« Il convient de limiter les mandats (…) J’ai en tout cas l’obligation de ne pas donner de leçons. Je suis honoré de défendre sur la terre béninoise cette vertu qu’on attend d’un gouvernant de ne pas se prendre pour Dieu tout-puissant, l’éternel, et d’avoir l’humilité de comprendre qu’un autre peut toujours mieux faire ». Ainsi, s’exprimait Patrice Talon, samedi 10 juillet 2021, devant des Ong africaines qui se battent contre les 3e mandat en Afrique. Des propos rapportés par le média en ligne lameteo.info.
Promettant de se limiter à son second et dernier mandat, le chef de l’Etat, sans prétendre donner de leçons, invite ses pairs à ne pas se prendre pour Dieu tout-puissant. Ce qui intéresse dans les propos du chef de l’Etat, ce n’est pas la promesse de s’en tenir à son second et dernier mandat constitutionnel. 2026 est encore loin. Et quand on prend en compte ce qu’est devenue la promesse d’un seul et unique mandat, les Béninois sont sceptiques. Ils jugeront le chef de l’Etat à l’acte, au moment opportun. Mais pour ce qui est de ne pas se prendre pour Dieu tout-puissant, on a plutôt l’impression que c’est le contraire qui a été observé dans la gouvernance de la Rupture depuis 2016. On peut se tromper. Mais sur combien de décisions jugées politiquement crisogènes le chef de l’Etat est-il revenu tout au long de son premier quinquennat et même à l’orée du second ? Des expressions comme : « même si la tisane est amère nous allons la boire …. Je peux nommer un partisan politique incompétent à la tête du port. Vous allez en souffrir mais vous ne pourrez rien faire…. » ne témoignent-elles pas d’un jusqu’auboutisme, un refus d’écoute, quand bien même les signaux étaient au rouge ? N’est-ce pas une façon de se prendre pour Dieu tout-puissant quand des organisations de droit de l’homme, des sommités comme Wole Soyinka, Paulin Hountondji, …. ont signé une pétition pour des élections législatives inclusives sans obtenir gain de cause ? Doit-on rappeler que dans ce pays le chef de l’Etat n’a pas cédé à un projet de dialogue que conduisait la Conférence épiscopale ? Quid de la vague d’arrestations d’opposants au régime parmi lesquels des candidats recalés, des personnalités comme Joël Aïvo, Reckya Madougou, Alexandre Hountondji… et de leur maintien en détention depuis des mois dans des conditions jugées ‘’indignes’’ par leurs avocats, quand bien même ceux-ci dénoncent qu’il n’y a aucun élément probant dans leurs dossiers d’accusation…
Ce sont tous ces faits mis ensemble qui font douter de la sincérité du message que le chef de l’Etat a voulu passer. Mais le plus important étant qu’il décide désormais de s’inscrire dans la posture du chef de l’Etat qui n’est pas Dieu tout-puissant et qui peut se tromper. Dès lors, on pourrait espérer voir un autre Patrice Talon durant ce second et dernier mandat.
M.M