Pour une frange importante de l’opinion publique, le métier d’avocat rime avec le mensonge. Une conception qui finit par gagner certains avocats. Pour Joseph Djogbénou, président de la Cour constitutionnelle, il s’agit d’une conception erronée, d’un ressenti inapproprié. L’avocat, selon lui, contribue à la manifestation de la vérité.
« Les avocats sont des contributeurs de la vérité », c’est ce que dit le président de la Cour constitutionnelle, de la perception de l’opinion et du ressenti des avocats eux-mêmes à propos de l’idée que les avocats sont faux parce qu’ils disent faux et parlent faux et qu’il n’y a évidemment jamais de vérité d’un avocat. Le président de la Cour constitutionnelle a attiré l’attention de ses jeunes confrères sur le sujet lors de l’ouverture de la 20e session de formation continue du Centre international de formation en Afrique des avocats francophones. Il s’agit selon Joseph Djogbénou, d’une perception largement et universellement partagée par les opinions. « Je vois beaucoup d’étudiants m’interpeler, je vois beaucoup de parents considérer que c’est un désespoir qu’un enfant choisisse la profession d’avocat. Je vois beaucoup d’hommes et de femmes, de niveau élevé, considérer qu’un avocat est un menteur», se désole Joseph Djogbénou. Il poursuit : « Et il arrive que nous-mêmes, nous pensons que nous sommes avocats pour le faux ! Cela est tout à fait faux de penser que les avocats sont une usine de production de faux. Et le savoir, me semble-t-il, est le premier outil de renforcement de la capacité des avocats. Ne pas oublier surtout qu’ils sont, au contraire, des contributeurs de la vérité parce que la justice est le sillon vers la vérité. Et la vérité est l’horizon de la justice », va déduire le président de la Cour constitutionnelle très attaché à la profession qui fut la sienne et qui lui colle à la peau. Contributeurs de la vérité, les avocats sont appelés à se mettre continuellement à jour car, poursuit Joseph Djogbénou, « … Ne contribue pas à la vérité, qui n’est pas cultivé, qui n’est pas formé, qui n’est pas humble, qui est indifférent ». Il ajoute que toute vérité est relative et c’est dans cette relativité que l’on a l’impression que ce qui est vrai d’un côté peut paraître faux de l’autre. « La vérité, ce n’est pas un seul chemin. Nul n’a la vérité, nous sommes tous en chemin vers la vérité… Autour du magistrat, qui est le dépositaire de la synthèse des solutions possibles, solutions desquelles émergera celle qui est plus proche de la vérité, nous avocats, sommes des frères, frères autour de la vérité. Et cette fraternité est le socle de la profession d’avocat », soutient le président de la Cour constitutionnelle. Selon lui, il faut se résoudre à considérer que vous les avocats sont contributeurs de la vérité ; et de ce point de vue, les avocats partagent cette mission avec d’autres professions libérales, notamment les journalistes.