Document élaboré par des acteurs de l’éducation du Bénin avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) notamment l’UNESCO, la Politique Nationale Enseignante (PNE) apparaît comme le bréviaire de la profession enseignante. Pensé pour recruter et gérer la carrière des enseignants, ce document peine à être disponible. Votre journal Educ’Action allume les projecteurs sur la PNE avec, en toile de fond, un aperçu sur le contenu du document et les raisons qui entravent sa mise à disposition.
Lancer un processus participatif, inclusif et représentatif de tous les sous-secteurs techniques, toutes les instances de décisions législatives, politiques administratives et financières y compris les organisations syndicales et les PTF procéder à des analyses structurées et différenciées des diverses questions brûlantes ou défis à relever ; organiser des consultations nationales et régionales décentralisées et déconcentrées avec toutes les parties prenantes ; concevoir, rédiger, produire des documents en optimisant les travaux réalisés sur certains aspects de Professionnalisation, la motivation des enseignants, gestion de la fonction enseignante. Ce sont les objectifs poursuivis par l’équipe nationale composée des autorités en charge de l’éducation, des deux (2) consultants, l’un national et l’autre international lors du processus d’élaboration de la PNE. Avec l’appui technique et financier de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) à travers la Commission Nationale Béninoise pour l’UNESCO (CNBU), ce document stratégique a été réfléchi pour les enseignants. D’où est donc venue l’idée de l’élaboration d’un document sur la condition enseignante ?
Maoudi Johnson
Du contexte d’élaboration de la PNE
En respect aux exigences du point 4 de l’Objectif de Développement Durable (ODD), précisément la cible 4, les pays les moins avancés et les petits États Insulaires en développement doivent accroître considérablement le nombre d’enseignants qualifiés, notamment au moyen de la coopération internationale pour leur formation d’ici à 2030. Le Bénin, à travers son Plan Sectoriel de l’Éducation (PSE) 2018-2030, répond à cette prescription d’élaboration de sa PNE, conformément au guide méthodologique mis en place par l’équipe spéciale de l’UNESCO. Car, selon les acteurs de l’éducation, l’état des lieux de la question enseignante au Bénin montre qu’il n’existe pas encore une politique relative à la question enseignante de manière factuelle, holistique, participative et dans une perspective de soutenabilité financière sur le long terme. En raison des défis actuels auxquels le Bénin est confronté en matière de scolarisation, d’efficacité interne et de qualité des apprentissages, il a fait l’option d’aller vers la PNE. « La PNE est une initiative de l’UNESCO qui s’est fondée sur le diagnostic qui a été fait dans les années 2000 pour constater les contre-performances des systèmes éducatifs et également les ratés dans les formations des enseignants. Sur cette base, l’UNESCO a réfléchi et a suggéré à l’ensemble de ces pays membres de mettre en place une PNE qui prend en compte, l’ensemble des problèmes liés à la profession de l’enseignant, à leur formation continue comme initiale », a laissé entendre Maxime Okounde, membre de l’équipe technique ayant travaillé sur la PNE avant de poursuivre qu’il y a des zones de fortes concentrations d’enseignants au moment où il y a un manque d’enseignants de qualité dans les zones rurales et à l’intérieur. « Il faut comprendre qu’avant d’en arriver à la PNE, nous avons commencé à faire le diagnostic de la question enseignante. Cela s’est fait sous l’égide à la fois du Bénin et de l’UNESCO qui a été le partenaire principal. Ensuite, il fallait faire ce qu’on appelle la PNE pour répondre aux préoccupations qu’on a identifiées après le diagnostic »,
fait savoir Maoudi Johnson, consultant national sur la PNE revenant aussi sur les raisons de la préparation d’un tel document. Un document stratégique est structuré suivant un contenu bien défini.
Du contenu de la PNE au processus d’élaboration…
Professionnalisation, motivation des enseignants, gestion de la fonction enseignante. Ce sont les trois (3) grands axes de la PNE selon le modèle logique de l’UNESCO. « Ces trois (3) grands axes sont tirés des trois (3) grands chapeaux dans les sont logées, un certain nombre de situations qui ont été traitées et des solutions ont été proposées pour que le Bénin puisse prendre des décisions à ce niveau », explique Maxime Okoundé, également professeur certifié des SVT. Dans le premier axe qu’est la professionnalisation du métier d’enseignant, le diagnostic a été fait sur la profession des enseignants où il ne faut pas devenir simplement enseignant, mais il faut être un professionnel. « Le second axe concerne ce que nous appelons la motivation des enseignants. Il concerne tout ce qui est lié à la rémunération, au système de motivation mis en place, les primes, les statuts particuliers, ce qui est prévu pour faire en sorte qu’il y ait moins de remous, moins de revendications, moins de perturbations des années scolaires et/ou universitaires pour que les apprenants et les étudiants puissent recevoir l’essentiel des enseignements qu’ils doivent recevoir dans ce cadre », a développé Maxime Okoundé avant d’ajouter que les accessoires de salaire constituent des éléments de motivation de l’enseignant. « La PNE, c’est ce document qui vient montrer un peu comment il faut attirer, comment il faut recruter et comment il faut gérer la carrière des enseignants afin qu’ils puissent être ceux qui donnent beaucoup de leur temps, de leur savoir et d’eux-mêmes au pays et en même temps doivent jouir des fruits de ce travail », résume Maoudi Johnson, planificateur de l’éducation. Ce document embrasse plusieurs sous-chapitres. L’axe 1 prend en compte les normes d’exercice de la fonction enseignante, la formation initiale et continue des enseignants et leur autonomisation. En ce qui concerne l’axe 2, il est question de la gratification et de la rémunération des enseignants, leurs conditions d’emploi et de travail, la structure et le parcours de carrière. Le recrutement et la rétention ; le déploiement des enseignants ; la redevabilité des enseignants ; la gouvernance scolaire et universitaire et des structures non formelles relèvent de l’axe 3. « Nous avons estimé qu’en regardant le pays géographiquement, il y a des endroits où les enseignants doivent être plus motivés soit dans les zones d’accès difficile, les zones déshéritées ou les zones qui n’ont pas les commodités comme l’électricité, le téléphone», explique Maxime Okoundé, attirant ainsi l’attention sur l’importance accordée aux enseignants en service dans les zones déshéritées. A la lumière du contenu de ce document, la PNE viendrait redorer le blason du système éducatif à travers la fonction enseignante et contribuerait, par ricochet à une meilleure qualité de l’offre éducative.
Enseignant en situation de classe
Mais bien avant que la PNE ne soit un document prêt à mettre en œuvre, des étapes ont été franchies. « Le Bénin a démarré son processus vers la fin de l’année 2017 et, tout au long des années 2018-2019, nous avons travaillé à élaborer le document portant sur la Politique Nationale Enseignante. Il faut dire que c’est une équipe technique pluridisciplinaire qui a été mise en place pour faire le travail », a affirmé Maxime Okounde, représentant du point focal du ministère de l’enseignement secondaire. Aujourd’hui à l’étape de pré-validation, l’équipe commise à la tâche n’attend que les autorités compétentes pour la suite du processus. « L’évaluation financière est déjà faite et à ce niveau, il ne reste donc que la pré-validation pour qu’on passe au CNE et du CNE, atterrir au Conseil des ministres. Donc, voilà un peu, les étapes qui restent à franchir pour que le document soit adopté », renseigne le professeur certifié des SVT, Maxime Okoundé. Pour Maoudi Johnson, planificateur de l’éducation à la retraite, ce n’est qu’en 2018 que l’élaboration de la PNE a démarré pour répondre aux questions essentielles en vue d’installer un climat de confiance entre les différents partenaires. Ce document sur la PNE est visiblement mis aux oubliettes.
Quid de la mise de cette PNE ?
Au cœur de l’apprentissage, les enseignants et l’enseignement sont au centre de l’accès universel à une éducation de qualité et équitable. Selon les normes internationales, les organes d’experts et les analyses d’experts, et compte tenu de l’impact de leur qualité sur les performances du système, de leur poids dans le budget alloué à l’éducation, les enseignants jouent un rôle important dans le développement de la société. Du coup, la disponibilité de ce document sur la PNE est importante. Néanmoins, ce n’est pas le cas. « S’il n’y avait pas eu la Covid-19 en 2020, le document aurait été validé par les différents ministères, remis au gouvernement qui se chargera de sa mise en œuvre en planifiant les actions que nous avons recueillies », dira Maxime Okoundé pour imputer le tort de la non-disponibilité du document à l’avènement de la pandémie à Coronavirus. Si la Covid-19 semble retarder la mise à disposition du document, Maoudi Johnson, consultant national sur la PNE ne partage pas cet avis.
« Nous ne pouvons pas dire que ce document est disponible. En début 2019, nous avons déjà eu un draft essentiel. Mais compte tenu de certaines contraintes et peut-être la volonté de vouloir bien faire, nous n’avions pas encore eu ce document », confie-t-il au micro de Educ’Action. Aussi, ajoute-t-il, le document n’est pas produit et diffusé parce qu’il y a des éléments objectifs qui ont été complétés.
Les déviances sexuelles, l’alcoolisme, le tabagisme n’auront plus droit de cité dès la mise à disposition du document. « Dans ce document, nous avions prévu par exemple, la création d’une sorte observatoire d’éducation qui permettra de mettre un peu plus d’éthique et de moral dans l’éducation », a témoigné Maoudi Johnson, planificateur de l’éducation à la retraite pour attirer l’attention sur la nécessité de la mise à disposition de ce document.