Barrages, routes, chemins de fer... Depuis dix ans, Pékin multiplie les contrats en Afrique, sur le modèle controversé "matières premières contre infrastructures". Mais d'autres puissances émergentes préparent leur offensive.
Lancée depuis près d'une décennie, l'offensive chinoise dans le BTP africain ne faiblit pas. Que ce soit dans la construction d'infrastructures énergétiques (gazoducs, raffineries, barrages) ou de transport (routes, chemins de fer, ports et aéroports), les entreprises de l'empire du Milieu sont devenues incontournables.
Selon la Banque mondiale, elles détenaient près de 40 % de part de marché d'un secteur estimé à près de 20 milliards d'euros en 2009 (dernier chiffre disponible). Au total, Pékin fait état de près de 500 projets sur lesquels se positionnent les groupes chinois en Afrique.
Sinohydro Corporation (14,5 milliards d'euros d'actifs), de loin le plus dynamique, est en pole position pour les chantiers hydrauliques. Au Cameroun, où il est déjà maître d'ouvrage du barrage de Lom Pangar, le groupe vient de se voir attribuer la construction de celui de Memve'ele, qui devrait représenter un investissement de 556 millions d'euros. Ailleurs sur le continent figurent notamment à son actif le barrage de Grand Poubara (Gabon, 300 millions d'euros), en cours de construction, et celui de Félou, près de Kayes (Mali, 183 millions d'euros).
Dans le domaine des transports et des bâtiments publics, le leadership revient à China Railway Construction Corporation (CRCC), qui a conclu, en début d'année, deux méga contrats d'un montant total de plus de 1 milliard d'euros. Le premier concerne la construction d'une voie ferrée de 14,8 km à Lagos, pour près de 700 millions d'euros. Le second, la ligne de chemin de fer entre Djibouti et la frontière éthiopienne, devrait coûter près de 400 millions d'euros. Avant ces deux projets, CRCC a construit une ligne ferroviaire de 1 344 km de long au Tchad, pour 5 milliards d'euros.
Bras financier
La force de ces groupes, qui ont relégué au second plan les opérateurs traditionnels que sont notamment les français Bouygues et Vinci, " vient de leur savoir-faire avéré dans les grands travaux et de leur forte capacité d'intervention ", explique le patron d'un cabinet d'ingénierie à Malabo. Mais surtout, ces entreprises bénéficient de l'appui de la China Exim Bank, le bras financier de la politique internationale de Pékin. Avec une enveloppe de plus de 9,5 milliards d'euros déjà débloquée en faveur des projets d'infrastructures en Afrique, cet établissement public est devenu un véritable concurrent de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) en Afrique.