Avec le remaniement ministériel du mardi 25 mai 2021, il y a une nouvelle donne. Abdoulaye Bio Tchané est devenu Ministre d’Etat, chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale. Le numéro 2 du Gouvernement a vu sa fonction renforcée avec la charge de coordonner désormais l’action gouvernementale. Ceci dans un environnement de concurrence entre Up et Br auquel s’ajoutent maintenant un Prd, et un certain Jean-Michel Abimbola.
On savait la concurrence permanente entre l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br). Numéro 2 du Gouvernement, Abdoulaye Bio Tchané avait le titre de Ministre d’Etat, chargé du Plan et du Développement. C’était peut-être fait à dessein pour éviter que le Secrétaire général national du Br ne se prévale d’une certaine primauté sur les ministres Up du gouvernement. Chose que le chef de l’Etat vient de changer, à la faveur du dernier remaniement. Dès lors, pour Abdoulaye Bio Tchané, coordonner l’action du gouvernement revient à être en quelque sorte le chef d’orchestre, celui dont la décision a valeur d’injonction pour les autres ministres, qu’ils soient Up, Prd et même un ancien Br, désormais sorti des rangs, comme Jean-Michel Abimbola. Quand on sait que l’Up est la première force politique du Bénin, que ses ministres au gouvernement acceptent des injonctions du Secrétaire général national du Br, la 2e force politique, ne sera pas chose aisée. Il en est de même pour le ministre Prd, qui doit rendre compte à son parti, et surtout pour Jean-Michel Abimbola. D’un autre côté, en cas de conflit entre ministre Br et Up, Br et Prd, de quel côté penchera Abdoulaye Bio Tchané, sans être taxé de prendre parti ? Pire, comment garantir son impartialité sur les dossiers du ministre Jean-Michel Abimbola avec qui on connaît la qualité des relations? Qu’il vous souvienne que Jean-Michel Abimbola a démissionné du Br en protestation à la sanction à lui infligée, après son supposé rôle dans la destitution du maire Br d’Adja-Ouèrè. On avait pensé que la démission de Jean-Michel Abimbola du Br pouvait lui coûter son poste ministériel. Mais il n’en est rien. Patrice Talon a plutôt renouvelé sa confiance à son ministre de la Culture, du tourisme et des arts. Dans ces conditions, entre le ministre démissionnaire et son ancien chef de parti, ce n’est plus la bonne entente. A y voir de près, la coordination de l’action gouvernementale ne sera pas une tâche aisée pour le ministre d’Etat, Secrétaire général national du Br. Il y en a qui pensent déjà que c’est un cadeau empoisonné, une peau de banane qui est subtilement glissée sous les pieds de Abt. Va-t-il s’en sortir ?