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Le Professeur François Abiola au sujet du développement: «La démocratie doit aider à aller vers le développement»

Publié le jeudi 27 mai 2021  |  L`événement Précis
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© Autre presse par DR
Le parti politique Mouvement Espoir du Bénin (MEsB) du Professeur François Abiola
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Le Professeur François Adébayo Abiola s’est prononcé, le vendredi 21 mai 2021, sur l’état des forces politiques béninoises depuis les indépendances en lien avec la démocratie. C’était sur l’émission « Questions actuelles » de Radio Capp FM que l’invité a fustigé notamment les marchandages démocratiques qui selon lui freinent le développement de la nation malgré la volonté manifeste des dirigeants.

« Marchandages démocratiques et développement ». C’est le thème qui a fait l’objet de débat sur l’émission «Questions actuelles», le vendredi dernier. Reçu par le journaliste Lucien Dossou, le Professeur François Adébayo Abiola a déploré le rôle de l’ethnie, de l’argent et de la croyance avec toutes les formes de manipulation communicationnelle dans le système démocratique du Bénin. « Dès que le Bénin devient pays démocratique, cette démocratie doit être au service du développement », fait-il remarquer, en dénonçant ceux qui privilégient toujours le marchandage politique. Au cours de l’émission, le Professeur François Abiola, ancien premier vice-ministre du Bénin a déniché les problèmes visant à contenir le pays dans le sous-développement. Surpris d’entendre par exemple certains déclarer qu’il faut se référer à la Conférence des forces vives de la nation pour prendre toutes décisions, l’invité a jugé « inachevé » le travail de ladite conférence qui, selon ses dires, a eu lieu dans un contexte précis, une volonté de libérer les opinions, de trouver des énergies… ll poursuit ses explications en indiquant que pour faire le diagnostic de l’état actuel du pays, il faut peut-être s’orienter vers les années 1960, date des indépendances et savoir ce qu’on peut envisager faire pour sortir le pays des dérives. À cet effet, il a énuméré quatre éléments majeurs qui constituent des faux pas dans l’histoire politique du Bénin.

« Ce n’est plus la bataille des idées, mais la bataille des hommes qui incarnent une région »

Le premier faux pas, c’était en 1946 où il fallait désigner deux députés pour aller participer au constituant de 1946, c’est-à-dire désigner deux représentants pour le Dahomey, selon les explications du Professeur qui précise qu’il y avait deux camps en compétition : les candidats de l’administration et les candidats des autochtones. Et comme candidat de l’administration coloniale, Jean-Louis Boursia et Casimir d’Almeïda face aux candidats des autochtones Révérend Père Aupiais et Sourou Migan Apithy. Les candidats des autochtones ont gagné pour représenter le Dahomey au constituant de 1946. Et ça a abouti à la création du premier parti Dahomey à l’époque « Union Progressiste Dahoméenne ». Un faux pas parce que le slogan était de voter les autochtones pour la libération du Dahomey à l’époque, a révélé l’ancien ministre Abiola. À la suite de leur victoire et la création de leur parti, le colonisateur ne s’est pas croisé les bras. Il a tout fait pour susciter la guerre des ambitions, la division et la lutte au sein de l’unique moderne (ceux qui ont gagné). Le deuxième faux pas caractérisant cette période, c’est la scission qui était intervenue au sein de l’UPD avec la création du PRD, la création du parti GEN (Groupement Ethnique du Nord) et la création du parti Union Démocratique Dahomey (UDD). Donc, ils se sont séparés et ce n’est plus la bataille des idées mais plutôt la bataille des hommes qui incarnent une région. Le troisième faux pas, c’est l’élection du premier président du Dahomey Hubert Maga. En ce temps, pour barrer la route à Apithy, Ahomandégbé s’est associé à Maga pour que le 26 juin 1960, ce dernier puisse être élu et proclamé l’indépendance le 1er août 1960. Et pour clouer Ahomandégbé, Apithy s’est associé à son tour à Maga pour renverser le président de l’Assemblée nationale. Le 28 octobre 1963, il y a un soulèvement populaire qui a abouti au renversement du gouvernement de Maga avec l’intervention des moniteurs et ceci s’étend des raccourcis jusqu’en 1972. Pour résumer cette partie, ce n’est que la bataille des hommes et cette bataille des hommes conduit à la bataille des régions (le Nord, le Centre et le Sud), a-t-il fait savoir. Et c’est sur cette entrefaite que l’armée est intervenue pour gérer d’une façon ou d’une autre les affaires avec les temps d’élection et ceci jusqu’à l’avènement de Mathieu Kérékou le 06 octobre 1972. À partir de là, on peut citer deux expériences mémorables. C’est le parti Unique de Mathieu Kérékou avec la conscientisation de la population le PRPB. Mais malheureusement, le candidat Kérékou et son groupe n’ont pas eu de ressources financières nécessaires pour gagner. C’est le quatrième faux pas, selon le Professeur Abiola. Autre élément à cette époque, c’est la conférence nationale qui a décrété le multipartisme. L’invité de Capp FM s’est appuyé sur le discours du président français Mitterrand lors de la 16ème conférence des chefs d’État et de France le 19 au 21 juin 1990 à la Gaulle qui a affirmé que « seule la démocratie doit être la base avec comme l’unique multipartisme et c’est ça qui doit permettre d’arriver au développement.». À en croire le Professeur Abiola, le Bénin n’a pas attendu le discours de Mitterrand avant d’avancer vers le multipartisme libéral. Cependant, il a regretté le fait que la démocratie s’est construite autour de l’ethnie, de l’argent, de la religion avec une absence parfaite d’une idéologie. Il cite en exemple le professeur Nicaise Mede qui a travaillé sur l’impact des ethnies dans les élections. Ce travail a montré que lors des élections de 1999, la plupart des partis ont des députés que dans leur zone d’ancrage ethnique et démontre que le PRD avait 11 députés dans l’Ouémé-Plateau sur les 14 sièges qu’il a décrochés.

« C’est l’échec des gouvernants qui n’arrivent pas à trouver les moyens nécessaires aux concitoyens.»

Parlant de la religion, il a fait comprendre qu’au fur et à mesure que la conférence de 1990 évolue, le poids de la religion a refait surface. Il soutient en effet que le renouveau démocratique qui intervenait avec la Conférence des forces vives de la nation de février 1990 a été celui qui a consacré la grande montée des religieux dans les affaires politiques du Bénin. « ll a été montré à travers les recherches des universitaires que c’est de cette époque que vient l’engouement de l’impact de la religion et c’est l’échec des gouvernants qui n’arrivent pas à trouver les moyens nécessaires aux concitoyens qui explique la présence des religieux dans les activités politiques », fait-t-il savoir. Toutefois, les anciens religieux, note le professeur Abiola, ont trouvé que la religion est manipulée pour orienter les suffrages lors des élections. Par exemple, au quatrième congrès panafricain du renouveau charismatique tenu à Lomé du 06 au 12 août 2018, Mgr Nicodème Barossa, Evêque du diocèse d’Atakpamè a évoqué la part de la religion dans les maux qui minent l’Afrique. De même Mgr Fulgence Monteba, Evêque de la RDC, à l’occasion du Jubilé d’or de la 18ème assemblée du symposium d’Afrique et de Madagascar en 2019 à Campala déclare que « les chrétiens africains trouvent réfugient dans le monde spirituel. Ce qui les rend paresseux à transformer la société ». Pour le Professeur, ces religieux cèdent parfois à la manipulation des politiques. C’est-à-dire que l’homme politique va tout faire pour avoir les suffrages. Même s’il ne satisfait pas les conditions minimum de ses compatriotes. Il va agir sur les grands groupes, les grands électeurs pour pouvoir gagner les élections. « Ce n’est pas en faisant des élections constitutionnelles tous les cinq ans qu’on est en démocratie. La démocratie doit aider à aller vers le développement », a-t-il martelé avant d’ajouter que : « les partis considèrent que le pays était un gâteau. Et que si le gouvernement veut diriger de façon tranquille, il doit satisfaire tous ces marchandages. On est obligé de troquer la démocratie. ».

« Les grandes réformes politiques peuvent conduire au développement»

Dans son intervention, le professeur François Abiola a encouragé la lutte contre les marchandages démocratiques au Bénin. « C’est la mauvaise gouvernance au sommet de l’État parce que quand vous n’avez pas la moitié des députés, vous faites tout possible pour le faire, » déplore-t-il, tout en encourageant le Président Patrice Talon qui met ensemble des petits groupes pour former de grand ensemble. Ce qui selon l’invité permettra d’avoir plus d’homogénéité dans les partis. « Chaque parti sera caractérisé par une idéologie. À partir de cet instant, il y aura des partis qui vont parler de développement » a avoué l’ancien premier ministre sur l’émission. Pour finir, le professeur François Abiola a reconnu que les tares sont en train de diminuer progressivement et en maintenant le cap, le pays pourra amorcer un réel développement dans les années à venir.

Alban Tchalla (stag)
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