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Cérémonie d’hommage à la Cour constitutionnelle: La pionnière Elisabeth Pognon célébrée

Publié le vendredi 9 juillet 2021  |  La Nation
Proclamation
© aCotonou.com par DA
Proclamation par la Cour constitutionnelle des résultats de l’élection présidentielle du 11 avril 2021
Cotonou le 15 avril 2021. La haute juridiction a déclaré le scrutin « régulier et transparent », le président sortant Patrice Talon est réélu pour un deuxième mandat selon les chiffres annoncés par le Président de la cour constitutionnelle, le Professeur Joseph DJOGBENOU
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Par Josué F. MEHOUENOU,

La Cour constitutionnelle honore ses pionniers. Elisabeth Pognon et les membres de la première mandature de l’institution étaient à l’honneur, ce mercredi 7 juillet. L’actuel président Joseph Djogbénou a décidé de les célébrer, notamment à travers un ouvrage qui retrace leurs œuvres et actes.


La fondation de la justice constitutionnelle au Bénin est l’œuvre de la première mandature de l’institution avec à sa tête, Elisabeth Pognon. Un des plus imposants bâtiments du siège rénové de la Cour porte désormais son nom, un peu comme pour lui reconnaître l’œuvre de pionnier abattu en son temps. Sauf que cet hommage «physique » est loin de contenter le président de la sixième mandature, Joseph Fifamin Djogbénou. Sa touche à lui, c’est l’hommage intellectuel et depuis mercredi 7 juillet dernier, c’est chose faite. La Cour constitutionnelle a honoré de fort belle manière Elisabeth Pognon en présence de parents et amis, de cadres et d’acteurs de la justice, mais aussi de l’intéressée et des membres encore vivants de sa mandature. Moments d’émotion, on le devine bien, mais aussi et surtout d’hommages. Les témoins de l’ère Pognon ont défilé au lutrin pour saluer le charisme et la grandeur intellectuelle « d’une dame au grand cœur ».
Bruno Amoussou, ancien président de l’Assemblée nationale, ouvre le bal. De son légendaire humour et fin connaisseur du milieu politique béninois, il rapporte des confessions d’éminentes personnalités sur l’importance d’une telle institution. En dépit des difficultés et craintes qui ont précédé la mise en place de la première mandature, il reconnaitra que « la Cour constitutionnelle est un élément de paix et de stabilité dans notre pays ». Pour ce qui est de la cérémonie, il ne cache pas sa satisfaction car pour lui, « il n’est pas courant chez nous de célébrer les gens de leur vivant ». D’ailleurs, on ne reconnait pas les valeurs et les mérites par ici, s’est-il désolé. Abraham Zinzindohoué, ancien président de la Cour suprême, a eu de bons rapports avec la mandature Pognon. Autant la guerre des institutions n’a pas eu lieu, autant Elisabeth Pognon et les six autres sages ont su jouer leur rôle « d’arbitre qui pouvait garantir et assurer la liberté d’exercer la fonction présidentielle ».

Témoignages et émotions

Plus poignant sera le témoignage de la magistrate Bernadette Codjovi, ancienne chef service des Etudes juridiques de la Cour constitutionnelle. Proche collaboratrice de l’ancienne présidente, elle livrera des anecdotes croustillantes des plénières de l’époque, mais surtout les qualités exceptionnelles et humaines de dame Elisabeth Pognon dont elle dévoilera bien des actes qui sont restés dans la mémoire collective. Serge Pognon, fils de l’heureuse du jour, va lui, dévoiler le côté jardin de sa mère. Aucune différence entre l’avant, le pendant et l’après Cour constitutionnelle, dévoile-t-il. « Elle a toujours eu le chic de laisser sa robe de magistrat et de présidente de la Cour au vestiaire avant de rentrer à la maison… Nous menions une vie normale et banale où les décisions de la Cour ne sont jamais au menu ». Des témoignages, il y en aura encore, notamment ceux de Ibrahim Salami qui apprécie bien cet hommage « intellectuel » à la Cour constitutionnelle première mandature qui lui avait donné envie de faire la recherche sur la justice constitutionnelle.
« Votre présence ici est une leçon d’attitude, d’aptitude, de vie… », reconnait d’entrée,
Joseph Djogbénou. Cette cérémonie enseigne des notions de dépassement entre la Cour et le jardin, indique-t-il. Critiquée et traitée de tous les noms d’oiseaux, la première mandature mérite bien d’être célébrée car elle a su « en marée haute et forte rester forte pour assurer les missions constitutionnelles», apprécie-t-il. Cette cérémonie revêt davantage son sens, parce qu’elle se tient au jour anniversaire de naissance d’Elisabeth Pognon. La nouvelle génération doit s’inspirer de la conduite et de l’action, de l’exemple de travail, d’humilité et de sagesse de la première Cour constitutionnelle, souhaite l’actuel président de la Cour constitutionnelle.
Mais la vraie date de naissance devrait être plutôt le 8 juillet s’il n’y avait pas eu une erreur de la sage-femme accoucheuse. Qu’importe, le chiffre 7 en a été pour beaucoup dans sa vie, confie Elisabeth Pognon, après avoir reçu les Etudes. Ses propos seront partagés entre reconnaissances, anecdotes et remerciements. « Leurs actes les suivent… Nous avons eu le courage de poser des actes, et il faut que cela se poursuive et en bien », exhortera Elisabeth Pognon. « C’est heureux que cet hommage se fasse de notre vivant », conclut-elle?


Quid des Etudes ?

Les Etudes à la première mandature de la Cour constitutionnelle ont été remises à plusieurs personnalités ce mercredi 7 juillet à Cotonou. C’est un ouvrage de 526 pages intitulé « Les fondations de la justice constitutionnelle ». On y lit entre autres, l’avant-propos de Joseph Djogbénou et l’introduction générale de Ibrahim Salami. Suivent les deux grandes parties de l’ouvrage. Une première partie doctrinale et une seconde jurisprudentielle.
La première partie est un rassemblement de documents devenus rares et qu’il a semblé utile de retrouver et d’immortaliser comme les photos de l’ensemble de la mandature, un tableau de présentation de chacun des sept membres, leur décret de nomination, le procès-verbal de prestation de serment, les proclamations des résultats des premier et second tours de la présidentielle de mars 1996, le communiqué de la Cour constitutionnelle au sujet des pressions exercées sur l’institution par le président de la République à l’époque… « La partie doctrinale est bâtie sur le cheminement classique du fonctionnement de la Cour », indiquera Gilles Badet, secrétaire général de la Cour dans sa présentation de l’ouvrage. Elle porte sur des réflexions relatives à la question de l’inamovibilité des juges du siège, l’ethnographie du contentieux de l’élection présidentielle, le rôle des Tic en matière électorale en Afrique, le regard sur les fondations de la justice constitutionnelle béninoise… « La partie jurisprudentielle est le fruit du commentaire des décisions les plus frappantes de la mandature, la première, sur la garde à vue, le contrôle de constitutionnalité des actes administratifs, les décisions de justice sans oublier l’importance des décisions portant sur la création de la Commission électorale nationale autonome », appuie Gilles Badet. Une vingtaine de contributeurs dont le président Joseph Djogbénou ont prêté leurs plume et inspiration à l’exercice qui s’étendra sous peu aux autres mandatures de l’institution.
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