Alors que l'Union européenne et l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique se rapprochent de la ratification d' un nouvel accord de partenariat, des groupes de la société civile de ces régions s'organisent pour s'assurer de leur intégration dans toutes les structures qui émergeront de l'accord.
Achevé en avril par les négociateurs, le nouvel accord succède à l'Accord de Cotonou de 2000 qui visait à éradiquer la pauvreté et à intégrer les États ACP dans l'économie mondiale. Le nouveau traité a une portée beaucoup plus large. Il se fonde sur 6 domaines prioritaires essentiels pour relever les principaux défis dans les domaines suivants : droits de l'homme, démocratie et gouvernance ; paix et sécurité ; développement humain et social ; durabilité environnementale et changement climatique ; croissance économique et développement durables et inclusifs ; migration et mobilité. Avec ce nouveau chapitre, la coopération devrait être plus politique et orientée vers la réalisation de plus grandes ambitions aux niveaux local, régional et international.
Le nouvel accord « prévoit également un rôle actif pour la société civile », a déclaré Sandra Bartelt, membre du cabinet de la commissaire européenne Jutta Urpilainen, lors d'une discussion sur les relations entre les décideurs politiques et la société civile dans le cadre de l'accord post-Cotonou. L'un des nouveaux points clés pour la société civile était les dialogues de partenariat réguliers nécessaires pour définir les priorités et les actions potentielles. Domenico Rosa, responsable de la commission, a indiqué que les points clés sont « beaucoup plus complets » que ceux de l'Accord de Cotonou, et incluent explicitement la société civile et le secteur privé.
La société civile est également incluse dans la formation et la mise en œuvre des protocoles régionaux - qui, selon Joyce Naar, du Forum de la société civile ACP, « offrent une opportunité pour des interventions plus ciblées de la société civile, mais menacent également de diviser la solidarité mondiale ». Les Etats membres crient au scandale, alors que la Commission européenne affirme qu’elle seule devrait signer un accord de partenariat de grande envergure. Encore que le nouvel accord doit être approuvé, signé et ratifié par les parties. Mais la Slovénie, qui vient de prendre la présidence du Conseil de l'UE, a promis de s'efforcer d'achever le processus avant les six mois du terme de son mandat. Ce qui met la pression sur les groupes de la société civile pour qu'ils « se taillent » leur nouveau rôle. Déjà, en 2016, les organisations de la société civile (OSC) ont été reconnues comme « des acteurs légitimes en matière de coopération », jouant un rôle essentiel dans les relations ACP-UE. Leur participation dans le cadre de l’Accord de partenariat de Cotonou constitue donc un acquis qui doit être maintenu et renforcé.
Le partenariat ACP-UE est l’un des cadres de coopération, les plus anciens et les plus complets entre l’UE et les pays partenaires. Il unit plus de 1,5 milliard de personnes réparties sur quatre continents. Plus précisément, ce partenariat relie l’UE et 79 pays ACP. C’est une collaboration vaste, qui repose sur les valeurs et les ambitions qui rapprochent l’UE et les pays ACP. Mais le monde a considérablement changé depuis l’adoption de l’Accord de Cotonou. Il en va de même pour l’UE et ses partenaires. Cela implique de redéfinir les objectifs tout en fixant de nouvelles ambitions pour répondre aux nouveaux besoins et défis. Entre-temps, le groupe des Etats ACP est devenu une organisation internationale, l’OEACP, en 2020.