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Inès Adounvo Ledeme, gynécologue obstétricienne : “l’utilisation des antiseptiques ou antibactériens est nuisible pour la flore vaginale”

Publié le vendredi 28 mai 2021  |  Fraternité
Inès
© Autre presse par DR
Inès Adounvo Ledeme, gynécologue obstétricienne
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La gynécologue obstétricienne sur la question de l’hygiène intime chez la femme, definie la toilette intime comme l’action de laver la zone des organes génitaux chez l’homme ou la femme au quotidien. Ainsi l’hygiène intime est l’ensemble des gestes du quotidien qui permettent de prévenir les infections liées aux micro-organismes. Mais en matière d’hygiène intime chez la femme, tout n’est pas permis. En effet, certaines pratiques peuvent fragiliser la vulve mais aussi la flore vaginale. Dans cet entretien, Ines Adounvo donne plus d’explication.

Qu’est-ce que l’hygiène intime ?
L’hygiène intime est l’ensemble des soins apportés à la région périnéale pour assurer une hygiène locale parfaite. La région périnéale quant à elle est une zone de communication entre les appareils génitaux, urinaires et digestifs, siège d’une flore bactérienne saprophyte. Elle concerne aussi bien l’homme que la femme.

Quelles sont les pratiques relevant de l’hygiène intime qui endommagent la partie intime de la femme ?
Les gestes qui endommagent les parties intimes sont multiples. Les toilettes intimes excessives ou par défaut, endommagent la partie intime de la femme. Les douches vaginales sont déconseillées car l’intérieur du vagin comporte son propre mécanisme de nettoyage ; Il faut éviter l’utilisation des gants de toilette car la peau des parties intimes est très sensible et peut donc être irritée. En effet, les bactéries ont tendance à s’accumuler et se développer dans les gants. De meme, l’utilisation des antiseptiques ou antibactériens est nuisible pour la flore vaginale. Il ne faut jamais faire la toilette de l’anus vers le sexe car il y a un risque d’emmener des bactéries nocives dans le vagin depuis l’anus qui causeront des infections désagréables. Ne jamais partager sa serviette avec quelqu’un d’autre au risque d’etre infecté. L’introduction de corps étranger ou de substances étrangères dans le vagin dans le but de detoxifier le vagin ou de le resserrer, l’utilisation des parfums ou désodorisant dans la région périnéale, sont aussi des habitudes qui fragilisent la vulve mais aussi la flore vaginale. Les sous vêtements en matières synthétiques sont déconseillés car ils ne sont pas absorbants et favorisent la macération. Il faut de préférence les sous-vêtements en coton. Garder les protections hygiéniques trop longtemps pendant les menstruations ; Laisser le sexe dans l’humidité ou dans la chaleur, porter les vêtements trop serrés ; laisser les sous vêtements se sécher dans la chambre à l’abri du soleil. Ces pratiques ne font qu’agresser et déstabiliser le vagin dans son rôle de barrière. Le vagin est une cavité auto-nettoyante.

Quelles sont les conséquences de ces pratiques sur la femme ?
La région vulvovaginale est le siège d’une flore bactérienne saprophyte formant un écosystème équilibré capable d’assurer son autodéfense contre différents micro-organismes. Ainsi, une hygiène intime non adaptée induit une déstabilisation de cet écosystème, responsable de complications. Le défaut ou l’excès d’hygiène sont des situations présentant des risques d’infections génitales basses (vulvite, vaginite). Plus rarement, l’hygiène inadaptée se complique de pathologies du haut appareil génital (salpingite pouvant donner secondairement une grossesse extra utérine), ou favorise la transmission d’infections virales. Le défaut d’hygiène de la région ano-génitale, associé à la transpiration et à la macération, crée des conditions favorables à la prolifération bactérienne responsable d’infections génitales. La région périnéale, en l’absence d’une hygiène régulière, est propice à la prolifération de certaines bactéries. La vaginose bactérienne, la forme la plus accomplie de ces possibles déséquilibres bactériologiques, est définie par la dominance d’une flore anaérobie responsable de la symptomatologie. Une mauvaise hygiène responsable de la survenue des infections urinaires par migration urétrale de colonies bactériennes. Il peut y avoir une sécheresse vaginale nuisible au bon déroulement des rapports sexuels (cause de dyspareunie parfois). L’environnement périnéal chaud et humide est par ailleurs favorable au développement de colonies de candidats responsables de mycoses vaginale et vulvaire. L’utilisation répétée de produits potentiellement irritants peut entraîner une vulvite prurigineuse, érythémateuse et parfois surinfectée. Conserver une protection intravaginale trop longtemps peut entraîner un choc toxique ou des infections génitales.

Que recommandez-vous aux femmes pour leur toilette intime ?
Le vagin est doté d’une flore vaginale constituée de bactéries dite utiles qui le protègent des infections. La toilette intime doit être réalisée avec de l’eau, sans savon ,sans gants, sans introduction de la main dans le vagin ,et réalisée d’avant en arrière. Se contenter de laver l’extérieur de son sexe, que l’on appelle plus précisément la vulve. Celle-ci est constituée des grandes et des petites lèvres, ainsi que du clitoris. Insister aussi sur les interlabiaux et interfessiers. Elle doit être effectuée de manière quotidienne. Une fois par jour suffit ou au maximum deux. Toujours bien se sécher après la toilette pour le maintenir sec à l’abri de l’humidité. Se laver les mains avant et après chaque passage aux toilettes. Ranger les sous vêtements dans des endroits propres , ne pas les laisser traîner au sol. Ils doivent être renouvelés tous les 6 mois. Les sécher souvent au soleil ou les repasser. Opter pour les sous-vêtements en coton et non en matières synthétiques. Portez des vêtements amples et aérés. Changez les sous vêtements au moins une fois par jour. Au cours des menstruations, il faut maintenir une bonne hygiène intime tout en changeant régulièrement ses protections periodiques toutes les quatre heures. Par ailleurs, les rapports sexuels sont plutôt déconseillés au cours de cette période, car le milieu est plus sensible aux infections. Après les rapports sexuels non protégés, il n’y a pas lieu de faire une toilette vaginale, le vagin lui même s’en occupe. Pensez juste à uriner si possible après les rapports. Aussi, l’utilisation de l’eau tiède ou chaude pour la toilette intime afin de resserrer le vagin n’est pas utile. Pour celles qui ont envie de resserrer leur vagin après l’accouchement , faites la kinésithérapie post accouchement.
Propos recueillis par : Ruth-Elfède HOUNGA (Stag)
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