La crise sanitaire liée au coronavirus se mue profondément en une crise économique à prendre au sérieux. Pour le Bénin, les incertitudes notées dans les perspectives économiques et financières sur la période 2022-2024 en disent long.
Vigilance, malgré la résilience. Si 2020 a été une mauvaise surprise avec un taux de croissance de 3,8% contre une prévision de 7,6%, il y a de quoi garder les yeux grand ouverts les prochaines années. Pas question pour la troisième meilleure performance d’Afrique Subsaharienne d’être trop optimiste. Le Bénin devra veiller surtout aux chocs. En effet, selon les perspectives économiques et financières, les prévisions tablent pour 2022 sur un taux de croissance de 7,0%, sous conditions. « Il y a le scénario de référence qui postule que l’économie va retrouver sa tendance d’avant la Covid. Dans ce cas, en 2022, le taux de croissance sera de 7% », a déclaré sur Canal 3, He Gérard Gbénonchi, Président de la Commission des finances à l’Assemblée Nationale.
Le scénario optimiste va encore plus loin. Avec une forte atténuation de la situation sanitaire dès 2021 et une évolution favorable des autres risques qui pèsent sur l’économie, dont des conditions climatiques, il sera possible de garder espoir. « Le taux de croissance s’afficherait à 7,6% en 2021 et atteindrait 9,5% en 2024 ».
Attention aux perturbateurs !
Cependant, la covid-19 n’a pas fini de montrer ses multiples visages. Les taux de croissance deviennent tributaires des nombreuses variantes et de leurs capacités de virulence. La surprise pourrait découler des conditions financières peu avantageuses et peu propices que la pandémie pourrait insuffler. « Dans ce scénario, le taux de croissance de l’économie devrait s’afficher à 4,5% en 2022 contre 4,2% en 2021 et atteindrait 5,0% à l’horizon 2024 », note-t-on dans le document sur les perspectives économiques et financières sur la période 2022-2024.
Quand on sait que, malgré les efforts pour l’accès aux vaccins, les variantes bousculent la reprise des activités économiques à l’international, il y a de quoi être encore plus vigilants. Cependant, il n’y a pas que la pandémie qui pèse dans la balance. Les relations économiques et commerciales avec le Nigéria, après deux ans de fermeture des frontières pourraient venir accentuer la relance ou non de l’économie. Les indicateurs macroéconomiques renseignent mieux sur la dépendance : « Une hausse de 1% du taux de croissance du Nigéria se traduisait par une augmentation du taux de croissance du Bénin de 0,14%. Au plan monétaire, une dépréciation du Naira de 10% provoquerait une baisse de la production de 0,7% et une baisse des recettes publiques de l’ordre de 3% ». Mais le plus surprenant de tous les perturbateurs, c’est le climat avec son lot de poche de sécheresse et de baisse de rendements agricoles. Les Gouvernants devront apprendre désormais à faire avec les humeurs de dame nature, et ses corollaires sur l’inflation.