Depuis l’annonce du décès, dimanche, de l’ancienne première Dame, ancienne députée et ancienne présidente de l’Ong “Vidolé”, Rosine Vieyra, c’est une avalanche de réactions qui s’en est suivie. Des messages de compassion, des témoignages pour rendre hommage à la “brave dame”, à la “dame de fer” voire la “femme d’exception” que l’illustre disparue a été; ça, le monde entier en a lu et entendu dans la presse traditionnelle et les médias sociaux. Et que ça soit de la bouche ou de la plume de la dame de Dantokpa, de l’usager de la route ou de personnalités aussi bien politiques que civiles, y compris des anciens dissidents du parti La Renaissance du Bénin qu’elle a présidée des mains de maître et même ceux qui l’avaient combattue quand elle avait encore le souffle de vie, ils ont souhaité “vivement que le Bénin ait d’autres Rosine Vieyra”. Effectivement, dans un contexte où l’on travaille à avoir une présence remarquable des femmes dans les insistances de prise de décisions notamment dans l’arène politique, ce voeu formulé vaut bien. Cependant, ce que tout le monde n’a pas dit est que Rosine Vieyra ne s’est pas bâtie du jour au lendemain. C’est un parcours, sinon un long parcours. Et ce, à travers de régimes successifs. En effet, si “maman” s’est faite un nom, n’est-ce pas parce que quelque part aussi l’environnement, surtout politique, le lui a permis? Si dans ses activités sociales, politiques, ses critiques, ses frasques et ses écarts de langage parfois à l’endroit de chef d’Etat au pouvoir, Rosine Soglo avait été très tôt étouffée dans l’oeuf, terrorisée, embastillée, humiliée, aurait-elle cette envergure qui lui est reconnue aujourd’hui? Sept législatures a son tableau; c’est-à-dire près de trente ans de pratique parlementaire. Pouvait-elle avoir cette étoffe de députée hors-pair, doyenne d’âge, de “femme politique qui sait encaisser de coups et sait en donner également “ si son parti, la RB avait été régulièrement exclue des compétitions électorales successives? Rosine Soglo pourrait-elle siéger et défendre avec verve des dossiers si entre temps elle avait été empêchée de s’imposer dans la seizième circonscription électorale où avec des noms comme Candide Azannaï, Abraham Zinzindohoué…, elle arrivait toujours à raffler les cinq sièges ou tout au moins quatre? Souhaiter qu’il y ait des amazones politiques comme “mémé Rosine Vieyra Soglo”, c’est ne pas occulter l’aspect contexte ou environnement politique à favoriser pour véritablement laisser les Rosine Soglo en herbe, éclore leur savoir-faire. Sinon, le renforcement des pouvoirs de l’Inf (Institut nationale de la femme) seul, n’aura pas suffi. C’est cela, le gris-gris.