permis à l’Eglise de réfléchir sur les enjeux pastoraux. Et parmi les enjeux pastoraux, le concile s’est penché sur la communication sociale. S’en est suivi le décret Inter mirifica portant sur les moyens de communication et promulgué par le Pape Paul VI. Ce décret prône les moyens de communication comme étant des instruments par lesquels l’Eglise peut proclamer la vérité et faire progresser la sainte volonté de Dieu.

Dans ce document conciliaire, la question relative à l’information, notamment à la collecte et à la diffusion des nouvelles, a été fondamentalement abordée. L’Eglise travaille pour que l’opinion publique soit informée dans la vérité, la fiabilité des informations, surtout dans le respect des règles de la déontologie. Depuis le concile Vatican II, l’Eglise a choisi de toujours célébrer une Journée mondiale de la communication sociale et c’est toujours le dimanche entre la célébration de l’Ascension et le dimanche de la Pentecôte.

Mais déjà, les 24 janvier de chaque année, en la fête de Saint François de Sales qui est le patron des journalistes, le Saint Siège publie le message du Souverain pontife. Dans ce message, le Pape donne le thème de la Journée mondiale de la communication sociale. Cette année, le dimanche entre la fête de l’Ascension et la fête de la Pentecôte, c’était le dimanche 16 mai dernier. C’est ce jour que l’Eglise a célébré la Journée mondiale de la communication sociale. Contrairement aux années précédentes où l’événement était célébré au plan national, cette année, c’est chaque diocèse du Bénin qui l’a célébré.

Comment l’événement a-t-il été célébré dans l’archidiocèse de Cotonou ?
L’archidiocèse de Cotonou a célébré l’événement sur la Paroisse Saint Martin de Cotonou. Nous avons, à l’occasion, développé le thème que le Pape nous a proposé cette année. Ce thème, c’est : « Venez et voyez». C’est sur ce thème qu’ont porté nos échanges. Nous avons rassemblé sur la paroisse Saint Martin de Cotonou, les professionnels des médias et toutes les personnes qui sont dans des instances de responsabilité partout dans l’archidiocèse de Cotonou : le bureau diocésain des groupes de prières, des chorales et de toute autre association… Le thème est tiré de l’évangile selon Saint Jean, au chapitre 1, verset 46.

Le Pape, dans son message, a voulu faire de la communication, un lieu de rencontre ; communiquer en rencontrant les personnes où et comme ils sont. Les mesures barrières ne doivent pas nous empêcher de rencontrer les gens, de fraterniser, de faire communion, de faire route ensemble, car c’est rester avec les gens qui nous permet de mieux les connaître et de sauter les barrières des incompréhensions.
Pendant nos échanges, nous nous sommes interrogés sur les moyens disponibles et accessibles pour aller à la rencontre des gens.

Nous avons aussi discuté du projet du gouvernement relatif à la Télévision numérique terrestre, un projet de grande importance qui va permettre au plus grand nombre des Béninois d’avoir accès à des images de bonne qualité sur la totalité du territoire. Nous avons invité un spécialiste qui nous a parlé de l’opportunité que ce projet pourrait représenter pour l’Eglise catholique surtout si nous ambitionnons d’avoir la télévision catholique. Nous avons également initié les participants à préparer tout ce qui relève de la communication. Les anciens journalistes catholiques nous ont parlé de comment ils préparent et tiennent leurs émissions (avant, pendant et après).

Toutes choses qui ont permis aux responsables de groupes liturgiques de comprendre que communiquer est essentiel et pour bien communiquer, il y a des dispositions à prendre avant, pendant et après. La célébration de cette journée a donc été un mini-atelier d’initiation pour que chaque participant reparte avec une plus-value, afin que la communication soit au cœur de la pastorale.

Beaucoup de personnes au Bénin pensent que la communication, c’est juste parler ou présenter. Or cela implique beaucoup de ressources. Surtout quand c’est l’audiovisuel, la communication implique un équipement lourd et un travail d’équipe. Derrière un présentateur, il y a toute une équipe qui travaille et ça implique aussi des ressources financières et matérielles.

Donc, il faut essayer de convertir la mentalité de gratuité que nous avons habituellement quand il s’agit d’avoir accès aux médias. Les médias dans tous les secteurs ont besoin d’investissement. Autant le gouvernement investit pour que les journalistes puissent avoir les moyens de faire leur travail en toute crédibilité, autant il faut que ceux qui travaillent dans la communication, au niveau de l’Eglise, puissent avoir les moyens.

Nous ne sommes pas toujours éveillés dans ce sens. Après les échanges, il y a eu une célébration eucharistique à midi. Elle a été présidée par le père Roger Sevoh, vicaire général chargé de la pastorale dans l’archidiocèse de Cotonou, et curé de la paroisse saint
Martin de Cotonou. La messe a été concélébrée par douze prêtres en référence aux douze apôtres de Jésus-Christ. Et puisque c’est notre fête, nous avons conclu la Journée entre journalistes et hommes des médias catholiques, par le partage du pain de l’amitié.

Quels enseignements s’en dégagent ?
Ce qu’il est essentiel de retenir, c’est que la communication est au cœur de notre engagement ecclésial. La Parole était auprès de Dieu et la Parole était Dieu. La Parole s’est fait chair, elle a habité parmi nous et nous avons vu sa grandeur, nous dit l’évangile selon Saint Jean. Cette Parole, Jésus, une fois qu’il est mort et ressuscité, avant de passer de ce monde à son père, va dire à ses disciples : « Allez, de toutes les nations, faites des disciples… Allez proclamer la Bonne nouvelle ». Il s’agit donc d’aller communiquer Dieu, d’aller communiquer la vérité, l’amour, la miséricorde de Dieu.

Et les disciples vont parcourir le monde entier pour annoncer la bonne nouvelle. Ils ont utilisé les moyens de ce temps comme Jésus a utilisé les moyens de ce temps pour communiquer. Jésus allait à la rencontre des gens dans les synagogues, sur les lieux publics… Aujourd’hui, le Pape nous demande aussi d’aller à la rencontre des gens. La communication, c’est l’établissement d’une relation qui suppose une prise en compte du récepteur. Si le récepteur n’est pas pris en compte, on ne peut pas établir la relation. Tous les chrétiens sont appelés à ne pas avoir peur de l’autre. Que l’autre ne soit pas un étranger, c’est-à-dire quelqu’un qui est étrange. Mais que l’autre, quelle que soit son apparence, devienne un frère, une sœur.


Et pour y arriver, il faut le rencontrer, cheminer avec lui, partager l’existence avec lui, communiquer avec lui. Et la communication, c’est une commune action, on se rallie autour d’un projet commun. Le communicateur, c’est donc celui qui médiatise les opinions différentes afin que puisse naitre un consensus, une nouvelle opinion qui reflète l’ensemble. Le communicateur n’est pas un semeur de troubles. Il est celui qui arrive à créer un medium, un lieu pour la synergie des différences, un cadre d’émulation pour une action commune. Le Pape insiste là-dessus. Je pense que la leçon à tirer de cette journée, c’est que notre vie est toujours une vie d’équipe. Le vivre-ensemble doit pouvoir nous conforter. En tant que fils du même pays, en tant que famille, en tant qu’église, faisons communion, faisons route ensemble et marchons ensemble pour nous aider les uns les autres.

Que pourrions-nous retenir d’autre?
L’autre enseignement de cette journée, c’est de savoir que c’est en vivant avec les gens que nous pouvons mieux les connaître, mieux les tolérer et les supporter, car on sait ce qu’ils ont de bon et de moins bon ; et alors, on peut les aider. A la rencontre de l’autre, on diagnostique le mal de la division et on peut essayer de l’éviter en dialoguant.

Aller à la rencontre, c’est initier le dialogue, l’échange. Je salue alors tous les journalistes du Bénin, et tous ceux qui aiment que triomphent la justice, la vérité, la paix et l’amour entre les fils et les filles d’un même pays. Je souhaite que naissent dans nos milieux, beaucoup de journalistes crédibles qui portent l’étendard de la cohésion sociale et le souci de la fiabilité de l’information.

Dans son message, le Pape a d’ailleurs salué les journalistes martyrs de la vérité, martyrs dans les régimes dictatoriaux, ainsi que les journalistes qui sont sur les fronts de guerre ou les lieux de famine pour susciter la conscience collective de notre monde afin qu’ensemble nous luttions contre la guerre, la misère, l’injustice et tout ce qui peut contribuer à l’anéantissement de l’humain.

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