Nous mangeons, puis nous mourrons lentement. Ce n’est pas trop dire que de voir ainsi le drame qui se joue en face de nous et auquel, producteurs, consommateurs et décideurs sont tous exposés, à divers degrés. Les espagnols ont l’habitude de dire « comer para vivir », c’est-à-dire « manger pour vivre ». Mais si nous ne prenons garde, le contraire pourrait prendre le pas. Il suffit de plonger quelques minutes dans des articles scientifiques de chercheurs béninois pour ressortir la gorge serrée et le ventre aux aguets. L’alignement des expressions comme : présence de salmonella sp, Eichenchia col. Streptococcus, des toxines, etc. inquiète. La trouille devient plus vivace quand il s’agit de résidus de pesticides, de traces de métaux lourds, avec comme conclusion fréquente « risque élevé de pathologie ». Tout porte à croire que la présence de ces contaminants chimiques et biologiques dans les aliments n’inquiète pas vraiment, peut-être par pure ignorance.
Pourtant la réalité est là. 600 millions de personnes tombent malades chaque année après avoir consommé des aliments contaminés et 420 000 en meurent. Il n’est pas question d’apprendre à vivre avec des produits prohibés. Il faut les éliminer tout au long de la chaîne, surtout à la source. Là-dessus, l’Etat essaie d’œuvrer pour la surveillance et le contrôle des contaminants dans les aliments et d’évaluer la qualité des produits agroalimentaires en vue de leur mise sur le marché. Cependant, il n’y a pas que les produits qui entrent dans le commerce qui méritent une attention. Il le faut surtout pour les produits vendus au niveau des marchés, aux abords de rue, dans nos maquis, voire dans nos hôtels. On le sait, c’est une tâche complexe quand on sait qu’une grande partie des aliments qui nous sont vendus sont produits à domicile. Il y a lieu de renforcer le contrôle dans les unités de transformation agroalimentaires, avec un peu plus de ressources pour rendre fréquents et inopinés les contrôles.
Dans tous les cas, il est temps qu’on cesse d’ingurgiter du poison lent. Le respect des règles d’hygiènes et de production doit être de mise. C’est peut-être le moment pour cette société civile qui tente de porter la voix de la masse de changer de fusil d’épaule. En tous cas, la vie devient chère au marché. Ce n’est pas une raison de la stopper avec le peu qu’on a à s’offrir.