Les appréhensions autour de la vaccination contre la Covid-19 au sein de la population risquent de fragiliser les acquis de celles de routine au profit des enfants si les parents ne changent pas leur fusil d’épaule. Le Bénin et ses partenaires expliquent l’intérêt des deux vaccins et abordent également l’intérêt de la dose vaccinale contre la pandémie pour les femmes enceintes et allaitantes.
Un an et demi déjà que la Covid-19 prend le monde entier en otage. Le Bénin subit lui aussi les affres de cette maladie quoiqu’il arrive à la maîtriser. Si le pays a fait les diligences nécessaires pour réceptionner des doses de vaccins (environ 4 000 doses), certaines communautés traînent les pas à accompagner la dynamique. La réticence liée au vaccin anti-Covid-19 se répercute sur d’autres campagnes de vaccination, notamment les récentes campagnes de vaccination de routine au profit des enfants de moins de cinq ans au cours desquelles, certains parents ont exposé leur état d’âme.
Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé, est bien au parfum de ces agissements. A la faveur d’une conférence de presse, mardi 18 mai dernier, il a tenu à faire les mises au point nécessaires sur les vaccinations de routine, tout en insistant sur leur importance.
« La panique de la vaccination liée aux rumeurs les plus folles ne va pas pénaliser nos enfants. Aujourd’hui, ces enfants sont pris en otage par la peur de la vaccination (contre la Covid-19: ndlr). Leur faire rater cette chance unique de pouvoir naître, grandir et vivre normalement, est grave», dénonce-t-il.
Le bien-être des enfants le préoccupe si bien qu’il tente de toucher la fibre sensible des parents. « Accordons-leur cette chance en faisant en sorte que leurs vaccinations de routine contre certaines maladies comme la poliomyélite puissent se poursuivre. Un enfant qui ne marche plus (pour défaut de vaccination est un drame : ndlr). Ne gâchons pas la vie de ces innocents à cause de l’infodémie», exhorte-t-il.
Djanabou Mahondé, représentante résidente de l’Unicef au Bénin, emprunte la même démarche. « La vaccination anti-Covid-19 ne doit pas perturber ou ralentir la vaccination de routine notamment en ce qui concerne les enfants de moins de 5 ans. Certains parents confondent malheureusement le vaccin contre la Covid-19 à la vaccination de routine pour cette cible. Il importe que les parents et les communautés aient les informations fiables sur les campagnes de vaccination pour sauver les enfants de la poliomyélite et de la méningite», conseille-t-elle.
Qu’on le veuille ou non, la Covid-19 est en train de s’installer dans le quotidien de tous. Ne pas avoir cette réalité à l’esprit au point de banaliser les vaccinations de routine au profit des enfants est une erreur monumentale, préviennent encore les deux personnalités.
Au-delà de la couche infantile, les femmes en situation de maternité peuvent aussi se frotter les mains. Non pour les vaccinations de routine, mais pour celle relative à la Covid-19.
Ce pari n’était pas aisé aux heures chaudes de la pandémie.
Ces inquiétudes désormais dissipées, la vaccination est ouverte à tous. Les femmes enceintes ne sont pas du reste. « La vaccination a évolué. Les femmes enceintes peuvent se faire vacciner. Lorsqu’on vaccine les femmes enceintes, le bénéfice qu’on tire est plus important que les risques auxquels on peut les exposer », argumente Benjamin Hounkpatin. « Au Bénin, nous avons déjà vacciné des femmes enceintes sans problème », assure-t-il.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, ne pas vacciner la gestante contre la Covid-19, c’est l’exposer à des risques. «Faut-il ne pas vacciner la femme enceinte et courir le risque de la faire avorter ? Les choses ont vite évolué. Très tôt, les fabricants de vaccin ont autorisé la vaccination des femmes enceintes et allaitantes. Avec le recul, nous nous sommes rendu compte qu’en vaccinant la femme enceinte, on arrive à la sauver de même que son bébé», renchérit Mamoudou Harouna Djingarey, représentant résident de l’Oms au Bénin.
Les craintes sont aussi dissipées au sujet des femmes allaitantes. « Les femmes allaitantes peuvent se faire vacciner. C’est bénéfique pour les mamans et les bébés, étant donné que les enfants sont déjà nés avec des anticorps », encourage-t-il.
Que dire des personnes déjà victimes une fois de la maladie à coronavirus ? Les instances internationales de la santé se sont également penchées sur le cas.
Selon le ministre de la Santé, une personne victime de la Covid-19 une fois doit se faire vacciner. «L’immunité qui est donnée par la maladie est potentialisée par le vaccin. La question aujourd’hui est de savoir la dose nécessaire qu’il convient de lui administrer. Le dosage des anticorps permet d’ajuster la dose du vaccin. La durée de l’immunité est un autre aspect qui permettra d’adapter la réponse dans le futur », développe-t-il.
Djanabou Mahondé, représentante résidente de l’Unicef au Bénin, partage cet avis et indique que la vaccination doit être un élan collectif, dans la mesure où elle reste le principal moyen de pouvoir maîtriser les risques de la crise sanitaire mondiale. « Aussi longtemps que nous n’allons pas arriver à être vaccinés, nous n’allons pas surmonter cette pandémie », souligne-t-elle pour rallier les plus sceptiques à la cause.
Jeunes, adultes, femmes enceintes ou allaitantes, toutes les catégories sociales sont désormais fixées sur la vaccination anti-Covid-19 et mieux encore sur l’importance des doses vaccinales routinières pour sauver les tout petits des séquelles graves de certaines maladies.