Le Bénin fait l’option du reboisement dans le cadre de sa politique contre le réchauffement climatique. Dans les départements de l’Atacora et de la Donga, l’initiative est matérialisée par diverses activités des organisations de la société civile et des groupements ou associations sous la conduite de l’Inspection forestière des deux départements. Quelques embûches étouffent les efforts, malgré les résultats bien visibles.
Les embûches à l’opération de reboisement dans les départements de l’Atacora et de la Donga selon les responsables de l’Inspection forestière sont multiples. Entre autres, le faible engagement des collectivités locales à accompagner les activités de reboisement matérialisé par l’inexistence de fonds dédiés à l’activité, la disponibilité de terre limitée, les changements climatiques, l’insuffisance de collaboration entre les agents forestiers et les Organisations non gouvernementales (Ong), l’insuffisance des mesures d’accompagnement des activités de reboisement. À la liste s’ajoutent l’insécurité foncière et des conflits domaniaux, la limitation des actions de reboisement à grande échelle, la faible internalisation des enjeux et principes de reboisement qui se vit par le faible engouement des acteurs pour les actions de reboisement, les difficultés d’approvisionnement des acteurs en semences certifiées à savoir anacarde, mangue, espèces forestières, etc., l’insuffisance des moyens humains, matériels et financiers, la destruction des cages, les feux tardifs de végétation, la destruction des plantations par installation des champs…
Ces différentes difficultés qui entravent les activités de reboisement impactent le taux de croissance des plants. Le taux moyen de survie des plants au niveau de l’Atacora est de
41,73 %, dû notamment à la divagation des animaux, les feux de végétation, l’incivisme et le climat. 4?248?015 plants ont été produits, 3?205?297 plants sont mis en terre sur une superficie de 303,5 ha de 28?933 mètres linéaires en 2020, selon le capitaine Josly Koulodji, chef service Reboisement et Aménagement des forêts à l’inspection forestière de l’Atacora. Dans le département de la Donga, l’Inspection forestière fait un bilan positif avec pour effort l’occupation de 761?186,04 ha de superficie de terre en 2020. Elle note que les actions de reboisement et de conservation du sol dans ce département ont permis un net accroissement des plantations forestières et fruitières, une conservation des forêts-galeries et des forêts marécageuses qui représentent des formations naturelles. « Cependant, on note une conversion des forêts denses et des savanes en cultures et habitations », affirme-t-elle, signalant un constat positif en matière de conservation et de restauration des écosystèmes.
Les élus locaux sollicités
Déplorant les difficultés, l’Inspection forestière recommande un accompagnement des autorités locales à divers niveaux dans les activités de sensibilisation, le renforcement des capacités des acteurs sur le plan technique, l’amélioration des budgets destinés aux activités de reboisement. Elle prévoit, pour cette année 2021, une forte production de plants Albizia, Khaya, Leucena et Afzelia dont va s’occuper une organisation non gouvernementale locale. L’année 2021 sera également marquée par divers projets de reboisement, le développement de plantations d’anacarde et de bois de feu. L’Inspection forestière veut initier des rencontres avec les maires pour préciser les responsabilités dans le verdissement de leur Plan de développement communal, les jardins publics et l’entretien des plants mis en terre sur leurs territoires, la création des plantations communales d’au moins 100 ha/communes. Les forestiers prévoient un crédit Fadec reboisement pour accompagner les mairies, inciter davantage les populations à la mise à disposition des domaines pour les actions de reboisement des espèces telles que le karité, le néré, etc., créer une plateforme nationale de capitalisation des données de reboisement connue de tous les acteurs. Mais ces efforts sont compromis par les actes d’incivisme dans ces départements. Il revient en effet aux communes de redéfinir un plan d’action dans le suivi des plants mis en terre sur leurs territoires respectifs. C’est à ce prix que le Bénin peut espérer réduire les effets pervers des changements climatiques.